Réécriture de l’histoire de deux synodes - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Réécriture de l’histoire de deux synodes

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La dubia maintenant célèbre que le cardinal Burke et trois de ses collègues cardinaux ont envoyé au pape François est un effort sincère pour éclaircir ce qui est devenu une crise au sein de l’Eglise, au sujet du mariage, de l’adultère et de ce qui est requis pour être digne de recevoir la sainte Eucharistie. Ils ont tout à fait le droit de demander au pape François de montrer clairement que l’enseignement de l’Eglise n’a pas et ne peut pas changer. C’est le cœur du sujet. Les paroles du Seigneur sont claires et immuables. « Tout homme qui divorce de sa femme et en épouse une autre commet un adultère ». (Luc XVI, 18) Le souci pastoral de l’Eglise pour les personnes en difficulté dans leur mariage est enraciné et fondé dans la vérité de ces paroles. « La vérité vous rendra libres. » (Jean VIII, 32) Tout autre enseignement conduit à l’erreur et à la tristesse.

Les critiques repoussent cet effort en l’accusant de s’opposer aux Pères synodaux, et même à l’Esprit-Saint. Austen Ivereigh, par exemple, a récemment déclaré :

« François ne peut pas répondre directement aux cardinaux – bien qu’il l’ait fait indirectement un nombre incalculable de fois – sans miner cette action de l’Esprit Saint présente dans le processus de discernement le plus authentique depuis Vatican II…..Tout dans Amoris laetitia – même le chapitre 8 très controversé – a reçu une majorité des deux tiers dans un synode qui était notoirement franc, ouvert et prolongé. »

Ivereigh fait référence à une déclaration similaire du Pape :

Ici, tous les évêques du monde ont été entendus pendant la préparation ; toutes les Églises du monde, les diocèses ont travaillé… Il est intéressant de voir la riche variété de nuances, typique de l’Eglise. C’est l’unité dans la diversité. C’est la « synodalité ». Ne regardez pas tout cela de haut, mais écoutez les Églises, harmonisez les, discernez. Aussi y a-t-il une exhortation post-synodale, Amoris laetitia, qui est le résultat de deux synodes, dans lesquels toute l’Eglise a travaillé, et que le pape a faite sienne… Tout ce qu’ (Amoris Laetitia) contient, a été approuvé pendant le synode par plus des deux tiers des Pères. Voilà une garantie.

Est-ce que c’est une description exacte de ce qui s’est passé pendant les deux synodes ? Non. Les paragraphes 52 et 53 du rapport final (relatio) du Synode de 2014 disent ceci :

52. Le Père synodal (sic) a également considéré la possibilité de permettre aux divorcés remariés l’accès au sacrement de pénitence et de l’Eucharistie. Divers pères synodaux ont insisté pour que soit maintenue la discipline actuelle, à cause de la relation constitutive qui existe entre la participation à l’Eucharistie et la communion avec l’Eglise, ainsi que de son enseignement sur le caractère indissoluble du mariage. D’autres proposent une approche plus individuelle, en en permettant l’accès dans certaines situations et dans certaines conditions bien définies, essentiellement dans des situations irréversibles et celles contenant des obligations morales envers des enfants qui risqueraient d’endurer des souffrances morales injustes. L’accès aux sacrements pourrait avoir lieu à condition d’être précédé d’une pratique pénitentielle, déterminée par l’évêque du diocèse. Il faut examiner le problème de fond en comble, en gardant à l’esprit la distinction entre une situation objective de péché, et des circonstances atténuantes, étant donné que « l’imputabilité » et la responsabilité dans une action peut être diminuée et même annulée par l’ignorance, l’inadvertance, la contrainte, la peur, l’habitude, les attachements désordonnés et d’autres facteurs psychologiques ou sociaux » (Catéchisme de l’Eglise catholique 1735).

Et :

53. Certains pères synodaux ont maintenu que des personnes divorcées et remariées, ou celles qui vivent ensemble peuvent avoir recours avec fruit à la communion sacramentelle. A la suite de quoi les pères synodaux ont demandé une étude théologique plus approfondie de la question, dans le but de rendre plus clairs les traits distinctifs des deux options et leur lien avec la théologie du mariage.

