Nous voilà donc entrés dans la grande semaine, celle qui nous bouleverse chaque année, parce que nous y revivons ce que le grand théologien Hans Urs von Balthasar appelait « la Dramatique divine ». Dramatique, cela s’entend au sens de la tragédie grecque, mais avec cette surdétermination existentielle qui fait que nous ne sommes pas dans la représentation symbolique mais dans la réalité de l’homme Dieu jeté dans l’effroyable drame de la crucifixion. J’entendais, il y a quelques jours, un intellectuel, qui tente de prolonger l’hostilité nietzschéenne au christianisme, expliquer que le Christ était un curieux personnage, étranger à la vie parce qu’il ne se nourrissait que de symboles !
Quelle méprise, cher Michel Onfray! Celui qui va vivre la Passion est celui qui a épousé notre condition humaine, dans la chair, jusqu’à l’extrême de l’agonie et de la souffrance. Et même au-delà, puisqu’il porte le péché du monde et accomplit la Rédemption. Bien sûr qu’il porte en lui tous les symboles possibles. Le Verbe de Dieu fait chair est le paradoxe absolu au regard de notre intelligence, et de l’intelligence de notre propre humanité. Et pour le comprendre, il nous faut suivre pas à pas la liturgie de la grande semaine. Nous avons commencé hier avec les Rameaux et l’entrée triomphale à Jérusalem. Quel abîme de sens! Cette entrée dans la Ville sainte, sous les acclamations messianiques. Mais des palmes de la procession, nous passons sans transition au récit de la Passion. Le triomphe humain semble contredit par la Dramatique de la Croix. Mais la croix est le vrai triomphe, dont jaillit le salut et la gloire pour notre humanité.
Chronique lue le 18 avril sur Radio Notre-Dame