Véhémente dispute sur l’antisémitisme, ces jours derniers. Le point de départ ? L’attentat criminel de Bruxelles au musée juif, qui a fait quatre morts ! L’arrestation du présumé coupable a concentré l’attention sur l’endoctrinement djihadiste, notamment en prison auprès des jeunes musulmans. Dans Le Figaro, le père Michel Viot, qui visite comme aumônier la prison de Blois, expliquait que les responsables étaient des imams auto-proclamés, propagandistes dépourvus de toute culture religieuse sérieuse. Il faut donc savoir de quoi on parle à propos d’antisémitisme. Il ne faut pas se tromper de registre culturel, même si parfois il peut se produire de curieux croisements. On sait, par exemple, que le pamphlet célèbre, intitulé Les protocoles des sages de Sion, a été, en quelque sorte, recyclé dans certains pays arabes, pour illustrer la thèse absurde d’un complot juif international.
Mais il y a des désaccords d’interprétation. Là où Bernard Henri-Lévy établit une relation directe entre ce qu’il est convenu d’appeler l’antisémitisme d’extrême-droite et le fanatisme anti-judaïque des djihadistes, Eric Zemmour s’inscrit en faux contre un tel amalgame. Sans vouloir arbitrer la querelle, qui a rebondi avec le récent dérapage de Jean-Marie Le Pen, il conviendrait d’opérer un discernement intellectuel, qui n’est pas sans rapport avec le rappel historique que je faisais hier à propos de la rencontre de dimanche au Vatican. Il s’est produit, en effet, un changement de paradigme culturel avec la condamnation de l’anti-judaïsme au concile. Il y avait deux sources à l’antisémitisme occidental, l’une religieuse, l’autre idéologique dans la suite d’un certain courant racialiste propre aux Lumières. Force est de reconnaître que le climat a beaucoup changé, notamment à la suite de la tragédie de la Shoah. Il est d’autant plus regrettable qu’un nouveau climat de haine resurgisse, alimenté par des militants qui exploitent à nouveau des prétextes religieux.
