Quel objet singulier ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Quel objet singulier ?

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J’évoquais hier cet objet singulier qu’est l’Église. Les cardinaux réunis à Rome, pour préparer l’élection du nouvel évêque de cette ville, n’ont en effet de légitimité qu’en référence à cette Église dont ils ont la responsabilité. Et il ne s’agit pas de n’importe quelle institution liée à un système constitutionnel classique. Pour mieux s’en pénétrer, le cardinal Tauran a expliqué qu’il relisait le livre du père de Lubac intitulé Méditation sur l’Église. J’avoue modestement avoir eu une idée analogue en relisant le même de Lubac, mais dans un autre ouvrage, publié en 1971, Les églises particulières dans l’Église universelle. Écrit dans la période post-conciliaire, il répondait, face à des controverses assez âpres, à la nécessité de mieux comprendre l’originalité d’un corps social, dont la véritable fondation correspondait à l’institution de l’eucharistie : « Elle est née, précisait-il, du côté du Christ au calvaire, et elle a surgi avec lui du tombeau. »

Le père de Lubac notait aussi : « Visible et invisible tout à la fois, société organisée et participation mystique, institution et communion, se développant dans l’histoire et respirant déjà dans l’éternel, elle est au milieu de notre univers la Tige, comme disait Péguy, ou l’Axe, le courant axial, comme aimait à dire Teilhard, chargé de drainer pour la libérer (…) notre humanité misérable et sublime. » On se demandera sûrement si pareille pensée est directement transposable sur le terrain de la communication moderne. Mais ce qui est sûr, c’est que ladite communication, si elle est incapable de s’y référer, nous mettra carrément sur des voies de garage. On nous parlera de conservateurs et de progressistes, en transposant sur un terrain idéologique et politique. Mais néant quant à la question posée.

On dit que notre pape émérite, Benoît XVI, relit un autre grand théologien dans sa retraite de Castel Gandolfo, Hans Urs von Balthasar. Balthasar, parlant de la hiérarchie apostolique, désignait un carré, constitué de Pierre qui incarnait l’institution, de Paul qui représentait la mission, de Jean qui faisait vivre la mystique, de Jacques qui défendait la Tradition. C’est aussi un autre point de repère. Il n’y a pas d’Église sans le centre pétrinien, romain, qui n’épuise pas sa substance vivante. Celle-ci consiste en un corps répandu sur la Terre, vivifié par l’Esprit, et se perpétuant identique et neuf, à travers le temps.

Chronique lue sur Radio Notre-Dame le 5 mars 2013.