« Réforme de la Curie, le traitement de choc. » Tel était le titre de La Croix du 21 mars 2022, qui expliquait en quelques mots ce dont il s’agissait : « Le pape François a signé la nouvelle constitution de la Curie, attendue depuis des années. Un acte majeur de son pontificat qui modifie les priorités de l’Église. » Les mots sont forts et requièrent quelques explications. Doit-on entendre que pareil changement correspondrait à une véritable révolution ? C’est La Croix qui avance le terme de « révolution » pour lui donner immédiatement une désinence non pas politique mais chrétienne. En langage évangélique la révolution se traduit par conversion, ce qui induit une problématique bien particulière. Conversion cela renvoie à un bouleversement intérieur qui vous rend plus proche de Dieu.
C’est sans nul doute un fil directeur précieux pour comprendre de quoi il s’agit avec cette réforme de la Curie, c’est-à-dire de cet organisme central qui permet au successeur de Pierre d’assurer la communion de l’Église universelle. L’évangélisation est aussi le mot d’ordre de cette constitution avec la création d’un dicastère qui acquiert une sorte de prééminence sous la présidence effective du pape lui-même. Ce qui semble bien signifier que l’autorité de celui-ci, loin d’être entamée dans les nouvelles dispositions, serait plutôt renforcée. Ce n’est pas la Curie qui préside, c’est le successeur de Pierre.
Que penser du statut de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui semble un peu diminuer, par rapport au dicastère de l’évangélisation. Il faudra sans doute attendre un peu, pour observer comment les relations s’organisent, mais il paraît douteux que l’évangélisation entre en concurrence avec l’intégrité de la foi. D’ailleurs, l’accent avait été mis sous Paul VI sur le caractère positif de cette mission assumée si longtemps par le grand théologien qu’était et qu’est toujours Joseph Ratzinger. L’ancien Saint-Office était souvent présenté comme un organisme répressif. La doctrine de la foi c’est la révélation chrétienne exposée dans toute sa richesse. Le lecteur attentif de Léon Bloy qu’est le pape François n’est sûrement pas disposé à opposer évangélisation et pureté de la doctrine car cela reviendrait, comme l’écrivait le pèlerin de l’absolu, « à faire hennir les constellations ».