Reine du Ciel, une critique - France Catholique
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Le trésor des psaumes
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Reine du Ciel, une critique

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En octobre dernier, j’ai fait ici la critique de la série livres et vidéos édité par les Presses de Saint-Benoit / collection Tan books, Luc : L’Evangile de la miséricorde. C’était un enseignement de première qualité sur le troisième Evangile et un merveilleux apport pour n’importe quel groupe religieux d’études de la Bible. Maintenant, les éditions Saint-Benoit nous présentent  Reine du ciel : La bataille de Marie pour vous, regard encore plus vivant, émouvant et visionnaire sur l’un des principes essentiels de la foi catholique – souvent sujet de discorde entre les catholiques et les protestants. En huit leçons, la série raconte l’histoire de la position essentielle de Notre Dame dans l’histoire du Salut. En partant d’Eve, notre première mère en échec de sainteté, jusqu’à l’Immaculée conception de Marie, à travers sa situation, à l’Annonciation, comme nouvelle arche d’Alliance, jusqu’à son rôle de mère de l’Eglise et des Amériques, et finalement (au centenaire de ses apparitions à Fatima) à ses manifestations à des moments clé de l’histoire des hommes, comprenant sa relation très intime, et toujours présente envers les fidèles à travers le chapelet. J’aime profondément mes amis protestants – mes (nos) frères dans le Christ – mais je ne peux pas comprendre leur attitude dédaigneuse envers la Mère du Seigneur. Je voudrais pouvoir assister avec eux à une représentation de Reine du Ciel, et suivre le guide d’étude qui l’accompagne (et est destiné à diriger des discussions de groupe) parce que je suis sûr que de se rapprocher de Marie enrichirait leur foi. Ce n’est pas très grave que la papauté demeure une pierre d’achoppement ; la simple idée que des méthodistes ou des presbytériens récitent un je vous salue Marie est franchement excitant. Et comme ce serait satisfaisant de leur montrer que nous la vénérons, mais ne l’adorons pas. C’est hyperdulia contre Latria, vénération et non adoration. Pourtant, en regardant Reine du ciel (même en écrivant le titre) on comprend bien pourquoi nous, les catholiques, semblons la mettre à égalité avec Dieu. Et il est certain qu’elle a une part de divinité : Comme l’écrivait Saint Athanase (et le catéchisme (460) le rappelle) : « Car le Fils de Dieu s’est fait homme pour que nous puissions devenir Dieu ». Si c’est le destin de l’humanité, comment est-ce que cela ne peut pas être encore plus le cas pour LA Femme. Une partie de ce qui rend Reine du Ciel  si bien et si professionnel, (à la différence d’autres vidéos religieuses et d’autres documentaires de TV) c’est, en plus d’un script impeccable par Brian Kenelly et Rick Rotondi, le récit de l’acteur Leonardo Defilippis devant et derrière la Camera, par intermittence. Il est essentiel que les producteurs de documentaires ne tombent jamais victimes de l’idée que les experts, qu’ils soient théologiens ou historiens, prêtres ou laïcs, puissent retenir l’attention des spectateurs aussi bien que quelqu’un dont la voix et la prestation s’adaptent au drame du texte et du contexte. Monsieur Defilippis est le pro qu’il faut. Chacune des 8 leçons de 30 minutes est suivie par un passage de 9 minutes de vie spirituelle (du genre Marie dans la vie de tous les jours) organisé par le père Patrick J. Winslow. Il est très bon. Malheureusement le bon père est coincé dans un décor stérile en contre-plaqué. Dans Luke : l’Evangile de la vie, le Père Jeffrey Kirby qui joue le même rôle dans cette série, que le Père Winslow ici, est en extérieur, dans de très beaux endroits en Italie. Et les « présentateurs» de « Reine du Ciel » sont souvent filmés dans des environnements plus naturels : certains dans des bibliothèques, ou des chapelles, d’autres dehors, ce qui fait qu’il me semble que si on peut emporter les caméras dans ces lieux, pourquoi a-t-on coincé un des rôles principaux dans une boîte insipide. (A l’inverse, dans Luc, l’hôte Paul Thigpen – qui est le conseiller théologique et expert derrière la caméra dans Reine – est coincé dans un faux bureau.) Tous les experts interviewés pour les Leçons dans Reine du Ciel sont excellents, mais souvent ils s’animent au cours de leurs témoignages de vie spirituelle, et à la fin du sien, l’un d’eux conclut : Marie donne de la joie. Et pourtant, – malgré la luxuriance de beaucoup de décors et les magnifiques œuvres d’art (chacune est identifiée dans le guide d’accompagnement, mais pas dans la vidéo elle-même) – les Leçons présentent une qualité austère, car bien que Satan déteste plus que tout la Trinité, il ne déteste aucun humain ou aucun ange plus que la Vierge. Aussi est-elle souvent dépeinte dans l’art en train d’écraser le serpent sous son talon (cf. Gen. III 15), comme dans « l’Immaculée conception » de Tiepolo. C’est pourquoi le sous-titre de la série est La bataille de Marie pour Vous. Parlant de sous-titres, le meilleur est celui du chapitre/épisode de l’Annonciation : « Le jour où la création a retenu sa respiration ». Comme le dernier des Pères, Saint Bernard de Clairvaux, le dit : Adam en larmes, et sa douloureuse famille vous en prie, O Vierge aimante, dans leur exil du paradis. Abraham vous en prie, David aussi. Tous les autres saints patriarches, vos ancêtres vous le demandent, alors qu’ils demeurent dans la vallée de l’ombre de la mort. Voilà ce que le monde entier attend, prosterné à vos pieds. Il est juste d’agir ainsi car de votre parole dépend le réconfort du malheureux, la rançon du captif, la libération du condamné, et aussi le salut de tous les fils d’Adam, de toute votre race. Elle dit oui, et l’écho de son fiat résonne pour l’éternité. Dans le dernier épisode de la série, « La Consécration » – qui suit « Fatima » – la consécration en question est en partie celle de la Russie et du monde au Cœur Immaculé de Marie par Jean Paul II (selon à la requête de Notre Dame de Fatima), mais cela concerne aussi le fait pour les catholiques normaux de se consacrer à Marie. Comme le dit David Carollo, directeur de l’Apostolat mondial Américain de Fatima : « Tout ce qu’on lui donne, elle peut le parfaire et le purifier », suggérant par là la réalité du processus par lequel nos prières sont purgées de leur égoïsme par Notre Dame, ce qui les rend plus agréables à son Fils. Souvenez-vous de la devise de Jean Paul II : Totus tuus. Tableau : L’Immaculée Conception de Tiepolo, 1768 [Prado, Madrid]