Existe-t-il une approche catholique des vacances d’été ? Une période de vacances peut-elle être sanctifiée ? Si oui, Qu’est-ce que cela veut dire, et qu’est-ce que cela impliquerait pour le reste de l’année ?
Disons que ce sujet devrait être le premier de la liste de chacun, comme étant de la plus haute importance, au moins à cause de son lien avec le dimanche. Le mot « vacance » est introuvable dans le catéchisme, par contre « repos » est souvent mentionné, toujours en connexion avec le Jour du Seigneur : « L’institution du jour du Seigneur permet à chacun de bénéficier d’un repos adéquat, et de loisirs pour cultiver la vie familiale, culturelle, sociale et religieuse. » (Catéchisme de l’Eglise catholique, n. 2184)
En effet, le Catéchisme nous rappelle que le premier précepte de l’Eglise est « Tu assisteras à la messe le dimanche et les jours de fêtes d’obligation, et te reposeras du travail servile. » Si nous avons des problèmes pour assister à la messe, soit de façon imposée, soit de notre propre chef, nous risquons d’avoir des difficultés également avec le « repos chrétien » qui n’est pas quelque chose de négatif mais un accent positif sur les valeurs de la famille, de la culture, de l’association et de la religion. Devrions-nous nous attendre à ce que quelqu’un qui vit mal le jour de repos hebdomadaire en fasse autant avec le temps de repos annuel ?
Peut-être le COVID – 19 a-t-il rendu les choses plus claires pour nous. Quand il est impossible d’assister à la messe, nous pouvons avoir besoin d’autres moyens d’observer le jour du Seigneur pour tenir compte de l’importance qui lui est due ; et pourtant, nous pouvons voir et sentir que ces moyens ne prospèrent pas spontanément – qu’ils trouvent leur sens précisément comme fruit et bénédiction du culte divin.
Les vacances signifient un temps rendu vide (vacant). Vide de quoi ? Du fait de réclamer de notre temps pour rechercher des biens nécessaires à la vie, qui, à une époque plus simple, étaient nourriture, vêtement et toit. En bref, une vacance est un loisir. Comme le temps pour prier, le loisir se construit, on ne le trouve pas. Plus nos besoins ou ce qui nous semble nos besoins primordiaux sont importants, plus il est difficile de trouver du temps pour eux, mais aussi plus il est important d’en trouver.
On a fait la louange de Joseph Pieper pour avoir redonné vie, en tant que sujet profond de philosophie, à la question des loisirs. Il l’a revivifiée parce que l’éthique d’Aristote concernait déjà, en définitive, la manière de gérer les loisirs. Pour les anciens, c’était tester le caractère d’un homme que de voir comment il choisirait d’utiliser son temps libre (en réalité, sa liberté) s’il en avait ? Supposons qu’il se soit trouvé sur les îles des bienheureux (c’est ainsi qu’ils les nomment) que ferait-il ? Ou ne serait-il pas à la hauteur d’une telle bénédiction ?
« Si j’étais un homme riche » chante Tevye dans Un violon sur le toit, il aurait finalement des loisirs, et passerait son temps à discuter de questions de droit (du moins est-ce ce qu’il dit). C’est une admirable conception juive. Un chrétien demanderait plutôt : Si j’étais au paradis, qu’est-ce que je ferais ? – Car on pourrait associer complètement le paradis à ce qu’un chrétien choisirait s’il avait des loisirs. Requiescat in pace : puisse-t-il profiter de ses vacances éternelles de la façon voulue par Dieu.
Il s’ensuit que les vacances devraient être -pour autant que nous le puissions- une anticipation du ciel, et une participation à celui-ci. Beaucoup de choses en découlent. Par exemple, ceux qui pensent que pendant les vacances, ce n’est pas la peine de se préoccuper de la messe ou de la confession ont tout faux. Les vacances sont au contraire le moment où une famille est libre d’aller recevoir les sacrements et de prier ensemble facilement. Chose importante, c’est un moment où les enfants peuvent voir leurs parents prier.
Nous avons la mauvaise habitude d’aimer avoir des obligations et de chercher à échapper au temps libre. Il en est de même avec la prière, ainsi qu’avec « l’école » mot qui, curieusement, vient du grec loisir (schole) – ceci basé sur le fait qu’il était bon pour les jeunes d’échapper au travail de la ferme ou de l’usine, pour pouvoir se consacrer à la connaissance, à la culture et à la religion.
Quand aucun travail servile n’attend dans les coulisses, l’école semble pénible, et n’est plus une marque de liberté, et un privilège. La vérité est que travail et temps libre sont extrêmement importants, à condition que chacun reste à sa propre place, et si le temps libre est vécu comme il le faut, tout le reste se retrouvera à sa place.
Le simple Repos est comme le sommeil, une absence d’effort, qui permet de récupérer nos facultés d’action.
La Relaxation est le contraire de la tension ; l’alternance de périodes de tension extrême et de relaxation complète est incomparable pour la croissance et la créativité.
La Récréation est une création nouvelle et répétée et non une absence d’activité, mais des activités différentes qui construisent de nouvelles facultés pour l’action.
Le Rajeunissement est le fait de redevenir jeune, en faisant typiquement ce que nous faisions quand nous étions jeunes, pour retrouver de l’optimisme, et voir les choses sous un jour nouveau.
Ce sont toutes des choses divines, et les vacances d’un chrétien devraient les contenir toutes. (Notez que « les distractions » ne sont pas sur la liste : on ne les inclut qu’attachées à l’une des autres.)
On peut déjà se rendre compte que toute vacance doit être organisée, même s’il s’agit de quinze jours de temps libre à la mer, afin de ne pas créer de fausses obligations, mais aussi pour ne pas gaspiller le temps, pour rendre le temps aussi fécond que possible. Mari et femme devraient planifier leurs vacances ensemble, et les familles devraient organiser des « conseils » pour que tous comprennent le programme et coopèrent ensemble au bien commun. Au minimum, il faut faire des listes et suivre un certain programme quotidien : il faut de la discipline, mais rien de pesant.
Aucune vacance chrétienne n’est complète sans la Croix, ce moyen de sanctification. Rarement, la Croix sera quelque chose comme une rencontre avec « le Dérangeur » (comme dans ces vacances décrites par Flannery O’Connor) – bien que cela arrive parfois. Il est plus courant de la rencontrer dans une gastro, une panne de voiture, un vol, ou peut-être un mauvais rapport qualité-prix.
Quand Dieu nous présente une Croix inattendue, les parents peuvent donner l’exemple d’une débrouillardise typiquement chrétienne, en acceptant la Croix avec bonne humeur et en attendant de voir, avec confiance, quelles grâces en résulteront.