Raymond Poulidor - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Raymond Poulidor

Raymond Poulidor est décédé mercredi 13 novembre à Saint-Léonard de Noblat (Haute-Vienne). Il y a quelques années, à l'occasion d'un passage sur Radio Notre-Dame, Gérard Leclerc rendait hommage à cette figure qui a marqué le cyclisme et le Tour de France.
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Raymond Poulidor devant Roger Pingeon, vainqueur de cette étape du Galibier, Tour de France, 1967.

Raymond Poulidor devant Roger Pingeon, vainqueur de cette étape du Galibier, Tour de France, 1967.

La présence de Raymond Poulidor ce matin à Radio Notre Dame est pour moi une joie, largement partagée – j’en suis sûr – par nos auditeurs. Pour ceux qui ont déjà un peu vécu, quelle somme de souvenirs ! Il y a quelques jours, je suis tombé sur un chauffeur de taxi qui avait été aussi coureur cycliste, et qui plus est, s’est révélé natif de la Creuse, près de Bourganeuf. Et ami de Raymond Poulidor ! Je l’ai interrogé sur les champions qui avaient enchanté mon enfance. Je pensais, par exemple, à Louison Bobet, triple vainqueur du Tour de France, et qui alliait une sorte d’héroïsme à l’élégance. Mon chauffeur s’en souvenait comme d’une star, parfois un peu hautaine. Sur Raymond Poulidor, il ne tarissait pas d’éloges, pour sa gentillesse, sa proximité, sa simplicité.

Au terme de la course, si j’ose dire, j’ai vivement remercié mon chauffeur de taxi, pour ses précieuses impressions sur un monde qui est partie prenante de notre imaginaire national. Le Tour de France, plus que centenaire, est le rendez-vous obligé de nos mois de juillet. Il y a quelques années, le quotidien Le Monde avait, dans un éditorial me semble t-il, réclamé l’arrêt du Tour pour scandale de dopage. L’éditorialiste reconnaissait d’ailleurs que c’était une décision lourde, mais qu’il fallait prendre en raison même du prestige du Tour du France et de sa valeur symbolique dans la tête des Français. Si la direction du Tour s’était rendue aux objurgations de notre quotidien de référence, c’eût été un véritable drame national.

Comment expliquer cette importance singulière du Tour de France? Il y a bien des raisons. D’abord le décor qui est celui-même de notre territoire avec toutes ses merveilles, ses paysages, ses villes, ses villages, ses monuments. Depuis que la télévision s’est mise de la partie, c’est un festival. La France se redécouvre dans son étonnante diversité. Mais il y a bien sûr le caractère particulier du cyclisme, avec ce long périple par étape qui va jusqu’à Paris. C’est bien autre chose qu’un championnat de foot ou un tournoi de tennis. C’est une véritable épopée qui se construit chaque jour, dans la souffrance, avec des rebondissements, parfois des retournements. Et puis quel spectacle ! Aucun sport ne sera jamais capable d’égaler la montée à l’Alpe d’Huez. À chaque fois, c’est la même tension, la même admiration. Les champions se succèdent mais chacun renouvelle à sa manière un exploit qui ajoute quelque chose de plus à cette formidable étape.

Merci à nos champions de nous faire vivre de telles émotions. Les enfants de ma génération se souviendront toujours de la victoire de Bobet dans la montée de l’Izoard, du coude à coude de Jacques Anquetil et de Raymond Poulidor dans le Puy-de-Dôme. Une inquiétude, pourtant. N’y aurait-il pas quelque chose de changé entre le cyclisme pratiqué hier par Raymond Poulidor et celui d’aujourd’hui, qui, en dépit de la valeur des champions a du mal à se dégager du soupçon et des scandales ? Il est vrai que le cyclisme n’est pas seul en cause; loin de là. Mais pourra t-il encore faire rêver les gosses de demain, comme il nous a fait rêver, nous autres ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er décembre 2009.