Réformer l'Islam ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Réformer l’Islam ?

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Notre monde a reçu un sérieux défi le 11 septembre [2001]. Mais ce n’était que la plus lourde attaque terroriste d’une série commencée bien plus tôt, et se perpétuant encore (Un véhicule bourré d’explosif dans le « World Trade Center » en 1993, heureusement sans causer de graves dégats). Comme on compte le nombre d’attentats commis par des « islamistes » de par le monde, on peut se demander : quand cesseront-ils, que nous puissions mener à nouveau une existence normale ?

Le Président Égyptien Abdel Fattah el-Sisi a posé cette question précise en janvier 2015 à l’Université Al-Azhar au Caire devant un auditoire d’érudits musulmans :

« Se peut-il qu’un milliard six cent millions d’ individus souhaitent mettre à mort le reste de l’humanité — sept milliards — afin d’être les seuls à vivre ? Impossible ! Qu’Allah Tout-Puissant témoigne de votre bon sens le jour du Jugement dernier à propos de ce que je vous dis maintenant . . . . je dis, je redis, qu’il nous faut une révolution religieuse . . . . Le monde entier, je répète, le monde entier attend votre prochain engagement.»

L’administration Obama — et beaucoup qui pensent de même — persiste à nous dire que ces horribles évènements n’ont « rien à voir avec l’Islam ». Pas besoin de réformes. Il suffit d’empêcher les quelques fondamentalistes des « jeunes générations » de mettre la main sur une grande religion.

Suite au massacre à Charlie Hebdo le 7 janvier l’an dernier, le Service de Presse de la Maison Blanche s’est longuement exprimé sur la distinction à faire entre le violent discours extrêmiste d’ISIS et autres organismes extrêmistes qui tentent de radicaliser les individus de par le monde, et une « religion de paix ».

Mais les Musulmans eux-mêmes voient l’immense naïveté dans l’exonération globale des dogmes islamiques. Ayant entendu Obama d’clarer que l’État Islamique « n’est pas islamique », un jeune Marocain lui a répondu sur YouTube :

« Monsieur le président, je dois vous dire que vous êtes dans l’erreur à propos d’ISIS. Vous avez déclaré qu’ISIS ne parle au nom d’aucune religion. Je suis un Musulman de longue date. Mon père est un Imam. J’ai passé plus de vingt ans à étudier l’Islam . . . . Je peux vous affirmer en toute conscience qu’ISIS s’exprime au nom de l’Islam. . . . Les 10.000 membres d’ISIS sont tous Musulmans . . . . Ils sont originaires de divers pays et ont un dénominateur commun : l’Islam. Ils suivent le Prophète Mahomet de l’Islam en tous points. . . . . Appelez les choses par leur nom. ISIS, Al-Qaeda, Boko-Haram, Al-Shabaab en Somalie, les Taliban et leurs homologues, tous sont issus de l’Islam. À moins que le monde Musulman traite avec l’Islam et sépare religion et état, nous ne mettrons aucun terme à cette action.»

La dernière phrase met l’accent sur un obstacle majeur : l’Islam n’est pas seulement une religion, c’est aussi intrinsèquement une entité politique.
Alexis de Tocqueville, à propos de la séparation de l’Église et de l’État, relevait le contraste entre la Constitution Américaine et l’Islam, « une religion qui a totalement confondu et entremêlé les deux pouvoirs . . . de sorte que les actions civiles et politiques sont plus ou moins contrôlées par la loi religieuse.»
Par conséquent, comme dans la plupart des armées, la désertion (l’apostasie) est un crime puni de la peine de mort. C’est un côté essentiel de la religion, appliqué dans les pays soumis à la loi islamique.

Yusuf Al-Qaradawi, éminent dirigeant des Frères Musulmans a déclaré à propos de la condamnation à mort pour apostasie : « Si la sanction pour apostasie avait été abrogée, l’Islam n’existerait plus aujourd’hui. L’Islam aurait échoué à la mort du Prophète, paix à sa mémoire. L’interdiction de l’apostasie a permis à l’Islam de survivre jusqu’à présent. »

Nombre de militants, Sunnites et Chiites, sont persuadés de participer à des batailles prédites au septième siècle par les hadiths des Musulmans citant l’ultime confrontation de deux immenses armées en Syrie.

On peut cependant noter des différences à propos de cette apocalypse entre la majorité (Sunnites) et la minorité (Chiites). Alors que la doctrine Chiite attend le retour du « Douzième Imam » et le triomphe universel de l’Islam, les partisans Sunnites ont plutôt tendance à espérer l’irrésistible fondation d’un nouveau Califat.

De telles attentes semblent fantaisistes et même comiques de nos jours pour la plupart des gens, particulièrement ceux qui n’ont guère de connaissance de l’histoire de l’Islam. Mais ces croyances ont donné le jour à « l’État Islamique », créant la terreur en Irak et en Syrie et la confusion parmi les puissants du monde entier.

Il n’y a plus de croisades, et l’ONU n’est guère disposée à s’engager dans ce qui serait une guerre de religions. Certains imaginent, par erreur, qu’un engagement militaire des USA, de la Russie, de la France et autres nations résoudra le problème.

Mais Aayan Hirsi Ali, dans Heretic: Why Islam Needs a Reformation Now [Hérétique : pourquoi l’Islam a un besoin urgent de Réforme.] n’y croit pas. Elle voit en ISIS « la partie émergée de l’iceberg », dont le destin est de se réincarner sous d’autres formes en cas de destruction ; elle ne croit pas à une solution par les armes.

