Dimanche dernier, à Notre-Dame de Paris, dans le cadre des conférences de Carême, le père Matthieu Rougé, recteur de la basilique Sainte-Clotilde et responsable de la pastorale du monde politique – il était, il n’y a pas si longtemps, l’invité de Louis Daufresnes – a abordé un sujet de choix à propos du concile Vatican II : la sainte liturgie.
Dieu sait si la réforme liturgique a compté dans les années 60. Elle a été, non sans controverses, le premier signe des effets du concile. On sait qu’elle est à nouveau au centre de la réflexion de l’Eglise, le pape Benoît XVI ne cessant d’inviter celle-ci à un approfondissement de la signification de l’action liturgique. C’est ce à quoi s’est employé de façon remarquable le Père Matthieu Rougé en prenant, je dirais, les choses d’en haut, dépassant ainsi les polémiques assez stériles, qui ont encore cours, mais non sans tenir compte de ce qu’il y a d’intéressant dans les points de vue parfois opposés des catholiques sur ce qu’on appelle désormais le rite ordinaire ou le rite extraordinaire de la messe.
En ce sens, me semble t-il, le recteur de Sainte Clotilde appartient à une nouvelle génération théologique et pastorale, qui a choisi d’adopter un point de vue d’éminence par rapport aux opinions et un parti pris d’approfondissement par rapport aux questions posées, la première étant celle de la notion de réforme. Lorsque la réforme liturgique est contestée au nom de la Tradition, sait-on que la réforme est précisément inscrite dans la Tradition, mais aurait dit Péguy, la tradition la plus profonde ? Il ne s’agit nullement d’éliminer ce qu’ont vécu les générations précédentes, mais d’enrichir, afin d’être toujours plus en mesure de célébrer ce que l’Eglise a reçu du Seigneur : « Car la liturgie qui célèbre et annonce la gloire de Dieu est toujours en deçà de ce qu’elle devrait être ». Sait-on par exemple qu’il y eut au deuxième siècle cette réforme essentielle qui permit de célébrer la Pâques annuellement et solennellement après des décennies où seule la Pâque hebdomadaire du Dimanche était célébrée ? Ce n’est qu’au quatrième siècle que fut mis en place le cycle de Noël. Et le Père Rougé de rappeler encore que le rite de l’élévation après la consécration fut institué précisément à Notre-Dame de Paris au douzième siècle, à la demande des fidèles, avec l’approbation d’Eudes de Sully qui termina la construction de la cathédrale actuelle.
Je ne puis ce matin entreprendre l’analyse exhaustive d’une conférence aussi riche, ainsi que du débat, tout aussi riche qui l’a suivie. Je ne puis que renvoyer au texte qui sera publié, aussi bien sur la participation des fidèles, le retour à la Sainte Ecriture, que sur l’importance de la liturgie comme « cœur brûlant de la cité terrestre », les développements incitent à une réflexion que tous doivent prolonger en commun. Je cite : « La liturgie authentique assume sa temporalité en se tournant vers l’éternité vraiment et seulement anticipée… » Je retiendrai fidèlement le rappel d’un texte du Père Jean Cordon sur la puissance de la liturgie comme « fissurant le noyau de mort où s’endurcissent nos cœurs et se dessèchent nos souffrances si nous voulions décidément ouvrir notre abime à celui de la plénitude qui s’offre à nous. »
Oui, il s’agit pour nous de revenir à Vatican II, afin de nous saisir de la substance d’un enseignement qui doit nous nourrir. L’Eucharistie, s’est encore la Parole qui se fait chair !
Ecouter la Conférence de Carême du Père Matthieu Rougé :
http://www.radionotredame.net
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Réécouter l’émission du 3 février sur Radio Notre-Dame avec le Père Rougé :
Lire dans La Croix
http://www.la-croix.com/Le-P.-Matthieu-Rouge–la-liturgie-sans-crispation/article/2417950/55402