Quel est le sens la Foi ? Le premier Concile œcuménique de Vatican. - France Catholique
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La justice de Dieu
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Quel est le sens la Foi ? Le premier Concile œcuménique de Vatican.

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Le dogme de l’infaillibilité papale, tel que proclamé par le Concile Vatican I (confirmé par la Constitution dogmatique Lumen Gentium 25), pose nombre de questions pratiques. Tout en acceptant l’enseignement, John Henry Newman y voyait des difficultés de mise en œuvre. Les déclarations papales sont-elles toutes « infaillibles » ? (Évidemment non). Quelle autorité de magistère les divers documents émis par le pape portent-ils ? À quel point devons-nous obéissance aux déclarations et documents émis par tel ou tel pape ? Comment les fidèles déterminent-ils et mesurent-ils les limites de telle autorité ?

Je ne peux guère apporter ici de réponses définitives à ces questions (même Lumen Gentium 25 ne propose qu’une approche). Au lieu de quoi je propose quelques réflexions susceptibles d’apporter une meilleure compréhension — et pouvant encourager les Catholiques à demeurer confiants en la Foi telle que transmise par la tradition, particulièrement à propos du nouveau document relatif au mariage.

Jésus nous dit : « N’appelez personne votre père sur la terre ; car vous n’en avez qu’un, le Père céleste.» (Mt, 23:9). Beaucoup de protestants insistent sur le viol de l’enseignement du Seigneur par les catholiques qui appellent les prêtres « Père ». S’il en était ainsi, comment pourrions appeler nos propres pères « Père » ? D’évidence, Dieu en Personne donne la définition de « Paternité ».

Toute paternité authentique participe de la paternité de Dieu. Et donc, un père renonce au droit de se faire appeler « père » s’il ne se comporte pas comme tel (par exemple, un père qui bat sa femme et ses enfants, ou un prêtre enseignant des hérésies).

Par analogie, on peut dire qu’il n’y a qu’un « pape » — Pierre. Quand le Christ priait pour que la foi de Pierre ne succombe pas, Il priait particulièrement pour Pierre, et, selon toute vraisemblance, pour la Fonction des successeurs de Pierre. (Que Ses paroles s’appliquent aux papes suivants ou à Pierre et à son Siège seul est une bonne question pour théologiens. De toutes façons, nous savons que les portes de l’enfer ne prévaudront pas.)

Sur le portail de Saint-Pierre se trouve une sculpture de Pierre remettant ses clefs à ses successeurs, à charge pour eux d’assumer la succession de son ministère. Chacun des « papes » successifs participe au ministère de Pierre — au Siège de Pierre. Le « siège » de Pierre n’est pas honoraire. Le « siège » est le soutien de l’autorité papale, et en même temps montre qu’un pape a le devoir d’exercer son autorité dans le cadre de l’Office de Pierre.

Selon les Évangiles, même l’autorité de Jésus ne pouvait s’exercer seule, soumise à la révélation qui Le précédait. Lui-même, et les évangélistes répétaient sans cesse : « afin que s’accomplissent les Écritures. » Sur le chemin d’Emmaüs, le Christ réssuscité en personne révèle que Son Ministère est l’accomplissement de la révélation de Dieu : « Ô cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans la gloire ? Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, Il leur interpréta dans toutes les Écritures ce qui Le concernait.» (Lc, 24:25-27). D’une certaine façon, Il s’abaissait, se pliant à la tradition.

Le Christ relie à nouveau Son enseignement à l’historique du Salut par un commentaire sur le divorce et le remariage : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais dès l’origine il n’en fut pas ainsi. » (Mt 19:8). Il relie l’autorité de sa déclaration à « l’origine », la Genèse. Ainsi l’autorité du Christ est bien également une participation à la tradition des Écritures.

Paul montre comment le Christ a accompli les Écritures, mettant pleinement en harmonie la révélation par Dieu aux Juifs avec Son enseignement (Actes, 13). On le retrouve dans l’Épitre aux Hébreux. De nos jours le Magistère ne peut être dissocié de l’Écriture ni de la Tradition. On peut évidemment découvrir des développements et de meilleures interprétations; mais jamais de contradictions dans la doctrine. Les dogmes de l’Immaculée Conception et de l’Assomption nous donnent de bons exemples en ce sens. Aucune violence n’est portée par ces proclamations à l’enseignement traditionnel de l’Église.
Le « Sens de la Foi » (Sensus fidei) des fidèles peut identifie et rejeter les entorses au « Principe de non-contradiction » qui englobe toute la révélatioon — Magistère, Écritures et Tradition. Les fidèles catholiques comprennent, pour la plupart, que l’Église adapte et, en certains cas, renverse certaines règles, sans pour autant toucher à la doctrine. Un exemple : l’Église a autorisé le bacon et les saucisses pour accompagner les œufs le vendredi, nous laissant porter témoignage à la Croix à notre manière. Mais les autorités ecclésiastiques n’ont aucune sorte de droit à toucher au dogme du Sacrifice du Vendredi Saint.
Romano Guardini remarquait :

…[le dogme] met l’homme face aux exigences de la Foi, le rend apte à la pratique de l’obéissance, à renoncer aux sollicitations de sa propre structure psychologique innée… Ainsi, il peut se faire qu’un chrétien rencontre, en personne ou par la lecture, un esprit bien supérieur à ses propres facultés mentales, mais dont il sent qu’il dépasse sa conscience de chrétien… il se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un cas de supériorité intellectuelle dont il pourrait être fier, mais de l’action de la Foi, déterminée et guidée par le dogme — plus précisément la conscience de se faire imprégner par l’Église… ceci peut inciter à se dire « Je n’ai pas le niveau intellectuel de cet homme, il est plus fort, plus doué, plus créatif que moi — néanmoins je porte un jugement sur lui, et non l’inverse. » Cette impression peut mener à la conclusion qu’un individu, aussi brillant peut être autant inadapté, voire stupide, s’il lui manque le don de la lumière divine.

La participation d’un pape à l’enseignement dans la lignée de Pierre implique sa totale adhésion et sa pleine connaissance, sans contradiction, de la révélation ; l’exercice de son autorité doit aussi être en harmonie avec la lumière divine de l’orthodoxe « sensus fidei ».

À notre époque de communication instantanée, une leçon mal conçue ou erronée pouvant transmettre une grave contagion, le « sensus fidei » peut apporter son concours au Magisrère (et non avoir des répercussions destructrices telles qu’envisagées par les dissidents post-conciliaires). Protégés par l’armure de la Foi, malgré les prétendues informations des médias à propos des « changements de l’enseignement de l’Église » sur le mariage, nous pouvons rester solides : « Ce que Dieu a uni, l’homme ne le défera pas ». Si quelqu’un agit ainsi et se remarie, nous disons simplement : « n’approchez pas de la Table de Communion.»

Alors, quand les brebis appellent leurs bergers — et même le Premier Berger de l’Église — pour entendre nettement en toute clarté la pensée et l’enseignement du bon Pasteur, elles ne peuvent se tromper.

11 mai 2016.

Le Père Jerry J. Pokorski est un prêtre du diocèse d’Arlington (Virginie), curé de la paroisse Saint-Michel Archange à Annandale.

N.d.T. texte français des des citations bibliques tiré de la Bible de Jérusalem.

Source : https://www.thecatholicthing.org/2016/05/11/the-sense-of-the-faith/

Illustration : Vatican I.