Quelle civilisation des mœurs ? - France Catholique
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100 ans. Donner des racines au futur
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Quelle civilisation des mœurs ?

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Durant ces derniers jours, j’ai été sollicité plus qu’à l’ordinaire pour donner mon éclairage sur une actualité qui intéressait les médias, mais qu’ils peinaient à interpréter avec pertinence. Ce que j’ai entendu le plus souvent se ramène à une proposition simple : enfin, l’Église catholique est sur le point de reconnaître la société actuelle pour ce qu’elle est, et de s’y adapter. En d’autres termes, il n’y a pas à discuter ou à choisir : on n’échappe pas aux réalités de son temps, sauf les réactionnaires obtus qui ne veulent rien savoir et vivent dans le monde rêvé d’autrefois.

J’ai aussi remarqué qu’il était extrêmement difficile de faire réfléchir un peu plus avant sur la réalité d’aujourd’hui. Tout se ramène en général à des revendications clientélistes : il faut faire droit aux requêtes des diverses catégories sociales. Un point c’est tout. Pourtant, la recherche historique, sociologique nous permet d’analyser les choses avec plus de distance et de profondeur. Ce qui s’est passé dans le monde occidental depuis les années soixante vaut la peine d’être analysé.

Mais tout se déroule comme si on restait bloqué sur ces revendications et ces droits prétendus. Que l’Église soit porteuse d’un autre message et d’une histoire différente, indiffère. On ne veut rien admettre qui vous remette en question. Je lisais ces jours-ci les souvenirs d’un historien de l’Antiquité, Paul Veyne, qui montrait que l’âge actuel se différenciait de l’âge antique comme de l’âge chrétien. Et il caractérisait notre présent par cette formule : « L’époque du genre, faite du triomphe des revendications féministes, du recul du mariage au profit de l’individu libre, du mariage homosexuel, de la fin de certains interdits ». Il souscrivait lui-même à la philosophie immanente à cette époque. Au moins avait-il le mérite d’énoncer les choses avec clarté. La question du mariage ne se ramène pas exclusivement à la perspective du divorce. Elle nous oblige, pour peu que nous voulions voir les choses dans leur ensemble, à une réflexion qui interroge une telle civilisation des mœurs. Mais c’est précisément ce qu’on se refuse le plus souvent à faire. Est-ce à cette civilisation-là que nous nous résignons ? Ou bien avons-nous une autre perspective à offrir pour répondre à notre avenir commun ?

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 22 octobre 2014.