REPONSE AU RAPPORT CLOYNE - France Catholique
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REPONSE AU RAPPORT CLOYNE

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CITE DU VATICAN, 3 SEP 2011 (VIS). Ce matin, Mgr Ettore Balestrero,
sous-secrétaire pour les rapports avec les États, a reçu Mme Helena Keleher,
chargée d’affaires de l’ambassade d’Irlande, afin de lui remettre la réponse
du Saint-Siège au gouvernement de Dublin sur le rapport de la Commission
d’enquête sur le diocèse de Cloyne. Voici un résumé de la réponse à M. Eamon Gilmore, vice-Premier ministre irlandais et ministre des Affaires étrangères et du Commerce. Le texte officiel complet, en anglais, est disponible sur :

http://press.catholica.va/news_services/bulletin/news/27974.php?index=27974&
lang=it

« Après la publication du rapport de la Commission d’enquête sur le diocèse
de Cloyne, lors d’un entretien le 14 Juillet 2011 avec le nonce apostolique
en Irlande, M. Eamon Gilmore, vice-Premier ministre d’Irlande et ministre des Affaires étrangères et du Commerce, a remis à Mgr Giuseppe Leanza une
requête du gouvernement irlandais au Saint-Siège sur le rapport Cloyne,
ainsi que les considérations de son cabinet sur ce document.

1. Observations générales sur le rapport Cloyne: Le Saint-Siège a examiné
attentivement ce document, qui présente de graves erreurs dans la façon de
traiter les accusations d’abus sexuels sur mineurs par le clergé diocésain.

En premier lieu, le Saint-Siège tient à souligner sa répulsion pour les
crimes commis dans ce diocèse, et regrette profondément les terribles
souffrances que les victimes et leurs familles ont enduré au sein de
l’Eglise, où de telles choses ne devraient jamais se produire. Le Saint-Siège est très préoccupé par les conclusions de la Commission quant aux graves lacunes du gouvernement ecclésial et par le traitement inadéquat
des dénonciations d’abus. Il est particulièrement inquiétant de constater
que ces erreurs se sont produites alors qu’évêques et supérieurs religieux
s’étaient engagés à mettre en œuvre les directives élaborées par l’Eglise
d’Irlande pour la protection des enfants. Ce malgré aussi les normes
édictées par le Saint-Siège pour le traitement des cas d’abus sexuels. En
tout cas, ces derniers temps, l’attitude de l’Eglise en Irlande face au
problème de l’abus sexuel sur mineurs bénéficie d’une expérience efficace
dans la prévention de la récurrence de tels crimes et la traitement des cas
qui surviennent.

2. Questions soulevées par le Rapport Cloyne: La réponse du Saint-Siège
détaille les diverses accusations formulées contre elle, qui semblent être
principalement fondées sur le contenu et l’interprétation que le Rapport de
Cloyne donne à la circulaire aux évêques irlandais du 31 janvier 1997,
transmise par le Nonce Mgr.Luciano Storero, et relative à la réponse de la
Congrégation pour le clergé au document Child Sexual Abuse. Il s’agissait
d’un document cadre. La Commission d’enquête a déclaré que ladite réponse
offrait un soutien à ceux qui étaient en désaccord avec la ligne officielle
de l’Eglise, et qu’il a été peu efficace quant à la dénonciation des crimes
aux autorités civiles. Sur la réponse de la Congrégation pour le Clergé, le
Saint-Siège souhaite affirmer ce qui suit:

– Le document-cadre était décrit par la Congrégation comme un document
d’étude, élaboré sur la base des renseignements fournis par les évêques
irlandais. Ce texte n’était pas un document officiel de la Conférence
épiscopale mais un rapport du Comité consultatif sur les évêques catholiques
d’Irlande sur les abus sexuels commis sur mineurs par le clergé et les
religieux. Ce document fournissait à chaque diocèse et aux paroisses un
cadre pour aborder la question.

– Les évêques irlandais n’ont jamais sollicité la Recognitio du Saint-Siège à
leur document-cadre, qui, selon le canon 455 du CIC, n’aurait été nécessaire
que s’il avait été un décret général de la Conférence épiscopale contraignant pour tous ses membres. En tout cas, le manque de Recognitio n’exclut pas en soi l’application des mesures contenues dans le document, car chaque évêque pouvait les adopter sans avoir à en référer au Saint-Siège. En fait, c’est ainsi que cela se passe généralement en Irlande.

