Quel est l’objectif de cette initiative ?
Frère Simon Gaine : L’Institut thomiste est un institut de recherche, qui réunit des frères dominicains et des laïcs du monde entier. Notre travail est d’encourager l’étude de saint Thomas d’Aquin et d’envisager sa pensée comme une inspiration vivante, actuelle. Nous soutenons aussi les initiatives de groupes d’étudiants qui veulent fonder des chapitres de notre institut dans leurs villes. Ils peuvent y accueillir des personnes qualifiées pour parler de saint Thomas d’Aquin, notre saint patron et notre guide. À Paris, des étudiants et des chercheurs viennent d’ouvrir un nouveau chapitre : nous leur en sommes extrêmement reconnaissants ! Ils vont pouvoir relayer dans le monde universitaire français des éléments de la pensée de saint Thomas, et cela nous réjouit. Si d’autres groupes d’étudiants souhaitent lancer leur propre chapitre, je les invite à jeter un œil à notre site et à nous contacter !
Comment saint Dominique et saint Thomas d’Aquin ont-ils accompagné le développement de l’université de Paris au XIIIe siècle ?
L’ordre dominicain est riche d’une histoire longue de huit siècles : nous venons de célébrer le 800e anniversaire de la mort de saint Dominique. Les fruits de son travail continuent de se perpétuer à travers notre ordre.
Quand saint Thomas a rejoint l’ordre des Prêcheurs, c’était encore une institution nouvelle. Comme les frères de saint Dominique étaient un ordre dédié à la proclamation de l’Évangile, leur fondateur voulait qu’ils soient bien formés, pour qu’ils puissent prêcher comme il le faut et soient à la hauteur de leur mission. Cela l’a naturellement mené à faire appel à des professeurs qualifiés, et les frères ont rapidement dû rejoindre la capitale du royaume de France. Peu après, les frères, y compris saint Thomas d’Aquin, enseignaient et étudiaient à l’université de Paris.
Saint Thomas d’Aquin a passé une bonne partie de sa vie à Paris. Quels liens a-t-il entretenus avec cette ville ?
Saint Thomas aurait fait remarquer qu’il préférait avoir une copie des homélies de saint Jean Chrysostome sur Matthieu que toute la beauté de Paris !
Mais de fait, le XIIIe siècle, celui de saint Thomas d’Aquin, a connu de grandes innovations intellectuelles, et l’université de Paris était à la pointe de la théologie et de la philosophie de l’époque. Lorsqu’il était étudiant, il s’est penché sur des textes comme ceux d’Aristote et sur des commentaires de sa philosophie, commentaires fournis par les penseurs issus du monde arabe. Saint Thomas a tenu à deux reprises une chaire de théologie à Paris.
Il donnait des conférences sur les Écritures, disputait sur les questions controversées du jour et prêchait. La question se posait de savoir si les frères pouvaient enseigner à l’université : saint Thomas défendait cette position. N’ayant pas peur des nouveaux défis, au cours de sa deuxième période d’enseignement, il travaillait aussi à son chef-d’œuvre, la Summa theologiae, qui réunit la sagesse chrétienne et humaine dans une même vision de la vérité.
Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
Pour aller plus loin :
- 300e anniversaire de la mort de Richard Simon
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918