Je conduis depuis 1962 et je roule beaucoup : j’affiche donc un kilométrage assez impressionnant à mon compteur. Ma vie a été assez exposée et je ne suis vivant que par grâce : mais exposée pas tellement moins sous le régime des radars qu’autrefois où la vitesse était illimitée… Je reconnais cependant qu’il est excellent que cette vitesse soit réduite et je tâche le plus possible de la respecter. (Je ne souhaite cependant pas qu’elle soit encore réduite : le temps est long sur les itinéraires hors des autoroutes auxquels mon impécuniosité me réduit et la fatigue envahissante)…
Il y a pourtant un mais : cette vitesse imposée n’est pas respectée de la même façon par ceux qui ont les moyens de se procurer tous les outils de détection des radars que par ceux qui n’en dispose pas. Je constate à chaque fois que je prends la route que le nombre de ceux qui me doublent alors que je m’en tiens à la vitesse normalisée est considérable : je ne pourrais pas les imiter sans risque…
Il y a des faits qui me déconcertent, par exemple l’irruption soudaine de bruits faramineux ! Le vacarme produit par certaines motos a parfois des conséquences néfastes sur « ma » sécurité : plusieurs fois j’ai été surpris par un excès brutal de décibels sur mon côté gauche : la surprise me faisant alors dévier sous le choc, car il s’agit bien d’un choc, et violent, capable de provoquer un sursaut de tout le corps ! Le comble, c’est que le souvenir que j’en ai, précis, est que le motocycliste avait comme pris un certain plaisir à me surprendre : il frôlait quasiment ma portière ! Cela m’est arrivé une fois au niveau d’un radar ! Amende et mise de côté d’un point…
Quand je sors de mon ahurissement, le motard est loin, filant à plus de 200 cents km à l’heure, et je n’ai plus qu’à rectifier d’urgence ma trajectoire. Mais le risque encouru n’était que de cogner la voiture à ma droite sur une autoroute à trois voies ! Rien, en somme.
J’ai eu le même type d’agression sonore sur ce qui était autrefois une nationale : à frôler le fossé. Heureusement, le Seigneur m’a donné des nerfs solides, et mes variations sur de telles musiques restent de courtes durées.
Tout cet alignement de faits m’indiquent que le tout radar est loin d’être la cause principale de la réduction continue des morts sur nos routes, ce qui d’ailleurs me ravit : il est probable que, bien avant leur entrée en service, les automobilistes eux-mêmes dans leur majorité sont devenus plus prudents.
Je demeure encore sur un point non étudié : nous autres conducteurs, sommes-nous capables d’avoir un comportement de robot ? D’être absolument insensibles à ce qui se passe devant nous ou même sur les côtés, parfois sur nos arrières ? Un admirable couché de soleil nous influence-t-il, mais en quel sens ? Les appels répétés et énervés des gros calibres pour que je dégage alors que je suis à la vitesse recommandée, je connais ! Le bruit, aussi… par exemple, celui d’un avion de chasse qui passe au ras des casquettes… Les odeurs ? La seule perception de celle d’un épandage fort nauséabond provoque, ne fut-ce qu’un instant, une accélération instinctive qui peu parfaitement se produire devant un radar alors bien éloigné de notre préoccupation immédiate, rien de moins que fuir…
Je ne veux pas la mort des radars, je veux simplement être traité comme devrait l’être tout être humain.
Pour aller plus loin :
- Radars, injustices et observations - 3 – Des progrès indubitables bien avant les radars
- Radars, injustices et observations - 1 – Introduction du thème :
- Radars, injustices et observations - 2 – Le contrevenant et la « multipeine »
- La paternité-maternité spirituelle en vie monastique est-elle menacée en Occident ?
- De quelques détails