Quelques vérités sur l’affaire McCarrick - France Catholique
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Funérailles catholiques : un temps de conversion
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Quelques vérités sur l’affaire McCarrick

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“Maman aimait les inviter à dîner (les prêtres) et leur poser des questions. La virginité des prêtres donnait naissance en elle à un sentiment de confiance et de respect ». Voici ce qu’écrivait l’Abbé français bénédictin Don Gérard Calvet, fondateur du monastère de Sainte Madeleuiine du Barroux, à propos de son enfance. La proximité qu’avait sa mère avec les prêtres était enracinée dans sa profonde foi catholique, et elle exprimait une attitude générale qui était autrefois largement partagée par les catholiques, mais aussi par les gens qui n’avaient que peu ou pas la foi. Le célibat des prêtres catholiques était admiré comme un sacrifice de valeur pour Dieu. Et ce mode de vie rendait le prêtre disponible pour être au service des autres de façon unique.

Les prêtres s’engagent à imiter le Christ leur Seigneur dans sa totale offrande à Dieu le Père. Leur célibat est supposé comporter une véritable pureté de vie. Ceci leur permettait d’être joyeusement invités à se rendre en visite chez leurs paroissiens sans aucun souci à propos de ces horribles motivations qu’ils ont pu avoir plus tard en acceptant une invitation à passer du temps avec la femme et les enfants de quelqu’un d’autre.

Les révélations du comportement de prédateur criminel de l’ex cardinal Théodore McCarrick envers des garçons mineurs, et en même temps le fait que l’archevêque de Newark et l’évêque de Metuchen aient publiquement admis que leurs prédécesseurs avaient protégé celui qui était alors le Cardinal archevêque de Washington (McCarrick) en payant et réduisant au silence deux hommes qui avaient été victimes d’agressions sexuelles en 2004 et 2006, signifie qu’une telle confiance innocente dans l’intégrité morale du clergé est devenue une impossibilité pour beaucoup de gens.
Cet état de choses est terrible pour l’Eglise.

Il est significatif que la révélation publique de l’achat du silence de deux personnes ne se soit faite qu’après qu’il ait été accusé par un ancien séminariste de l’archidiocèse de New York, mineur à l’époque, d’avoir été sexuellement agressé par lui dans la sacristie et dans les toilettes de la cathédrale Saint Patrick. Ces accusations ont été reconnues crédibles aussi bien par l’archidiocèse de New York que par le Saint Siège, et McCarrick reçut l’interdiction du pape François d’exercer aucun ministère public. L’archidiocèse informa les trois diocèses où McCarrick avait servi comme simple prêtre, et aucun des trois n’avait de souvenir d’avoir reçu une plainte pour agression sexuelle sur mineur.

Mais Newark et Metuchen ont révélé qu’il y avait eu deux transactions financières avec les deux victimes adultes. Pourquoi ces deux évêques ont-ils révélé cela maintenant ? La conduite de prédateur de McCarrick dans ces cas n’était pas dirigée contre des mineurs. Si McCarrick avait été un simple prêtre, on ne l’aurait pas poursuivi pour avoir violé la charte de Dallas. Comme évêque, cette charte ne s’appliquait pas à lui dans n’importe quel cas. Le code de loi canon contient des sanctions pour ce type d’offenses, mais elles sont restées lettres mortes apparemment dans cette affaire.

Les déprédations sexuelles de McCarrick contre deux hommes adultes, qui étaient sous son autorité comme séminaristes ou prêtres, étaient un grave abus de pouvoir en plus d’être une turpitude morale. Pourtant, avant d’avoir été de façon crédible accusé d’agression sur un mineur, il a été protégé d’une poursuite canonique et d’un procès civil par les évêques qui lui ont succédé dans le New Jersey. Et il a été autorisé à exercer comme archevêque de Washington sans que personne ne proteste, surtout aucun séminariste ni prêtre, prévenus de son comportement antérieur outrageusement immoral, et de ses abus de pouvoir épiscopal.

En d’autres termes, il y a eu une culture de la dissimulation et une protection d’un évêque moralement corrompu par ses frères évêques, qui n’ont pas montré le moindre souci pour les éventuelles prédations sexuelles qui pourraient être commises ultérieurement par un homme qui, ils le savaient, s’était conduit d’une façon profondément mauvaise.

Le Christ lui a donné autorité transmise par la succession apostolique quand il fut sacré évêque. Il s’en est servi pour commettre et cacher des actions mauvaises comme évêque dans trois différents diocèses. Et ses successeurs à Newark et Metuchen lui ont permis de continuer à exercer cette autorité à Washington après avoir été informés par ses victimes adultes que McCarrick était, en fait, le loup dans la bergerie.

Ils ont acheté le silence des victimes, et ensuite, sont restés eux-mêmes silencieux, sachant parfaitement qu’ils n’auraient jamais agi de cette façon si McCarrick n’avait été que le père McCarrick, curé de paroisse dans leur diocèse. Ou peut-être que si ?

Le fin mot de l’histoire est ceci : L’homosexualité active et l’abus de pouvoir concernant deux adultes n’ont pas coulé la carrière de McCarrick – jusqu’à ce qu’on découvre qu’il avait fait la même chose avec un mineur. La hiérarchie américaine, dans sa culture dominante pour gérer les problèmes, s’est révélée fondamentalement corrompue dans sa gestion des prêtres et évêques impudiques dont on sait qu’ils avaient des activités sexuelles, consenties ou non, avec des hommes adultes. Cette protection indulgente d’un prêtre ou d’un évêque qui a vécu une existence de turpitude morale est un fait dans le cas de McCarrick, et ce n’est certainement pas le seul cas dans ce domaine, de scandaleuse tolérance face à ce vice du clergé.

Les ressources de l’Eglise ont été utilisées – non pour promouvoir la mission de l’Eglise, mais pour acheter du temps et de la protection pour un homme qui a violé son devoir solennel de se consacrer à prendre soin du troupeau, et non à le ravager. Il n’est pas déraisonnable de demander : combien d’autres cas attendent d’être révélés ?

Le moment présent appelle l’Eglise à chercher une réponse complète à cette question. Les évêques américains doivent accepter de demander au Saint Siège d’enquêter dans tous les diocèses de ce pays, et de mettre à jour les méfaits financiers et le mauvais usage de l’autorité dans le but de protéger les criminels du clergé des conséquences de leurs déprédations. Le Saint Siège devrait poursuivre en justice quiconque aura été découvert avoir participé à ces crimes canoniques. Rome devrait désigner un enquêteur qui louerait les services de laïcs compétents et experts en la matière, autant qu’il est nécessaire pour mener à bien cette énorme tâche.

La confiance de la mère de Don Gérard dans ses prêtres de paroisse ne devrait pas devenir un souvenir historique. Une telle confiance peut être restaurée si on entreprend rapidement – et implacablement – une action vigoureuse pour purger l’Eglise des mauvais pasteurs à tous les niveaux.

16 Août 2018