– Les évêques ayant consulté la Congrégation pour les évêques pour résoudre les difficultés liées à certains points du document-cadre, ce dicastère leur a conseillé de s’assurer que les mesures soient efficaces et ne posent pas de problème du point de vue canonique. Pour cette raison, la Congrégation a souligné la nécessité que de telles mesures soient en harmonie avec les dispositions de la loi pour éviter des conflits qui pouvant conduire à des recours devant les tribunaux ecclésiastiques. La Congrégation n’a pas rejeté le document-cadre, mais a voulu s’assurer que ses dispositions ne sapent pas les efforts des évêques dans l’application des mesures disciplinaires contre les auteurs d’abus sexuels. Il faut rappeler ici la décision du Saint-Siège qui, en 1994 a accordé une législation spéciale aux évêques des Etats-Unis dans la lutte contre les abus sexuels sur mineurs. Cette politique a été étendue aux évêques irlandais en 1996, de manière à les aider à surmonter les difficultés qu’ils éprouvaient alors (cf. Partie VI de la Réponse).

– Le respect des exigences canoniques en vue d’assurer la bonne administration de la justice dans l’Eglise n’entrave d’aucune manière la coopération avec les autorités civiles. La Congrégation pour le clergé a
exprimé des réserves quant à l’obligation de dénonciation des cas d’abus
sexuels contenue dans le Rapport Cloyne, mais sans interdire aux évêques
irlandais de dénoncer les accusations aux autorités civiles. Elle n’a pas
encouragé les évêques à violer la loi irlandaise. A cet égard, le Cardinal
Dario Castrillon Hoyos, alors Préfet de cette Congrégation, lors de sa
rencontre du 12 novembre 1998 avec les évêques irlandais à Rosses Point,
County Sligo (Irlande), avait déclaré sans équivoque: Je voudrais dire très
clairement que l’Eglise, surtout grâce à ses évêques, ne devrait d’aucune
façon obstruer la voie légitime de la justice civile, quand elle est menée
par ceux qui ont ce droit. Dans le même temps, l’Eglise doit continuer à
chercher, au moyen de ses propres procédures canoniques, la vérité, la
justice et la charité envers tous. Il faut noter qu’à cette époque, l’Etat
irlandais s’était également engagé à améliorer sa législation sur l’abus
sexuel de mineurs. A cette fin, le gouvernement irlandais a organisé en 1996
une large consultation sur l’obligation de faire rapport et après prise en
compte des réserves exprimées par plusieurs groupes professionnels et des
expressions de la société civile, qui étaient largement en ligne avec ceux
indiqués par la Congrégation, a décidé de ne pas introduire l’obligation
d’en référer au système juridique irlandais. Depuis, le Gouvernement
irlandais a décidé de ne pas légiférer sur le sujet. On comprend donc mal
comment la lettre du Nonce Mgr.Luciano Storero aux évêques irlandais, écrite postérieurement, peut être interprété comme un texte capable, en quelque sorte, de renverser ou d’affaiblir la loi de l’Irlande ou l’Etat irlandais
dans ses efforts pour résoudre le problème à la main.

3. Les questions soulevées par les dirigeants irlandais: Le Saint-Siège
tient à préciser les éléments suivants concernant certaines réactions des
dirigeants politiques d’Irlande:

– Le Saint-Siège comprend et partage les sentiments profonds de colère et de
frustration face aux conclusions du Rapport Cloyne, exprimés dans le
discours que le Premier Ministre M.Enda Kenny a prononcé à la Chambre des
députés le 20 juillet 2011. Ceci étant, le Saint-Siège émêt de sérieuses
réserves sur certains aspects de cette intervention. En particulier,
l’accusation non fondée que le Saint-Siège chercherait à contrecarrer une
enquête dans une République souveraine et démocratique, il y a trois ans et
non trois décennies. Par ailleurs, un porte-parole du Gouvernement de Dublin
a déclaré que M.Kenny n’avait fait référence à aucun incident particulier.
En fait, les accusations d’ingérence proférées contre le Saint-Siège sont
contredites par ses nombreux rapports, qu’on utilise pour le critiquer.
Salués pour leur enquête approfondie sur les cas d’abus sexuels, ces
rapports ne fournissent pas la preuve que le Saint-Siège ait interféré dans
les affaires intérieures irlandaises ou qu’il ait été impliqué en la matière
dans la gestion ordinaire des diocèses d’Irlande ou de congrégations
religieuses. On est par contre frappé que dans les informations complètes
sur lesquelles s’appuient ces rapports il n’y ait aucune base pour de telles
allégations. A cet égard, le Saint-Siège tient à préciser qu’en aucune façon
il a entravé ou tenté d’interférer avec une enquête de les abus sexuels
commis dans le diocèse de Cloyne. En outre, et en aucune circonstance, le
Saint-Siège n’a tenté d’interférer dans le droit civil irlandais ou de gêner
les autorités civiles dans l’exercice de leurs fonctions.

– Le Saint-Siège tient à souligner que le texte du Cardinal Joseph Ratzinger,
mentionné par M. Kenny dans son discours est tiré du numéro 39 de
l’Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien, publié le 24 mai
1994 par la Congrégation pour la doctrine de la foi. Ce texte ne fait pas
référence à la façon dont l’Eglise doit se comporter dans une société
démocratique. Il n’est pas non plus lié à la protection de l’enfance, comme
semblent l’accréditer les références citées par M. Kenny, car il se réfère
au théologien au service de la communauté ecclésiale.

– Lors de sa rencontre avec le Nonce apostolique, le vice-Premier Ministre
irlandais a déclaré que, parmi les conclusions les plus troublantes du
Rapport Cloyne, il est affirmé que le Saint-Siège, en décrivant le
document-cadre adopté par la Conférence épiscopale comme un simple document de recherche, aurait sapé les efforts de l’Eglise irlandaise pour
solutionner la question des abus sexuels sur mineurs. Comme c’est précisé
dans la Réponse du Saint-Siège, une telle affirmation était basée sur les
explications fournies par les évêques irlandais ayant publié ledit texte. Il
ne s’agissait nullement d’un rejet des efforts sérieux déployés par les
évêques pour lutter contre le fléau de ces abus sur mineurs.

– En ce qui concerne la motion adoptée à la Chambre des députés le 20 juillet
2011, et une semaine plus tard par le Sénat, déplorant l’intervention du
Vatican qui ont contribué à entraver le document-cadre pour protection de
l’enfance et les directives de l’Etat irlandais et les évêques irlandais, le
Saint-Siège tient à préciser qu’il n’a à aucun moment commenté les mesures
de protection des enfants prises par l’Etat irlandais. Encore moins
d’essayer de les bloquer. Le Saint-Siège constate qu’il n’existe pas de
preuves citées dans le Rapport Cloyne permettant de conclure à une telle
intervention pour entraver de telles mesures. En ce qui concerne les
directives établies par les évêques irlandais, la Réponse fournit des
précisions suffisantes pour montrer que ceux qui en aucune façon été
affaibli par l’intervention du Saint-Siège.

4. Remarques finales: Dans sa réponse, le Saint-Siège propose une
présentation de l’attitude de l’Eglise quant à la protection des mineurs, y
compris par sa législation canonique. Elle fait en outre référence à la
Lettre de Benoît XVI aux catholiques d’Irlande, publié le 19 mars 2010, dans
laquelle le Pape indique le vif souhait des évêques irlandais de coopérer
avec les autorités civiles, à appliquer pleinement les normes du droit
canonique et à veiller à l’application complète et impartiale des règles de
l’Eglise en Irlande pour protéger les enfants. La publication du Rapport
Cloyne constitue une étape sur la longue et difficile route de la vérité, de
la pénitence et de la purification, de guérison et de renouveau entreprise
par l’Eglise d’Irlande. Le Saint-Siège n’est pas considéré en dehors de ce
processus, mais les actions dans un esprit de solidarité et d’engagement.