Hirsi Ali a vécu, étudiant les Musulmans en Somalie, en Arabie Saoudite et au Kénya jusqu’s ses vingt ans, où elle fut engagée par son père dans un mariage forcé. En route vers le Canada elle décida de s’enfuir aux Pays-Bas, où elle fut accueillie comme réfugiée, commença alors à travailler, à acquérir une formation, et même à s’impliquer en politique ; ses convictions religieuses se ternirent alors. L’attentat du 11 septembre précipita son abandon de l’Islam pour finir en athéisme. Ses critiques contre les discriminations de l’Islam envers les femmes, puis sa participation au film de Theo Van Gogh — Soumission — aboutirent à l’assassinat de Van Gogh et à des menaces de mort contre elle. S’ensuivit son émigration aux États-Unis.
Dans un ouvrage précédent, Nomad, elle ne portait aucun espoir sur une éventuelle « réforme » de l’Islam. Mais dans « Heretic » elle fait des suggestions dignes d’intérêt.

Tout d’abord elle réfute la simple distinction entre Musulmans « modérés » et « fondamentalistes », et propose ce qu’elle considère comme une analyse plus fine. Ainsi : 1/ une petite minorité de Rebelles tels qu’elle-même ; 2/ une minorité plus importante de Musulmans pro-Médine s’inspirant des derniers chapitres du Coran, dictés à Médine et menaçant les incroyants du feu de l’enfer ; enfin, 3/ Musulmans de La Mecque s’inspirant des premiers chapitres, dictés à La Mecque à une époque où un Mahomet plus tolérant tentait de se faire accepter comme prophète.

Ses suggestions de réforme consistent à maîtriser le comportement menaçant des « Musulmans de Médine » et permettre aux « Musulmans de La Mecque » de s’adapter — tâche parfois ardue — à la civilisation occidentale et à la modernité :

■ Faire appel au « principe d’abrogation » largement accepté par les érudits Musulmans et l’appliquer d’abord aux nombreux derniers « versets de l’épée » (de Médine) du Coran, qui exigent la conversion ou la mort (ou tout au moins la soumission aux taxes pour Chrétiens et Juifs). Mais en opposition à l’abrogation, mettre l’accent sur les versets plus modérés énoncés par le Coran de La Mecque.

■ Épargner les enfants. Ne pas équiper des petits en bombes-suicides, tels qu’à Gaza ; censurer « l’appel du martyre », tel qu’on le voit à la télévision égyptienne ; cesser de fustiger Juifs et Chrétiens comme « adversaires des croyants », et de les traiter de Singes et de Porcs, comme dans les manuels scolaires d’Arabie Saoudite.

■ Renoncer à la Charia, qui prescrit la peine de mort pour apostasie (Coran, 4:89) et éventuellement pour blasphème (9:47 ; 6:93) ; la décapitation et la crucifixion pour les incroyants (47:4 ; 5:33); l’amputation pour les voleurs (5:38) ; ainsi que la mise à mort des homosexuels, et la lapidation pour adultère (recommandées dans les hadiths).

■ Maîtriser les inégalités endémiques envers les femmes au nom de l’Islam, menant à la soumission aux hommes, au viol conjugal, au mariage d’enfants, au droit de déshériter, à la quasi-impossibilité de prouver le viol, ou d’obtenir le divorce et la garde des enfants.

■ Abolir « l’apartheid islamique » qui vise les gens non pour la couleur de leur peau mais pour leur sexe, leur comportement sexuel, leur religion, ou, parmi les Musulmans, la forme de leur foi personnelle.

■ Faire appel aux moyens modernes, presse et médias électroniques, pour éloigner les gens de « l’Islam de Médine ». Imaginer un support pour Musulmans dissidents pour diffuser leurs idées par YouTube, Twitter, Facebook et Instagram. Imaginer dix publications réformistes pour répondre à chaque édition de Dibaq d’ISIS ou de Inspire d’Al Qaeda.

Je doute pour ma part de la réussite de ces efforts : le rejet de la Charia ? Hirsi Ali elle-même cite des statistiques prouvant qu’une immense majorité de Musulmans en Égypte, au Pakistan, en Indonésie, au Bengladesh, au Nigéria, soutiennent l’application de la Charia. La séparation de la mosquée et de l’État, afin que partout dans le monde les Musulmans soient libres de changer de religion ? Difficilement imaginable. « L’abrogation » des versets de Médine, versets de l’épée du Coran ? De quelle manière, alors que les Musulmans croient que ce sont littéralement les dernières, paroles d’Allah dictées à Mahomet ?

Deux de ses suggestions portent cependant une espérance, et peuvent même conduire à une évolution majeure au cours des prochaines décennies — soit :

1/ : répandre l’interdiction morale contre les inégalités infligées aux femmes par l’Islam (Que font les féministes en l’occurrence ?), et, 2/ : faire bon usage des immenses moyens pédagogiques des nouveaux médias électroniques et de presse.

Puisque la moitié des Musulmans sont des femmes, et qu’on ne peut tenir fermées des « sociétés fermées » il se pourrait que les femmes Musulmanes (Cf le site Ayaan Hirsi Ali’s website) deviennent le catalyseur de la « révolution » souhaitée si passionnément par le président Égyptien Sisi.

30 janvier 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/01/30/on-the-reformation-of-islam/