Le 8 septembre 2022, l’éducation était partie prenante d’un grand chantier de « refondation » des services publics lancé par le chef de l’État. Au vu du délabrement de l’Éducation nationale, dont le taux de réussite au bac masque mal la dégradation du niveau, et surtout l’invasion en son sein d’idéologies néfastes comme l’indifférenciation sexuelle, il semble en effet que le système soit à bout de souffle. Ce qui suppose une interrogation très large pour espérer redresser la barre. Mais de quelle refondation parle-t-on ?
Certes la revalorisation annoncée du traitement des enseignants est la bienvenue. Mais au-delà ? Nul doute aussi que leur formation mériterait autant d’attention : les fameux IUFM, successeurs des écoles normales d’instituteurs et critiqués pour leur vision idéologique de l’éducation, ont changé de nom mais pas forcément de méthodes. Et peut-on véritablement parler de refondation de l’enseignement, et plus largement de l’éducation, si la prise en compte de la dimension spirituelle de l’enfant n’y figure pas ?
Le courage de dire la vérité
Dans l’enseignement comme ailleurs, le courage consiste d’abord à dire la vérité, sur l’homme et sur Dieu, sans la tordre pour plaire aux idées folles du temps. Le véritable éducateur, dit saint Bonaventure, est capable « de marquer son élève d’une empreinte de beauté, de lui infuser la lumière et de lui mettre au cœur une force virile ».
L’Église, de son côté, s’est toujours souciée de répondre aux besoins de son temps. C’est ainsi qu’au début du XVIIIe siècle, saint Jean-Baptiste de La Salle fut le pionnier de la formation des maîtres – on l’appelait « l’instituteur des instituteurs ». Il avait à ce point une haute idée de la profession qu’il ne voulait pas que ses religieux, les Frères des écoles chrétiennes, soient prêtres, de peur que cela les détourne de leur mission d’enseigner. « Regardez votre emploi, leur disait-il, comme l’un des plus excellents de l’Église puisqu’il est un des plus capables de la soutenir en lui donnant un solide fondement », grâce à l’éducation chrétienne de la jeunesse.
Aujourd’hui, les congrégations enseignantes sont hélas en perte de vitesse. Mais cette intuition demeure d’une actualité criante. Il est en effet urgent, si l’on veut hâter le redressement spirituel de la France, que se lèvent des vocations d’enseignants parmi les jeunes catholiques, et qu’ils soient soutenus et encouragés à la fois par leurs familles – la profession est certes moins rémunératrice que d’autres, et les embûches nombreuses… – ainsi que par l’Église, notamment par sa défense concrète d’une véritable liberté en matière d’enseignement, sans laquelle il ne peut y avoir de « caractère propre ».
Face à ces enjeux décisifs pour la jeunesse, les enseignants eux-mêmes, qu’ils soient du public ou du privé, ne peuvent rester tièdes, ni neutres. Dans une de ses lettres à son beau-frère Raymond de Blic, le 12 décembre 1899, saint Charles de Foucauld se plaint a posteriori de la neutralité de ses professeurs : « La jeunesse a besoin d’être instruite non par les neutres, mais par les âmes croyantes et saintes, (…) sachant rendre compte de leurs croyances, et inspirant aux jeunes gens une ferme confiance dans la vérité de leur foi. » Il savait de quoi il parlait : il en avait perdu la foi.