L'Église après les élections : quelle stratégie ? - France Catholique
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L’Église après les élections :
quelle stratégie ?

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Avec ce cycle électoral qui s’achève, la question est posée aux catholiques. Faut-il se résoudre à ce que l’Église, particulièrement discrète durant cette période, ait perdu tout poids politique en France, comme l’indiquent ces débats où les enjeux sociétaux et religieux ont été très peu présents ?

Ce serait renoncer à entendre l’appel pressant du pape Pie XI dans son encyclique Quas primas (1925), à reconnaître la royauté sociale du Christ, dans un contexte marqué par la sécularisation – nous y sommes toujours… La réponse de l’Église avait alors été, à contre-courant, d’affirmer haut et fort cette royauté divine sur les cœurs, les intelligences et les sociétés. Et ce par l’instauration d’un culte public, la fête du Christ-Roi afin, affirmait le Souverain pontife, de « réparer (…) cette apostasie publique, si désastreuse pour la société, qu’a engendrée le laïcisme ». Ainsi réagit l’Église face à l’adversité, par un accroissement des grâces demandées au Ciel.

Le précédent de 1924

Mais la réponse peut se situer à plusieurs niveaux. Un an plus tôt, en mai 1924, la victoire du Cartel des gauches avait donné lieu à une nouvelle poussée anticléricale en France. Le gouvernement Herriot voulait rompre les relations diplomatiques avec le Saint-Siège, reprendre les expulsions des religieux, et appliquer la loi de Séparation de l’Église et de l’État à l’Alsace-Moselle. Déclenchant la colère des catholiques français et la naissance de la Fédération nationale catholique, d’un certain général de Castelnau, dont La France Catholique fut l’organe d’expression !

Aiguillonnée par les fidèles, la réaction des évêques français à l’époque reste d’une actualité confondante. Dans sa déclaration du 10 mars 1925, sur « les lois dites de laïcité et sur les mesures à prendre pour les combattre », l’assemblée des archevêques et cardinaux de France commence par écarter la tactique qui consisterait à ne pas heurter de front le législateur. Car elle comporte le risque, disent-ils, que les adversaires de l’Église misent sur « notre résignation et notre passivité » pour se livrer à de nouvelles attaques. À l’inverse, ce noble aréopage se dit poussé à une « attitude plus militante et énergique » par les fidèles, la majorité des catholiques vraiment attachés à leur foi, afin d’intervenir dans des domaines clés – éducation, soins des plus âgés – et avec méthode : réponse aux préjugés et action sur les députés et le gouvernement, par le biais de lettres épiscopales, bulletins paroissiaux, revues et presse catholiques…

Près d’un siècle plus tard, il semble que les choses n’aient pas beaucoup changé : le programme électoral de la Nupes prévoit toujours l’abrogation du concordat en Alsace-Moselle, entre autres mesures laïcistes plus rigoureuses à l’égard du christianisme qu’envers la poussée islamiste à l’école ou dans la société.

Le nouveau rapport de force à l’Assemblée doit donc être analysé avec attention, car le risque de blocage sur les sujets phares du quinquennat – retraites, pouvoir d’achat – est réel. La tentation sera donc de se reporter sur des réformes sociétales symboliques du progressisme, comme la laïcité et l’euthanasie. Pour s’y opposer, le chantier est immense, et difficile, reconnaissaient déjà les prélats d’hier. Mais ils ajoutaient : « Le propre de la vertu de force est d’affronter les obstacles et de braver le danger. »