Radicalisme évangélique et esprit du monde - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Radicalisme évangélique et esprit du monde

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© Fred de Noyelle / Godong

Je m’interrogeais hier sur les positions assez radicales du théologien américain William Cavanaugh en matière politique. Car selon lui, le simple fait de s’engager dans des formations politiques partisanes est gros du danger de trahir l’esprit de l’Évangile. On pourrait reprocher à l’intéressé une sorte de purisme qui comporte aussi ses propres risques. Sans doute, l’Évangile de saint Jean met-il suffisamment en garde contre l’esprit du monde. Les chrétiens ne sont pas du monde, en ce sens là. Mais en même temps, ils ne peuvent pas être absents de la cité, sous peine de se retrancher dans un quant-à-soi qui exclue l’ensemble de leurs concitoyens.

Cependant, William Cavanaugh se défend de tout purisme, d’autant qu’il n’idéalise pas la communauté ecclésiale : « L’Église, affirme-t-il, n’est pas l’arche du Salut dans un monde en déluge. Elle est un sacrement, ce qui signifie une sorte de réalité matérielle très ordinaire du monde qui vient de Dieu et à travers laquelle Dieu a choisi de se manifester. » Il ne s’agirait donc pas de se retrancher dans une enclave parfaite. Bien plutôt faudrait-il découvrir les possibilités nouvelles qu’offre la voie évangélique, en les explorant à l’aide de non chrétiens. Il y a sûrement là une perspective intéressante, qui n’est pas indemne d’objections. La première étant, comme je le notais hier, l’abandon de la vie civique proprement dite, celle qui passe nécessairement par les institutions et les fonctions diverses du pouvoir.

Mais le mérite de Cavanaugh est de nous obliger à mesurer les obstacles. Pour lui, il s’agit de vivre en chrétien sérieusement, et pas seulement en tant que chrétien, pour reprendre une expression de Jacques Maritain, qu’il conteste d’une façon tout à fait féconde.