Quel avenir pour l'OTAN ? - France Catholique
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Marie dans le plan de Dieu
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Quel avenir pour l’OTAN ?

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L’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) se met en place au lendemain de la 2ème guerre mondiale (1949-50). Elle a été voulue, originellement, par les Européens pour bénéficier du « parapluie » militaire américain face au danger soviétique. L’OTAN, ainsi créée, va donner aux Etats-Unis, désormais superpuissance, l’outil militaro-politique leur permettant de placer, pour l’essentiel, la sécurité de cette Europe de l’Ouest sous leur leadership, sinon sous leur contrôle (1950-80).
Mais nous voilà déjà à la fin de la décennie 80. On connaît la suite, à savoir les énormes bouleversements géostratégiques des années 1989-91 : chute du mur de Berlin et réunification allemande, effondrement de l’URSS, dissolution du Pacte de Varsovie.

L’Alliance Atlantique et l’OTAN – nées de la guerre froide et dont l’objectif premier était de contenir les soviétiques – n’avaient plus de raison d’être. Et pourtant, l’Alliance Atlantique et l’OTAN – devenues, au sens propre, sans objet puisque créées pour faire face à l’ennemi soviétique – vont non seulement survivre, mais elles vont trouver – sous l’impulsion des États-Unis – un nouveau souffle et un nouveau visage dans la décennie 90 – la « nouvelle OTAN » -, permettant aux Américains de renouveler leur domination militaire sur le nouvel « ordre » mondial.

Les Américains – désormais seule superpuissance : « l’hyper puissance », selon l’expression juste d’Hubert Védrine – avaient besoin d’un instrument militaire complémentaire à leurs propres forces pour stabiliser le « petit village » planétaire. À l’heure de la mondialisation libérale sous domination économique, financière,… américaine, les États-Unis vont donc s’attacher à « globaliser » l’OTAN initiale euro-atlantique pour se donner un outil militaire mondial en adéquation avec leur nouvelle prééminence mondiale : c’est la « deuxième » naissance de l’OTAN, une « nouvelle » OTAN, globale, mondialisée ; un grand « machin » sécuritaire qui a vocation à aller partout et à s’occuper de tout, en dehors de la zone euro-atlantique, comme organisation compétente sur tous les continents et d’utilisation planétaire ; en instrument de gestion des menaces dites « nouvelles », expression « fourre-tout » recouvrant des domaines aussi divers que le terrorisme, la criminalité, le blanchiment d’argent sale,…

Et demain, quel avenir pour l’OTAN ?

On ne peut pas – compte tenu de la liaison consubstantielle entre l’OTAN et les États-Unis – ne pas replacer la réflexion sur le devenir de l’OTAN dans le cadre de la réflexion sur le devenir de la puissance américaine. Il est sûr que, depuis le début des années 2000 (2004 ?…), nous sommes rentrés dans une phase de déclin relatif de l’hyperpuissance américaine qui ne peut pas ne pas se traduire, à court et moyen termes, par un certain « repli » de l’OTAN.

Au-delà, lorsque nous serons dans une période « post-occidentale », il n’est pas interdit d’envisager la disparition de l’OTAN.

I-Le repli de l’OTAN dans la phase transitoire de déclin relatif de l’hyperpuissance américaine

L’ère de l’unilatéralisme et de la domination sans partage des États-Unis est terminée. Bien sûr, les États-Unis vont rester encore durant deux décennies environ le principal acteur de la scène mondiale et leur stratégie sera et restera déterminante pour les relations internationales durant cette période. La Chine – en compétition pour le premier rang mondial – n’est pas encore en état de prétendre prendre la place de l’Oncle Sam comme « cœur » du monde et d’une autre « économie monde » (Braudel).
Mais la crise de nos années 2007-2008 confirme bien, voire accélère, ce recul relatif des États-Unis, surtout si elle se prolonge – comme beaucoup l’avancent – par une longue période de récession outre-Atlantique, supérieure à 10 ans (comme celle que le Japon a connue après l’éclatement de sa « bulle » immobilière). Dans tous les cas, elle contribue à faire vaciller encore davantage « l’ordre » international sous domination américaine, puisqu’il faut la lire, au total, comme l’expression d’un transfert de puissance dans un monde dont les équilibres sont en train de changer – de continuer à changer – et de se déplacer vers l’Asie.
Très clairement, dans ce contexte, les États-Unis vont donc devoir – qu’ils le veuillent ou non -, accepter une réévaluation durable – vers le bas – de leur engagement sur la scène internationale, se résigner à un monde plus multipolaire et plus équilibré, avec un meilleur partage du pouvoir au sein des organisations internationales réformées (ONU, FMI,…).
Du point de vue de l’OTAN – et on verra mieux ces perspectives se dessiner au sommet du 60ème Anniversaire de Strasbourg-Kehl, en avril 2009, autour du nouveau concept stratégique,… -, il n’est donc pas sûr que les États-Unis continuent à vouloir – et surtout à pouvoir – faire de cet instrument politico-militaire, qui reste pour beaucoup dans leur orbite, un outil toujours plus « mondialisé », orienté vers les nouvelles menaces « globales » en Eurasie, au Moyen-Orient,…, une organisation tentaculaire bonne à tout faire, sorte d’union des démocraties et des peuples libres ou libérés, le promoteur de la démocratie et du libre marché,… même si demeure la tentation – dans une vision anglo-américaine : « The west against the rest » – de multiplier les interventions, la tentation d’étendre l’OTAN à des opérations hors d’Europe et hors de la zone Atlantique (en associant des pays d’Asie Pacifique : Japon, Corée du Sud, Singapour, Australie, Nouvelle-Zélande,…) pour mieux contenir la montée en puissance d’une Chine perçue comme rivale « globale ».
Les engagements de l’OTAN en cours seront-ils bien maintenus, ou revus, revus, si c’est le cas, selon quelles modalités : on pense bien sûr à l’Afghanistan où deux empires ont échoué et où on voit bien, dès maintenant, qu’une victoire militaire est parfaitement illusoire. Donnera-t-on suite à des perspectives d’engagements nouveaux : pour régler le problème de l’Iran ?

