Chaque année, un certain dimanche, près de 2.000 pasteurs évangéliques montent en chaire et dénoncent et parfois même soutiennent les candidats aux postes du gouvernement fédéral. N’est-ce pas illégal ? N’est-ce pas une violation de la loi qui interdit aux organisations à but non lucratif de dire quoi que ce soit de positif ou de négatif sur les candidats aux postes du gouvernement fédéral? Les pasteurs ne le pensent pas, et ils agitent le drapeau sacré en plein dans le visage de l’IRS (Centre Federal des Impôts). Venez nous chercher, si vous l’osez.
En fait, certains pasteurs enregistrent leurs sermons et les envoient à l’IRS. Le révérend Barry Lynn, responsable des Américains Unis pour la séparation de l’Église et de l’État, groupe fondé par des protestants anti-catholiques, a déposé une plainte officielle auprès de l’IRS. Mais après plusieurs années, l’IRS n’a toujours pas bougé. Aucun n’a perdu son statut d’exonération fiscale. Aucun. Et cela se passe depuis 2008.
« Un dimanche de liberté en chaire » était l’idée de l’Alliance pour la défense de la liberté, un cabinet d’avocats à but non lucratif qui gagne 30 millions de dollars par an et se spécialise dans les questions de vie, foi et famille. Ils sont 37- 0 devant la Cour suprême. Ils se réjouissent à la perspective que l’IRS poursuivra une de ces églises évangéliques. Ils croient qu’ils pourront défoncer la façade par laquelle l’IRS a forcé le clergé à se taire.
L’IRS est explicite. Les organismes à but non lucratif qui sont exonérés d’impôt ont l’interdiction absolue de participer à ou d’intervenir directement ou indirectement dans toute campagne politique en faveur de (ou en opposition à) tout candidat à une charge publique élective. L’interdiction s’applique à toutes les campagnes, y compris les campagnes au niveau fédéral, étatique et local. Il est assez clair que cela s’applique à de nombreux organismes à but non lucratif tels que The Catholic Thing. Mais s’applique-t-il aux pasteurs dans leurs chaires ?
Lyndon Johnson a obtenu cette restriction dans le code des impôts en 1954, quand, selon l’Alliance pour la Défense de la Liberté , il avait besoin d’ « empêcher deux organismes à but non lucratif au Texas de soutenir son adversaire politique ; mais l’amendement a eu pour effet de restreindre le droit des pasteurs à parler librement en chaire ».
Gardez cela à l’esprit ce dimanche-ci lorsque votre pasteur catholique fera probablement des commentaires anodins sur l’importance du vote et pas grand chose d’autre. Au moins dans ma propre paroisse, la semaine dernière, le pasteur a dit que les problèmes de la vie étaient les plus importants. Mais la plupart des gens n’ont pas cette chance. Et même cet excellent pasteur a dit qu’un guide de l’électeur sur les questions non négociables de la vie ne pouvait pas être distribué dans le parking de l’église.
Ceux qui se battent pour les questions concernant la vie et la famille sont à juste titre frustrés pendant la saison des élections par le manque d’engagement réel du clergé. Les lignes directrices officielles de la Conférence des évêques catholiques américains – qui sont dupliquées dans un grand nombre de conférences catholiques de l’Etat, peut-être toutes, – ne permettent même pas la distribution de tracts dans les parkings d’église par des groupes de l’extérieur.
L’Association catholique, (c) (4) à but non lucratif 501 qui est autorisée à faire de la politique, « était prête à distribuer des guides de l’électeur au sujet de la campagne au poste de gouverneur de la Virginie opposant le catholique pro-vie Ken Cuccinelli au catholique pro-choix Terry McAuliffe. Mais ils ont été frustrés jusqu’ici. Les paroisses catholiques de Virginie ne le permettront simplement pas, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, le guide favorise clairement Cuccinelli sur les questions sociales brûlantes. Deuxièmement, disent-ils, le champ des sujets du guide est trop étroit. Les guides des électeurs doivent montrer le large éventail des intérêts de l’Église. Savez-vous ce que ce vaste éventail comprend pour la Conférence catholique de l’Etat de Virginie? Les mines d’uranium.
Les mines d’uranium représentent peut-être une question importante pour un petit nombre de personnes d’une partie de la Virginie. Mais l’exploitation minière de l’uranium ne peut tout simplement pas atteindre le niveau de la lutte pour l’enfant à naître, le mariage traditionnel, et la liberté religieuse. De plus, l’extraction de l’uranium n’appartient-elle pas à une catégorie où les Catholiques sont légitimement libres de faire des choix prudents ? Est-ce que l’Église catholique de Virginie est vraiment experte dans l’exploitation minière de l’uranium? Devrait-elle même essayer de le suggérer ?
Il y a quelques années, quand le catholique dissident John Kerry s’est présenté contre George Bush de nombreux catholiques s’élevèrent contre lui. Il a perdu non seulement le vote des catholiques fidèles, mais aussi le vote catholique générique – celui des personnes qui ne sont pas passées par une porte d’église en cinquante ans, mais disent consciencieusement aux sondeurs qu’ils sont catholiques. Kerry a perdu même ces gens-là.
A ce moment-là j’écrivais pour les lecteurs d’un bulletin d’information publié par la Fondation Culture de la vie dans lequel j’ai appelé Kerry un mauvais catholique. Nous avons été signalés à l’IRS par les Catholiques pour un libre choix, et l’IRS consciencieusement nous a pris par le cou, nous a secoués, puis nous a laissés aller avec la promesse que nous n’appellerions absolument jamais un candidat à un poste fédéral un mauvais catholique ou toute autre chose négative.
Avant cette élection, la Conférence des évêques catholiques américains était sur le point de publier son quadriennal guide de l’électeur, dans lequel des questions telles que le salaire minimum vital recevaient un statut moral égal au meurtre de bébés à naître. Après des années de combats, les catholiques pro-vie ont finalement fait un tel esclandre que le guide de l’électeur USCCB a été abandonné complètement.
Ce qui nous amène à la prochaine élection et au-delà. Ne serait-il pas bon que l’Eglise catholique, certainement plus puissante que mille églises évangéliques individuelles non affiliées, laisse ses pasteurs libres de parler des candidats ?
Si l’IRS n’inquiète pas les minuscules églises évangéliques, pense-t-on qu’ils poursuivraient l’Église catholique ? Et tant pis si l’Eglise perdait son exemption fiscale ? Les pratiquants donneraient encore. Et le seul revenu imposable viendrait d’entreprises de l’Église et non pas de cadeaux déposés dans la corbeille de la quête.
En interdisant la distribution de guides de l’électeur qui démontrent qu’un candidat est meilleur dans l’enseignement catholique que l’autre, et en ne laissant pas les prêtres catholiques prêcher sur ces questions, les évêques donnent la victoire aux candidats qui veulent nuire à l’Eglise.
Je dis qu’il faut permettre aux gens de savoir que Terry McAuliffe peut en connaître plus sur l’extraction de l’uranium que Ken Cuccinelli. Quel mal cela peut-il faire ?
http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/whos-better-on-uranium-mining-in-virginia.html
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Austin Ruse est le président de l’Institut de la Famille Catholique et des droits de l’homme (C-FAM), basé à New York et Washington, D.C., institut de recherche qui se spécialise exclusivement dans la politique sociale internationale. Les opinions exprimées ici sont celles de M. Ruse seulement et ne reflètent pas nécessairement les lignes de conduite ou les positions de C-FAM.