Quelques reflections pour l'ouverture du Synode 2015 - France Catholique
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Quelques reflections pour l’ouverture du Synode 2015

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Le Synode 2015 approche : ce Vendredi 2, conférence de presse de S.E. le Cardinal Baldisseri pour en exposer les nouvelles règles. Puis Dimanche Messe d’ouverture et, Lundi, début des discussions. Je persiste à tenter de rassurer mes amis (et moi-même) que tout se passera bien. D’une part, les défenseurs de la position et de la discipline constantes de l’Église sur le divorce et le remariage sont bien mieux préparés. Le Synode 2014 a fait grand bien, ne serait-ce que grâce aux livres et articles publiés par d’éminents Cardinaux, Évêques et théologiens. De plus, le motu proprio de S.S. François sur la dissolution du mariage a vraisemblablement fait baisser la pression chez ceux qui visent des solutions encore plus radicales.

Mais à part le contenu du motu proprio, le fait même qu’il ait été publié juste avant le Synode semble poser des interrogations sur le caractère d’ouverture des questions qui seront traitées. Beaucoup a déjà été dit et écrit sur le contenu de ce document, mais très peu sur la date de sa publication.
Il était fort étrange que les commentaires du rapport intermédiaire de l’an dernier sur la Communion des divorcés remariés et les aspects positifs des unions homosexuelles aient été inclus dans le document final, alors qu’ils n’avaient pas réuni les deux-tiers nécessaires des votes des Évêques. Ce qui, d’évidence, s’est produit selon les directives de S.S. François en personne, et pose la question : pourquoi une telle insistance de sa part ? Je ne suis pas certain, et il ne faudrait probablement pas le prendre ainsi, que c’est motivé par son soutien aux changements dans les deux partis.

À mon avis, il est plus important que les articles 114 et 115 de l’instrumentum laboris (plan de travail) envisagent d’éventuels changements dans la procédure de dissolution du mariage afin de la rendre plus efficace. L’article 114 précisait qu’un grand nombre d’Évêques soutenait de telles suggestions, alors qu’un autre groupe y était hostile. Le nouveau motu proprio a virtuellement écarté ces hypothèses entre les deux partis et établi une nouvelle règle avant toute discussion au Synode. Les responsables des différents Dicastères du Vatican ont bien laissé entendre qu’ils n’avaient pas été consultés non plus, ce qui est un manquement aux procédures — c’est le moins qu’on puisse dire.

Beaucoup a été dit sur le caractère unique de ce Synode sous l’autorité de François, insistant sur l’ouverture et la transparence en comparaison avec des synodes précédents. Mais la diffusion d’un motu proprio juste avant la discussion semble contredire un tel jugement. Il est certain que les sujets traités dans le document de travail étaient destinés à la discussion au Synode. Le court-circuit de diffusion préalable de la décision du pape était-il nécessaire ? Il semble que tout est ramené à lui. Ce qui pose la question, alors que les Dicastères et le Synode sont court-circuités : la procédure est-elle vraiment ouverte ? On dirait un programme. Parmi les Évêques, y en aura-t-il un à poser la question au Synode, que François a voué à la Parrhesia (Franchise) comme principe de base ?

Une autre question plane au-dessus de ce Synode, que nul n’aborde vraiment non plus en raison de l’abondance de sujets de réflexion : la désignation du Cardinal Godfried Danneels pour le Synode par S.S. François. Ceci ne devrait avoir guère d’importance, mais une biographie authentifiée vient d’être publiée, selon laquelle ce Cardinal Belge se vante d’avoir été membre d’un clan d’Évêques Européens hostiles au pontificat de Benoît XVI, et fortement partisan de l’élection de François, à laquelle il s’était impliqué. Rien de bien appétissant dans tout celà, mais il ne s’agit que de politique au sein de l’Église, n’en parlons plus.

Reste cependant un bien plus lourd nuage au-dessus de sa tête, le rôle qu’il reconnaît avoir tenu pour couvrir une affaire d’abus sexuel sur un mineur juste après avoir quitté ses fonctions. Il devait bien l’admettre, car toute son intervention — plutôt répugnante — avait été secrètement enregistrée par la victime lors de la rencontre avec le cardinal et l’évêque qui l’avait abusé durant plusieurs années (son oncle, ami du Cardinal Danneels). L’évêque avait sollicité cette réunion dans l’espoir que le cardinal convaincrait son neveu d’abandonner l’ultimatum : qu’il démissionne immédiatement, ou cette sordide affaire serait rendue publique. Il n’avait confiance ni en son oncle ni en le cardinal, et décida donc d’enregistrer toute la conversation.

D’évidence, le Cardinal Danneels tenta de convaincre la victime — maintenant quadragénaire — de laisser tomber cette affaire d’abus déjà ancienne, et de laisser son oncle, à un an de la retraite, se retirer sans la honte. Il suggéra même à cet homme que ce serait également mieux pour lui, risquant qu’on le soupçonne d’exercer une menace voilée. La victime, pas intimidée, décida de rendre publique cette affaire, ce qui a causé un choc considérable en Belgique et ailleurs en Europe. Le cardinal est maintenant méprisé par beaucoup.

Comment le pape François peut-il tant honorer un cardinal qui a tenté de camoufler un cas extrême d’abus sur un enfant en lui confiant un rôle à l’occasion du synode ? Selon les règles de fonctionnement de la nouvelle commission qu’il a établie, tout évêque en fonction devrait démissionner pour un tel cas, même unique, de tentative de couverture avouée. Les associations de victimes d’abus sexuel sur enfants peuvent bien ne pas trop apprécier que le cardinal, ami du pape, soit autant honoré, particulièrement lors d’un Synode sur la famille. Et le contre-coup pourrait bien venir en plein milieu de la controverse et de la confusion au sein du Synode.

1er octobre 2015.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/10/01/reflections-on-the-eve-of-the-2015-synod/

Photo : Godfried Danneels