Recherche sur l'embryon : répréhensible et rétrograde - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Recherche sur l’embryon : répréhensible et rétrograde

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Il m’est arrivé de citer dans cette chronique le nom du philosophe Gunther Anders, sans doute moins connu que celle qui fut son épouse, la prestigieuse Hannah Arendt, mais dont l’importance est pour moi équivalente à la sienne dans l’histoire de la pensée. Certains textes d’Anders continuent à être publiés en français chez des petits éditeurs, ce qui ne facilite pas leur diffusion, mais permet à des lecteurs avertis d’approfondir des questions essentielles soulevées par un penseur qui a voulu réfléchir intensément aux défis posés par l’instrumentalisation de l’homme. L’homme comme objet d’expérimentation technique ce n’est pas une mince affaire. C’est la seconde guerre mondiale et ses crimes monstrueux, suivie des bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki qui avait conduit Gunther Anders a considérer ce qu’il appelait l’obsolescence de l’homme. Oui, l’homme était un être fragile, et la technique, dont on attendait pourtant monts et merveilles, pouvait un jour le dominer, au point même d’en annihiler l’intégrité.

J’ai repensé à Anders en apprenant que le Sénat, la chambre haute de la République française, venait de légitimer la recherche sur l’embryon humain. La science aurait donc tous les droits, au point de ramener la condition de l’embryon à celle d’un rat ou d’une souris, sur lesquels sont expérimentés les thérapeutiques futures ? On sait d’ailleurs que la souffrance animale provoque la colère de ceux qui ne la supportent pas et à qui il arrive de mener des expéditions pour libérer leurs amies les bêtes. Et on ne réagirait pas lorsqu’il s’agit de l’humain ! Bien sûr, il y a ceux qui prétendent que l’embryon n’est qu’un amas de cellules, qui n’a donc pas statut d’humanité. Mais qu’en savent-ils ? Leur opinion est purement arbitraire. Ils s’érigent le droit de décider d’un seuil d’humanisation, qui les met en situation de toute puissance.

Par ailleurs, c’est la recherche scientifique la plus pointue qui nous commande de respecter l’humanité de l’embryon. Le prix Nobel de médecine vient d’être accordé aux professeurs Yakamana et Gurdon qui ont montré que l’on pouvait adopter une attitude éthique en privilégiant une recherche tout à fait sûre et prometteuse, sans toucher à l’intégrité des embryons. La décision du Sénat est donc à la fois moralement répréhensible et scientifiquement rétrograde.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 6 décembre 2012.