Remariage moderne : un fantasme - France Catholique
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Remariage moderne : un fantasme

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Elle avait une question à me poser. En fait, elle avait tout un tas de questions, mais parmi celles-ci, il y en avait une très troublante : « Viendrez vous à mon mariage ? » J’ai levé les sourcils. C’était une catholique divorcée (son mari était essentiellement bigame) qui n’avait jamais cherché à faire annuler son mariage. « Qui épousez-vous, et où ? » « Jack, bien sûr, et à Saint Brendan. » « Vraiment ? Quand avez-vous obtenu votre annulation ? » « Le Père Blithe m’a dit qu’on n’en avait plus besoin. » « Le Père Blithe a dit cela ? » Elle m’a regardé dans les yeux, et je l’ai vue pâlir. « Est-ce que vous voulez dire qu’il a tort ? » « En fait, je n’ai encore rien dit, mais oui, il a tort. » « Oh. Alors vous en savez plus qu’un prêtre, hé ? » « Il semblerait » « Vous êtes sérieux ? » « Ecoutez, il est en train de vous entraîner à commettre un péché mortel, et lui-même se met au bord du précipice de l’excommunication. Il ne faut pas que cela se fasse, et je ne vous soutiendrai pas si vous poursuivez votre projet. » « Vous ne viendriez pas à mon mariage ? » « Pas dans les circonstances que vous décrivez. Mais il y a peu de chances que cela se fasse, pas si j’appelle les bureaux de l’évêché. » « Vous me feriez cela, à moi ? » « Je le ferais pour vous, pas à vous. » « Donc, je ne peux pas décider par moi-même ? » « Bien sûr que si, et vous pouvez aussi mettre à exécution votre décision – du moins celle que vous envisagiez jusqu’à présent – de participer à ce rite que vous suggère Blithe, et qui n’est pas valide. Vous avez, en un sens, un droit civil de faire un péché mortel, quoique j’aurais espéré que vous choisissiez de ne pas le faire. Mais le prêtre n’a absolument aucun droit canonique de réaliser un tel mariage et de le faire risque probablement de lui coûter son poste. Si son intention est d’être réduit à l’état laïc, (de renoncer à être prêtre) il devrait s’armer de courage et le faire convenablement, et ne pas vous entraîner, Jack et vous dans son sillage. » « Mais il a dit que tout cela avait changé. » « Sûrement – dans son esprit. Malheureusement pour lui et pour vous, notre sainte mère l’Eglise n’a pas changé sa position. » « Alors, je ne peux pas me marier ? » « Vous le pouvez, mais pas au cours d’une cérémonie catholique. Voyez un juge ; voyez un Episcopalien. Je viendrais à ces mariages. Mais si vous avez tous les deux décidé de vous marier, après vous être fréquentés pendant plusieurs années, pourquoi n’attendez-vous pas un peu plus et ne vous lancez vous pas dans une procédure d’annulation ? Ces règles vont peut-être bientôt changer. » « Mais si je me remarie en dehors de l’Eglise, est-ce que je ne serai pas excommuniée ? » « En fait, non. Mais vous le serez, sûr et certain, si vous poursuivez votre projet de mariage à Saint Brendan. Sinon… non. Vous ne pourrez plus recevoir la sainte communion, bien sûr, et vous devrez assister à la messe tous les dimanches et aux fêtes d’obligation. » « Quoi ! » « C’est la règle. » « Je dois aller à la rivière, et je n’ai pas le droit d’y boire ! » « D’une certaine façon, oui. Mais c’est la rivière de l’eau vive ; de la vie éternelle. » « C’est tellement injuste. » Annulment_Column_Graph.jpg « Je ne vous l’ai peut-être jamais dit, mais je vous assure que c’est absolument juste car l’Eglise est là pour nous mener à la sainteté ; pour nous garder sur le chemin de la droiture et non sur celui de la ruine, du péché, et c’est la raison pour laquelle nous avons les sacrements – qui nous donnent chacun un moyen d’échapper à l’emprise du démon. Comprenez-moi : une annulation vous donnerait la liberté que vous recherchez. » « Combien y a-t-il de fêtes d’obligation ? » « Attendez : quatre ou cinq, je crois. » Elle a semblé se détendre un peu. Elle a fait une espèce de moue qui semblait dire que cinq, elle pourrait peut-être y arriver. « Plus, dis-je, tous les dimanches, bien sûr. » Elle fronça les sourcils et secoua la tête. « Les dimanches sont des jours saints maintenant ? » J’ai soupiré : « Maintenant et depuis toujours, bien que certains catholiques ne le réalisent pas. » Elle acquiesça d’un sourire sarcastique. Puis elle demanda : « Et qu’en est-il du fait que Jack n’est pas catholique ? » « Dans les circonstances actuelles, c’est un moindre problème, spécialement si vous obtenez une annulation. Du moment qu’il ne vous empêche pas de pratiquer votre foi, vous pourriez l’épouser. Toujours aux bureaux de l’évêché, vous demanderiez, et recevriez probablement un document qui s’appelle une dispense pour disparité de culte. Quelle est la religion de Jack en fait ? » « Rien du tout. » « Vraiment, il a passé cinquante ans et ne s’est jamais posé ce genre de question ? » Pour accentuer mon propos, je fis un grand geste qui indiquait le ciel et la terre. « Il a été élevé dans une sorte de religion protestante, mais il dit qu’il en a trop vu pour pouvoir croire que Dieu existe. » « Plus de poison. » « Mais vous l’aimez bien. » « Oui, en fait je l’aime bien, mais c’est à vous de décider qui vous épousez. Il me serait facile de vous dire : retenez-vous jusqu’à ce que vous rencontriez un mec catholique ; mais en tous cas, cela ne fait aucune différence en ce qui concerne l’annulation. » Ensuite, elle a dit qu’elle avait une dernière question. En fait, ce n’était pas la dernière : elle voulait savoir comment procéder pour l’annulation, et diverses autres question canoniques auxquelles je ne savais pas répondre, sauf à l’envoyer consulter un juriste de droit canon (Je ne pouvais certainement pas l’envoyer à son curé !). Et sa dernière question est celle dont j’ai parlé au commencement : « Est-ce que j’irai en enfer si je me contente de poursuivre mon projet et de faire ce que le père Blithe a suggéré ? » « Vous vous mettez dans une situation très risquée. C’est tout ce que je peux vous dire. » J’aurais pu lui donner mon chapelet, lui dire d’acheter des robes noires, d’aller à la messe tous les jours, et d’oublier le mariage à son âge. Mais pourquoi perdre une amie, et qui plus est, une catholique ? Traduction de « Modern remarriage : a Fantasy »