Il se pourrait, au vrai, que l’OTAN de demain, avec la fin de la domination sans partage des États-Unis, rabatte, donc, en partie, les ambitions « mondiales » de la « nouvelle » OTAN d’hier – on a déjà dit les réticences de la France, sinon des Européens, à ces extensions des missions de l’Alliance et de l’OTAN -, et se recentre, à l’avenir, sur ses origines euro-Atlantiques.
Les Européens – la grande majorité des Européens – continuent et continueront, demain, à souhaiter bénéficier de la sécurité collective « OTAN-États-Unis », surtout si – après l’affaire géorgienne et le réveil de l’ours russe – devait se confirmer une nouvelle « guerre froide » sur le sol du Vieux continent. Les Américains continueront à être pourvoyeurs de cette sécurité collective européenne, en contrepartie de l’implantation de certains éléments de leur défense antimissiles de ce côté-ci de l’Atlantique, défense antimissiles qu’ils ont réussi à faire reconnaître comme « otanienne ».

Mais il est sûr que l’effort de défense européen de l’ensemble « OTAN-États-Unis » n’aura plus, globalement, à l’avenir, l’ampleur qu’il a pu avoir avec l’OTAN « originelle » et qu’il avait en partie gardée – même de façon réduite sinon résiduelle – avec la « nouvelle OTAN ». Les Américains, d’ailleurs, n’ont plus, dès maintenant, semble-t-il – alors qu’ils avaient verrouillé jusqu’ici toute initiative en ce sens – les mêmes objections qu’hier au projet – au-delà du « pilier européen de l’OTAN » – d’une défense européenne plus autonome, si ce projet devait leur permettre de mieux partager le fardeau… tout en maintenant le lien transatlantique.
Reste que l’allié de toujours – la Grande-Bretagne – n’entend pas laisser la France profiter de ce « relâchement » de l’emprise américaine pour prendre éventuellement le leadership d’une « Europe de la défense » que Paris tente, on le sait, de relancer durant le 2ème semestre 2008 où notre pays assure la présidence de l’Union Européenne. Et on verra – au Sommet du 60ème Anniversaire, en 2009 – si le Président Nicolas Sarkozy a gagné son pari de pouvoir réintégrer officiellement les structures militaires intégrées de l’OTAN, compte tenu, en particulier, des avancées obtenues dans « l’Europe de la Défense ».


II-La fin de l’OTAN avec l’avènement de la Chine dans une ère post- occidentale

Historiquement, la circulation des cartes de la puissance et le basculement des hégémonies se sont traduits par des « guerres de 30 ans ». (1) Il faut espérer, les armes étant désormais ce qu’elles sont, que nous n’aurons pas le grand affrontement militaire Etats-Unis-Chine que certains considèrent comme inévitable. Et que, dans les années 2030-2035, le bouleversement de la hiérarchie du monde se sera effectué de manière pacifique. Les États-Unis – qui disposaient, au début de la dernière décennie du 20ème siècle, de tous les attributs d’une totale suprématie – auront laissé la place à la Chine qui prendra ainsi la suite du long cycle de domination de l’Occident ouvert au XVIème siècle et clos par le XXème siècle américain.
Nous serons alors dans un nouveau monde post-occidental « uni- multipolaire », avec un centre dominant : la Chine et l’Asie, et 4-5 grandes zones. Tout le problème – pour notre réflexion autour de l’OTAN – est de savoir quelle sera l’évolution, dans la longue période, des relations entre les États-Unis et l’Europe. Il est des observateurs pour penser que la nécessité de se regrouper pour un Occident en perdition amènera une fusion transatlantique États-Unis-Europe entre deux espaces proches en termes de vision du monde, de culture,… L’OTAN, dans cette perspective – avant de disparaître – pourrait être le vecteur, la colonne vertébrale – militaire, politico-militaire – de la création de ces futurs « États-Unis d’Occident », de cette nouvelle « grande communauté atlantique » à caractère super-étatique et supra-national.

Ce scénario d’une entité politique transatlantique naissant d’un processus fédératif à partir de l’OTAN ne peut être purement et simplement écarté. Mais on peut et on doit regarder également – ce serait bien sûr, là aussi, la disparition à terme de l’OTAN – une autre hypothèse que la constitution de ce bloc occidental Etats-Unis-Europe, politiquement et militairement unifié. Certains assurent, en effet, qu’on assistera – dans ce monde de demain qui aura basculé vers l’Orient – à un « éloignement » , un « détachement » entre les États-Unis et l’Europe ; et, partant de l’idée que la Russie est d’abord et surtout un État européen, à impliquer donc, totalement, dans le jeu européen, on aura la constitution d’une grande Europe « de l’Atlantique à l’Oural » ; bref, la constitution d’un ensemble « euro-russe », mieux, d’un ensemble « euro-russo-méditerranéen » (élargi, en effet, à la Turquie et aux pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée). Il y a là le grand pôle susceptible de maintenir « l’Europe » au niveau des grandes zones mondiales des années 2050.

Pierre Pascallon
Professeur Agrégé de Faculté

(1) Wicht (B) : « Guerre et hégémonie. L’éclairage de la longue durée », 2002.