Nos amis protestants célèbrent cette année le cinq centième anniversaire de la Réforme. J’éprouve quelques complexes de n’avoir pas pris part suffisamment à cette commémoration, ne serait-ce qu’au titre de la fraternité œcuménique. D’autres tâches m’ont requis, je n’ai pas pu prendre le temps suffisant pour réétudier ce dossier de la Réforme et ses implications actuelles. En 1983, pour le cinq centième anniversaire de la naissance de Martin Luther, j’avais réalisé une longue enquête au Quotidien de Paris, où je travaillais alors, qui m’avait pas mal occupé. J’avais beaucoup lu pour revenir à l’histoire personnelle du grand réformateur, au destin des Églises de le Réforme. Et j’avais même réalisé plusieurs reportages de terrain qui m’avaient permis une connaissance directe du monde protestant, de ses paroisses, de ses institutions et de quelques-unes de ses personnalités. On m’en avait su gré à l’époque et j’avais même été invité sur France 2 à l’émission Présence protestante.
Si j’avais refait le même travail cette année, j’aurais été obligé de tenir compte de l’émergence des chrétiens évangéliques qui sont montés en puissance depuis 1983. L’importance qu’ils ont prise pose d’ailleurs de nombreux problèmes aux fidèles des confessions protestantes traditionnelles. Ces derniers sont souvent décontenancés par leur façon plus exubérante de prier, par leur mentalité aussi, qui s’apparente aux courants américains. Le dernier numéro de l’hebdomadaire Réforme est consacré au visage actuel du protestantisme français. Il tient compte évidemment de ce problème. Sa directrice, Nathalie Leenhardt, note que la coexistence ne va pas « sans tiraillement et sans frottement ». Mais poursuit-elle : « C’est comme dans une famille où l’on se rassemble sans être identique mais où l’on se reconnaît issu d’une même origine. Difficile fraternité à retisser jour après jour, mais les protestantes, les protestants se veulent acteurs. »
Ainsi nos amis protestants sont-ils amenés à vivre d’abord l’œcuménisme entre eux. C’est peut-être une chance pour l’œcuménisme qui vaut à l’égard de l’ensemble des chrétiens, où il s’agit aussi d’aspirer à plus de communion, au-delà des tiraillements et des frottements.
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 25 octobre 2017.
Pour aller plus loin :
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