René Bazin - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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René Bazin

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Le numéro 3575 de France Catholique présente un beau dossier sur René Bazin, en prélude à la futur assemblée générale de l’association des amis de René Bazin le samedi 16 juin dans le Ve arrondissement, non loin de la librairie 49 rue Gay-Lussac qui lui consacrera sa vitrine et une signature de livres récents… Mise en bouche :

Le succès spectaculaire des romans de René Bazin est l’un des signes d’un renouveau catholique qui s’étale de la guerre de 1870 aux années 1960. Ces années ont été qualifiées de «  siècle d’or de la pensée catholique française  » et plus spécialement les années 1920-1950, «  les trente glorieuses  ». C’est un phénomène qui est aujourd’hui minoré par les programmes d’histoire. On peut se risquer à dire que le meilleur de la pensée française de l’entre-deux-guerres est d’origine catholique. On a peine à se figurer quel a été l’impact intellectuel d’un Péguy, d’un Claudel, et d’un Bazin, y compris à l’international, et bien au-delà des cercles catholiques. Une partie de ces idées a d’ailleurs nourri le Concile. Si les pertes ont été immenses parmi les écrivains et les artistes catholiques pendant la Grande Guerre, la Seconde Guerre a au contraire favorisé un bouillonnement d’idées sur des sujets que les catholiques avaient peut-être moins travaillés par le passé : le père de Lubac, le père Fessard, pour ne prendre que ces exemples ont produit une pensée sur la démocratie, la liberté, l’humanité.

On peut tracer une ligne entre l’univers de René Bazin (mort en 1932) et celui de ces réformateurs pré-conciliaires. Le mouvement est constant, avec des poussées. Tous ne sont pas sur la même ligne, c’est évident, mais c’est la même foi, le même désir d’exprimer la foi chrétienne dans la vie. Ce n’est pas une pensée déconnectée du réel, c’est très net pour René Bazin. Ce sont des réalités charnelles abordées sous des angles très différents par des gens très différents, dans une histoire précise, pour René Bazin, de La terre qui meurt à son Charles de Foucauld. Ce ne sont pas des rêveurs, ils sont au service d’une pensée et au service de l’Église. C’est une spiritualité très française, celle de l’incarnation, du Christ au milieu des hommes, partageant leurs souffrances et désirant que le monde avance.

Pourtant le mouvement de déchristianisation de la France semble ne jamais s’être arrêté, ce sont deux mouvements simultanés et contradictoires. Il semble cependant que dans les années 1960 l’un rattrape l’autre puisque ce renouveau s’arrête brutalement. François Mauriac se voyait d’ailleurs comme le dernier  des grands auteurs  catholiques. Les membres du Centre Catholique des Intellectuels Français (CCIF) ont tout d’un coup arrêté de croire en eux-mêmes. Pourtant ils étaient issus pour nombre d’entre eux de la Guerre et de la Résistance. La Guerre avait discrédité la pensée troisième République ; Vichy l’extrême droite. Restaient face à face la pensée catholique dite modérée et les marxistes. À Normale-Sup. la proportion était d’un quart Tala (allant à la messe) et trois quarts communistes. Le quart s’est rallié. À part quelques exceptions, tous les éléments de résistance catholique en 1960 ont été balayés. Le monde catholique s’est rallié à la culture dominante.

Alors, quel avenir aujourd’hui pour une pensée catholique, pour une – culture catholique – qui puisse encore nous relier à l’œuvre d’un René Bazin ? Il y a beaucoup de choses, mais ce n’est pas réuni. Il y a des gens qui réfléchissent. Mais on attend de grands auteurs qui pourraient faire la synthèse. Maintenant la pensée dominante est elle-même en grande crise. Il y a donc certainement des opportunités pour une autre pensée. On le voit bien, par exemple dans la pensée pontificale, qui est plus libre. Il y a donc probablement un avenir pour une pensée catholique française. Branchée sur un passé, peut-être « re-découvert », comme les œuvres de René Bazin, et sur le futur.

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