Lors des votes, le paragraphe 52 a reçu 104 « oui » (placet) et 74 « non » (non placet). Le paragraphe 53 a reçu 112 « oui » et 64 « non ». Ils n’ont pas reçu l’approbation des deux tiers nécessaire, ce qui les a exclus du rapport final, conformément aux règles du synode.

Toutefois, le pape François a donné des instructions pour que les deux paragraphes soient inclus. Ils n’ont pas été publiés en annexe avec une note indiquant que François avait ordonné leur publication. Le seul moyen pour le lecteur de savoir ce qui s’est réellement passé, est de consulter le décompte des votes paragraphe par paragraphe. Mais même ainsi, aucune note ne spécifie qu’une majorité des deux tiers des voix des Pères synodaux était nécessaire pour que le texte soit approuvé. Les votes montraient clairement que les deux tiers des Pères synodaux en 2014, avaient choisi de ne pas continuer à discuter sur le sujet de la sainte communion pour les divorcés remariés lors du synode ordinaire de 2015.

Le pape François n’a pas tenu compte de tout cela quand il a décidé d’inclure les deux paragraphes dans le document de travail destiné au synode de 2015. (instrumentum laboris, paragraphe 122-125). Il a toute liberté pour le faire, bien sûr. Mais cette inclusion représente la décision personnelle du Pape sur ce dont il voulait que l’on discute en 2015.

Dans le rapport final du synode ordinaire de 2015, le troisième chapitre (« Famille et accompagnement pastoral ») les paragraphes 84-86 portent le sous-titre « Discernement et Intégration ». Ils touchent le sujet des catholiques divorcés et remariés, particulièrement le paragraphe 86 qui parle d’une « réflexion en son for intérieur avec discussion avec un prêtre », et d’une « participation plus complète à la vie de l’Eglise ». Cependant, il n’y a aucune mention d’accorder la communion à des catholiques divorcés et remariés. Les mots « sacrements » ou « Sainte communion » n’apparaissent nulle part dans ces paragraphes.

Une majorité des deux tiers a approuvé ces trois paragraphes. Et même ainsi, il y a eu beaucoup de votes contre : le paragraphe 84 a été approuvé avec 187 voix contre 72 ; le paragraphe 85 par 178 voix contre 80 et le paragraphe 86 par 190 voix contre 64.

Un important commentaire sur internet concernant le rapport final de 2015 observait à propos du paragraphe 86 :

« Au cours des années, ceux qui plaidaient en faveur d’autoriser les divorcés remariés à avoir accès à la sainte communion ont souvent suggéré qu’ils en aient la permission dans leur « for intérieur » c’est-à-dire à la suite d’un entretien privé avec un prêtre ou un évêque. Ainsi, la référence au for intérieur pouvait être interprétée comme un encouragement à cette manière de voir, ce qui explique probablement le nombre plus important de « non » dans les votes de cette section plus que dans aucune autre du rapport. Tel que c’est rédigé cependant, il n’est pas entièrement clair que de recevoir la communion constituerait « la participation plus complète à la vie de l’Eglise », à laquelle le paragraphe se réfère. »

Les pères synodaux qui ont voté en nombre significatif contre ces trois paragraphes, se méfiaient évidemment de ce que voulait dire une ‘participation plus complète’ à la lumière des efforts faits précédemment pour promouvoir la participation à la communion sacramentelle pour les divorcés remariés. Leurs appréhensions n’étaient pas imaginaires.

En bref, on ne peut pas prouver que les deux tiers des Pères synodaux, que ce soit en 2014 ou en 2015, aient voté pour un changement de la discipline sacramentelle et un développement de la doctrine selon laquelle, en certains cas, des gens qui vivent en état objectif d’adultère, et qui ont l’intention de continuer à vivre ainsi, pourraient maintenant recevoir la sainte communion.

16 décembre 2016

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/12/17/rewriting-the-history-of-two-synods/