Raz-de-marée de la misère ? - France Catholique
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Raz-de-marée de la misère ?

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En dépit de notre situation économique précaire, de notre taux de chômage élevé, nous ne devrions pas trop nous plaindre, dit-on, parce que nous comptons toujours parmi les nations les plus favorisées de la planète. Ces jours-ci encore, ne faisait-on pas remarquer que la France était en mesure d’accueillir les milliers de réfugiés que l’Union européenne nous adresse, parce que l’effort n’était nullement démesuré par rapport à nos moyens ? Pourquoi alors cet optimisme est-il mis sérieusement en doute par le Secours populaire, qui n’hésite pas à parler d’un « raz-de-marée de la misère » ? Oui, chez nous ! Un sondage IPSOS révélerait que 57 % des personnes interrogées ont été sur le point de connaître une situation de pauvreté. 35 % d’entre elles l’auraient connue effectivement. Je sais bien qu’avec Péguy, il conviendrait de distinguer entre pauvreté et misère, la misère étant facteur de déchéance alors que la pauvreté permet encore une certaine dignité de vie.

Il n’empêche qu’une telle enquête a de quoi nous inquiéter à propos d’une société qui se fissure intérieurement et où la confiance s’estompe. 87 % des Français craindraient pour le sort de leurs enfants. On signale des difficultés de chauffage chez les vieux et des problèmes alimentaires chez les jeunes. Étonnant paradoxe que ce pessimisme au sein d’une société qui se voulait définitivement engagée dans un progrès irréversible. Il y a vraiment de quoi s’interroger sur nos fondamentaux. Car cela n’a rien à voir avec les mutations nécessaires liées à ce que le pape François appelle « la conversion écologique ». Bien sûr qu’il faudra s’orienter vers d’autres modes de vie, à l’opposé d’une certaine frénésie de la dépense. Mais cela n’a rien à voir avec ce que nous observons autour de nous. Lorsqu’un grand nombre de nos concitoyens se privent de plus en plus des soins médicaux et ne vont plus jamais chez le dentiste, trop cher pour eux, ce n’est pas vers la nouvelle économie sociale désirée que l’on se dirige mais vers une dégradation progressive du corps social dans son ensemble. Face aux prochaines échéances électorales qui se profilent, voilà un sujet primordial dont devraient s’emparer ceux qui prétendent aux responsabilités publiques.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 9 septembre 2015.