Tout en rejetant les accusations, le Saint-Siège accueille dans un esprit
d’humilité tous les commentaires et suggestions utiles et objectives avec
détermination à combattre le crime hideux de l’abus sexuel commis sur
mineurs. Le Saint-Siège tient à affirmer une fois encore que la profonde
inquiétude et l’anxiété exprimées par les autorités irlandaises pour les
citoyens irlandais en général et par les évêques, prêtres, religieux et
laïcs au sujet des actes criminels et des péchés que sont ces crimes commis
par des membres du clergé ou des religieux. Le Saint-Siège est également
conscient de la colère, de la déception et du sentiment de trahison éprouvé
en particulier par les victimes et les familles touchées par ces viles
actions, et comment ils ont parfois été traités par les autorités
ecclésiastiques. Et si le Saint-Siège tient à réitérer sa peine profonde
pour ce qui est arrivé, il espère que les mesures introduites par l’Eglise
ces dernières années, universellement comme en Irlande, seront plus efficace pour prévenir la répétition de tels actes et de contribuer à la guérison de ceux qui ont souffert d’abus, en rétablissant aussi la confiance et la collaboration entre les autorités de l’Eglise et l’Etat, ce qui est
essentiel pour lutter efficacement contre le fléau de l’abus. Naturellement,
le Saint-Siège est conscient que la situation provoquée par des épisodes
douloureux ne peut être résolue rapidement ou facilement, et ce bien que
beaucoup de progrès ont été accomplis, beaucoup reste à faire. Depuis les
premiers jours de l’Etat irlandais, et surtout depuis l’établissement des
relations diplomatiques en 1929, le Saint-Siège a toujours respecté la
souveraineté de l’Irlande. Il a entretenu des relations cordiales et
amicales avec le pays et ses autorités, a souvent exprimé son admiration
pour le contributions extraordinaires des hommes et des femmes d’Irlande à
la mission ecclésiale d’amélioration de la condition de vie des populations
du monde. Ces dernières décennies, le Saint-Siège n’a cessé de soutenir tous
les efforts déployés en vue de la paix sur l’île. En ligne avec cette
attitude, le Saint-Siège tient à réaffirmer son engagement au dialogue et à
coopérer de manière constructive avec le Gouvernement irlandais, le dialogue et la coopération devrait être basée bien sûr sur le respect mutuel, de sorte que toutes les institutions, tant publiques que privées religieuse ou
civile, travailler ensemble pour s’assurer que l’Eglise, en effet, la
société en général est toujours un endroit sûr pour les enfants et les
adolescents ».

OP/VIS 20110903 (2260)

COMMENTAIRE DU DIRECTEUR DE LA SALLE DE PRESSE

CITE DU VATICAN, 3 SEP 2011 (VIS). Le P. Federico Lombardi, SJ, Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, a commenté aujourd’hui sur Radio Vatican la Réponse au Rapport Cloyne, présenté ce matin: « Il s’agit d’un document structuré avec clarté, qui aborde toutes les questions envisagées en leur donnant des réponses argumentées et documentées et en les insérant dans une perspective plus large ». Le P. Lombardi a également affirmé que « tout le document montre que le Saint-Siège a pris en considération, avec sérieux et respect, les questions et les critiques reçues, et qu’il s’est efforcé de donner une réponse profonde et sereine, sans polémiques inutiles, y compris sur les points sur lesquels il donne des réponses claires aux accusations qui lui ont été présentées ». Le Saint-Siège espère que la Réponse « atteindra son objectif fondamental et l’intérêt commun qui s’impose, c’est-à-dire contribuer à reconstruire le climat de confiance et de coopération avec les autorités irlandaises qui est essentiel pour un engagement efficace de l’Eglise comme de la société entière, pour garantir le bien premier de la sauvegarde de la jeunesse »

OP/VIS 20110903 (190)


Le premier ministre irlandais Enda Kenny a réservé sa réaction, indiquant aujourd’hui n’avoir « pas encore lu » la réponse officielle du Vatican au rapport sur des actes pédophiles commis dans l’Eglise irlandaise et à ses propres déclarations explosives sur le sujet.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2011/09/03/97001-20110903FILWWW00452-irlande-la-reponse-du-vatican-etudiee.php

http://www.cyberpresse.ca/international/europe/201109/03/01-4431388-pedophilie-le-vatican-sefforce-deteindre-la-meche-irlandaise.php