Parlons rentrée des classes, en dépit de la concurrence des urgences. Le sujet tient à cœur à toutes les familles de France, et la crise de l’école est au centre d’âpres discussions. J’ouvre Le Monde et j’y lis que selon Andreas Schleicher, directeur de l’éducation à l’OCDE, « en France, l’enseignement n’est pas pertinent », principalement parce que le problème n’est pas tellement « ce que vous savez », mais « ce qui importe pour réussir sa vie ». La formule à l’emporte-pièce séduit en même temps qu’elle produit un trouble malaise. Mais M. Schleicher sait trouver ses exemples, notamment en Extrême-Orient et en Europe du Nord pour argumenter sa conviction. Il trouve que les enseignants ne sont pas, chez nous, assez stimulés et assez stimulants. Ils seraient les purs exécutants d’un programme, au lieu d’être des éveilleurs. « S’ils étaient à Shanghai on viendrait tous les jours leur donner des conseils. À Singapour, ils auraient cent heures de formation. »
Il doit y avoir du vrai là-dedans, bien que je me méfie un peu d’un certain activisme utilitariste. J’observe aussi que pour être un bon enseignant, il faut d’abord aimer son métier, le pratiquer ensuite avec flamme et beaucoup de liberté d’esprit. Mais j’ouvre aussi Le Figaro pour recevoir le diagnostic de mon amie Anne Coffinier, ardente propagandiste des nouvelles écoles libres, créées hors système du service public. Il s’en ouvrira soixante-et-une à cette rentrée, contre trente-sept l’an dernier. C’est un signe d’espérance qui se manifeste au sein de la société civile. Je ne sais s’il correspond aux critères de M. Schleicher, mais il s’inscrit du côté de la créativité et de l’autonomie.
Comment va se comporter notre nouveau ministre, Najat Vallaud-Belkacem, qui s’est souvent signalée par ses positions idéologiques tranchées ? Elle se défend, pour le moment, de tout extrémisme. Inévitablement, elle sera guettée à travers la moindre de ses décisions. Fera-t-elle de l’école, selon son affirmation, « un havre de paix » ? Ou, provoquera-t-elle de nouvelles mobilisations à son encontre ? On le saura très vite !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 2 septembre 2014.