Il faut bien se résoudre à la réalité. Nous ne sommes pas sortis de la crise qui, depuis près d’un an, a changé nos conditions de vie. Le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, déclare que « la situation est évidemment très tendue et modifiée par la nouvelle donne des variants ». Seul espoir, la vaccination, dès lors qu’elle aura touché un nombre significatif de nos concitoyens. Un nouveau confinement n’est pas exclu. Dès lors, il faut continuer à évoluer dans ce climat très spécial qui est celui d’une société désorientée et ne sachant plus très bien à quel sort elle est vouée. La jeunesse est particulièrement affectée par ce sentiment, puisqu’ayant tout son avenir à construire, elle se trouve démunie de projections crédibles.
Certains estiment qu’une telle période est favorable à ce qu’ils appellent un retour à l’essentiel. L’essentiel, c’est le sens de l’existence sans doute. Mais celui-ci est susceptible de multiples désinences. Dans le livre qu’il vient de faire paraître sur La société malade (Stock), Jean-Pierre Le Goff montre que l’invitation à explorer son espace intérieur est propice à des thérapies, comme le yoga, dont l’efficacité permettrait de chasser ses angoisses, de balayer ses préoccupations, faire le vide, se sentir apaisé. Les spiritualités vagues pour esthètes confinés seraient ainsi en vogue.
Qu’en est-il de l’inspiration chrétienne dans cette recherche de l’essentiel ? À parcourir certains réseaux sociaux, je n’ai pas le sentiment qu’on apporte des réponses, alors qu’il n’est question que de lutter contre le cléricalisme. Alors, pour me consoler, je relis Simone Weil, la grande philosophe, et je suis projeté dans l’essentiel, le Christ, la Croix et la Trinité.