Recherche sur les cellules-souches: que s'est-il passé ? - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Recherche sur les cellules-souches: que s’est-il passé ?

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Discours présidentiel, 9 août 2001

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Que s’est-il passé dans la recherche sur les cellules-souches? Bien des choses. Mais ce n’est plus un sujet majeur de conversation politique. De plus, elle avance maintenant sur des chemins moralement plus acceptables. Et pour celà, un grand merci au Président George W. Bush.

Voici dix ans cette semaine, il prononçait son premier discours à l’heure de grande écoute, et, il faut le retenir, sur un sujet politiquement fort controversé, avec bien des élites mobilisées contre lui. Et il tint bon.
Les communautés scientifiques et politiques s’agitaient à propos du rôle thérapeutique potentiel des cellules-souches depuis leur découverte en 1998. Les cellules-souches embryonnaires nous permettraient de re-créer des organes entiers. Les boiteux marcheraient, les aveugles verraient, les sourds entendraient.

Alors vint George Bush, ce chrétien du Néandertal. Tout ce que ces miracles médicaux attendaient? : des fonds fédéraux. Tout le monde en voulait, le Congrès, le peuple Américain, et Chris Matthews. [NDT: journaliste politique américain].

Le Président Bush entama un dialogue interminable avec des experts de différents domaines. Il rencontra des scientifiques, des experts en éthique, des théologiens, des médecins, et des philosophes. Pour beaucoup, naturellement, ça ne posait pas de questions: il suffisait d’utiliser les embryons en surnombre de la fécondation in vitro.

Face aux micros, ce soir du 9 août 2001, Bush déclara que la recherche sur les cellules-souches « posait l’une des plus graves questions de notre temps.» Et il ajouta « la plupart des scientifiques, au moins dans l’immédiat, pensent que la recherche sur les cellules-souches ouvre d’immenses perspectives car ces cellules ont la possibilité de se développer dans tous les tissus du corps.»

Bush aborda alors les questions d’éthique, principalement deux interrogations essentielles: « ces embryons congelés sont-ils des êtres humains, et, par conséquent un bien précieux qu’il faut protéger? Et s’ils sont voués de toutes façons à la destruction, ne devrait-on pas les utiliser en vue d’un grand bien? » Il avait reçu des réponses divergentes à chacune de ces questions.

À cet instant on sentit une certaine tension, car nul ne savait ce qu’il ferait. « Tout au fond, ce sujet nous oblige — dit-il — à faire face aux questions fondamentales sur les débuts de la vie et sur les limites de la science. Nous nous trouvons à un carrefour moral compliqué, mettant face à face le devoir de protéger la vie à toutes ses étapes et la perspective de soigner et améliorer la vie tout au long de l’existence.»

Vers la fin de son éloquent discours, Bush annonça qu’il accorderait des aides fédérales à la recherche déjà lancée sur soixante catégories de cellules, et que le gouvernement des États-Unis ne serait nullement favorable à la mise à mort d’embryons. Il accorderait aussi des subsides à la recherche de méthodes alternatives, et créerait une Commission présidentielle pour étudier ces problèmes et le conseiller.

Le contrecoup fut immédiat, violent et durable. Même les évêques catholiques, bien que soulagés par l’interdiction de Bush de mettre à mort des centaines de milliers d’embryons congelés, contestèrent les crédits alloués aux expériences sur des embryons déjà tués pour leurs cellules-souches, perpétuation d’une mauvaise action. Beaucoup déclarèrent que Bush agissait ainsi pour préparer sa réélection.

Sa politique ne mit pas un terme à la controverse. Rappelez-vous les discours lors de la convention nationale du parti Démocrate. Presque tous citèrent la recherche sur les cellules-souches. John Kerry annonça qu’il la financerait intégralement, sous un tonnerre d’applaudissements. Même Ron Reagan Junior fut invité à s’exprimer en faveur de la recherche destructrice d’embryons. Le parti Démocrate avait trouvé le coin à enfoncer dans la politique sociale.

Mais un événement survenait déjà, cajolé par la politique de Bush. William Hurlbut, de l’Université de Stanford, lançait l’idée appelée « Transfert de noyau modifié » ( Altered Nuclear Transfer – ANT), sorte de bouturage qu’il annonçait comme permettant de créer des souches multivalentes sans faire appel à l’embryon humain.

Hurlbut fut invité à la Commission présidentielle de bioéthique, en compagnie d’inébranlables conseillers, tel le Professeur Robert George, de Princeton, mais aussi d’opposants comme Michael Sandel de Harvard et Michael Gazzaniga de l’Université de Californie – Santa Barbara. Lorsque Hurlbut présenta le projet ANT à la commission, Gazzaniga fit de l’humour: « alors, on met l’âme de côté, et on la remet en place après? »

La suggestion éthique de Hurlbut ne fut pas seule. Donald Landry, de l’Université de Columbia, expliqua qu’il pouvait reconnaître médicalement la mort d’un embryon, et donc prélever des cellules-souches selon les règles éthiques, un peu comme pour les greffes d’organes. En même temps nombre de scientifiques connaissaient le succès avec des cellules-souches adultes. C’est la confrontation des scientifiques aux profondes questions éthiques, travaillant aux extrêmes frontières de l’éthique.

Bien souvent l’absence de règles entraîne le chaos, alors que des règles étroites permettent d’aboutir à une plus grande créativité — et même à la beauté. C’est la grande contribution de Bush. Il a encouragé les chercheurs — leur a donné de l’espace — pour se mettre en conformité à l’éthique.
La pression politique ne faiblissait pas, mais Bush était le plus ferme. Le Congrès vota en 2006 une loi accordant des crédits à la recherche par destruction d’embryons. À nouveau, Bush se dressa à la Maison Blanche, cette fois entouré de « bébés-flocons de neige », adoptés en tant qu’embryons congelés et implantés au sein de mères adoptives. Il déclara: « ces garçons et ces filles ne sont pas des pièces de rechange.» Une tentative de passer outre au veto échoua le lendemain, grandement grâce à l’annonce par Hurlbut que les cellules-souches pouvaient être obtenues de manière éthique.

Peu après, Shinya Yamanaka [NDT: chercheur japonais sur l’induction des cellules souches embryonnaires] annonça qu’il avait obtenu des cellules-souches à potentiel multiple (iPS) par manipulation de cellules adultes reprogrammées en cellules-souches embryonnaires. Le découvreur des cellules-souches embryonnaires annonça qu’il n’y avait plus besoin d’embryons dans la recherche.

Jeu, Set, Match ? ? ? Pas encore, loin de là.

Hurlbut explique que de nombreux problèmes subsistent avec « ANT » et « iPS ». Comment pourrait-il en être autrement? Nous poursuivons la minutieuse recherche du moindre détail, en tant qu’humains. Selon lui, les cellules-souches d’embryons sont encore considérées comme « l’étalon-or », et une société de bio-technique, la société Geron, a investi 200 millions de dollars (140 millions d’euro) dans une telle recherche.

Mais nous n’aurions pas eu la moindre chance si le Président Bush n’était pas resté « droit dans ses bottes » ce soir-là voici dix ans — et n’avait pas persévéré dans cette attitude au fil des ans. Sans lui, ce combat pour la dignité humaine aurait été perdu depuis bien longtemps. Il n’est pas gagné, mais grâce à lui et à de nombreux autres combattants, nous avons bon espoir de vaincre.