Renaissance de l'art sacré - France Catholique
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Renaissance de l’art sacré

Les 29 et 30 novembre derniers avait lieu le centenaire des Ateliers d’art sacré, fondés en novembre 1919 par George Desvallières et Maurice Denis. Ce dernier a été le principal acteur du renouveau de l'art religieux au début du XXe siècle.
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Fresque de Maurice Denis, Glorification de Saint-Louis, église Saint-Louis-de-Vincennes.

Fresque de Maurice Denis, Glorification de Saint-Louis, église Saint-Louis-de-Vincennes.

© C. Guillaume

À la mort de Gauguin en 1903, chacun se doit de choisir son camp. Abstrait absolu, ou classico-impressionnisme ? Gauguin avait commencé à émanciper l’art de son carcan réaliste Mais à quel point convenait-il de suivre cette voie vers l’abstrait ? Maurice Denis (1870-1943) a vite fait un choix tout autre : celui d’une réinvention de l’académisme traditionnel — par opposition à l’abstrait pur. Il plaide, selon l’historien de l’art Jean-Pierre Bouillon, pour un « ordre nouveau », instauré par un « recours à une tradition revisitée en fonction des exigences de la contemporanéité ». L’Italie a été sa patrie de cœur C’est la définition même du génie : faire renaître le passé par le présent. Marqué par Fra Angelico – l’Italie est sa patrie de cœur –, la peinture est pour Maurice Denis un art « essentiellement religieux et chrétien », et il reconnaît que lui-même appartient à une communauté « de prêtres, moines, peintres, sculpteurs, poètes, littérateurs, musiciens ». Il est en effet le principal acteur du renouveau de l’art religieux au début du XXe siècle, toujours selon l’idée qu’il fallait un art traditionnel mais nouveau. Idée que suivront des artistes tels que le Père Luc Lavergne, élève de Maurice Denis de 1921 à 1931, avant d’entrer à l’abbaye de la Pierre-qui-Vire où il décora le chapitre (fresques aujourd’hui recouvertes) et illustra de nombreuses images à l’occasion d’événements ou de professions monastiques.
Le Père Luc (Maurice Lavergne), 1893-1969.
Le Père Luc (Maurice Lavergne), 1893-1969.
Comme lui, beaucoup ont suivi les Ateliers d’art sacré, ouverts à Paris le 15 novembre 1919 par Maurice Denis et George Desvallières – converti en 1904 –, entourés d’artistes militants comme eux au renouveau de l’art chrétien. Ces Ateliers (1919-1947) ont constitué une expérience unique au XXe siècle : une école pour favoriser l’émergence et la production d’œuvres d’art sacré à la fois modernes et accessibles à un large public. Durant près de trente ans, cette mouvance rassemblera un nombre important d’artistes plus ou moins célèbres. Souhaitant rompre avec la médiocrité esthétique, ainsi qu’avec l’art sulpicien, ces Ateliers prônent, avec Maurice Denis, que « la Beauté est un attribut de la Divinité ». Ils s’élèvent ainsi à la fois contre l’enseignement jugé trop académique des Beaux-Arts, mais aussi contre certains nouveaux mouvements d’avant-garde comme le cubisme ou le futurisme. lesquels mettent en danger, à leurs yeux, la pérennité de l’art même en Occident. Il s’agit aussi, selon Maurice Denis, de « fournir aux églises, et spécialement aux églises dévastées par la guerre, des œuvres religieuses d’un caractère à la fois esthétique, traditionnel et moderne ». Le projet trouvera un débouché lors de la création à partir de 1929 des Chantiers du cardinal, pour ériger une trentaine de nouveaux lieux de culte dans la capitale. Ce sera le cas notamment de l’église du Saint-Esprit. Une communauté d’artistes Leur organisation est elle aussi très originale. Communauté d’artistes chrétiens, elle vise à faire de l’élève un apprenti, puis un « auxiliaire du maître », selon l’expression de Denis, reprenant ainsi l’esprit des corporations du Moyen âge. Proche de la spiritualité dominicaine, c’est George Desvallières qui conçut en 1912 le projet d’une école d’art placée sous le patronage de Notre-Dame de Paris. « La peinture religieuse ne peut exister qu’en s’appuyant sur la nature, en creusant la nature, en arrachant au corps humain, à la figure humaine, sa ressemblance avec Dieu », disait-il. Les Ateliers d’art sacré constituent ainsi une tentative unique en leur genre de réconcilier modernité et tradition dans un art qu’il s’agit de ramener vers Dieu.