Québec : un coup totalitaire, atteinte à la culture catholique - France Catholique
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Québec : un coup totalitaire, atteinte à la culture catholique

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En 1981, alors qu’il introduisait au Canada la nouvelle Charte des Droits et Libertés le Premier ministre d’alors, Pierre Trudeau, notait : « Le fil d’or de la Foi est tissé tout au long de l’histoire du Canada, de ses tout premiers débuts aux temps présents. » Nous assistons maintenant dans la Province du Québec, province d’origine de Trudeau, à son effilochement et à sa totale décomposition.

Le 16 Juin 2019 l’Assemblée nationale du Québec a adopté la Coalition pour l’avenir du Québec [en Français dans le texte], Loi 21 : un texte pour le respect de la laïcité de l’État. Par ses dix pages la loi est brève, mais vaste et troublante par sa portée. Elle affirme que le Québec est un « État laïc » marqué par « la séparation de l’État et des religions… la neutralité religieuse de l’État… l’égalité de tous les citoyens… et la liberté de conscience et de religion. »

S’appuyant sur ces bases plutôt contradictoires, la loi interdit le port de signes religieux aux fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions.

Pris dans ce filet se trouvent, parmi bien d’autres, les législateurs, juges de paix, procureurs, officiers de police et enseignants. Les défenseurs de la liberté religieuse eux-mêmes seront mal venus de se heurter à l’interdiction de se couvrir le visage ou la tête en présence de policiers ou d’enseignants.

Mais la loi va trop loin en proscrivant tous signes extérieurs de religion, y-compris le turban des Sickhs, la kippa des Juifs orthodoxes, le hijab des femmes musulmanes et les crucifix ostensibles des chrétiens. Pire, les interdictions touchent les institutions privées — santé, aide sociale — bénéficiant d’un agrément officiel.

L’insistance sur les signes religieux vestimentaires pose problème. On peut imaginer que le but final de l’Assemblée Nationale est d’arracher de force le côté religieux de la vie du Québec, tel que déjà en cours ailleurs au Canada.

Le droit à l’expression religieuse implique davantage que le port de symboles religieux, il signifie également le droit de gérer des institutions fondées sur la foi selon les enseignements religieux, de s’abstenir de participer à des activités incompatibles avec les croyances religieuses et — en une démocratie de citoyens égaux — le droit de critiquer la législation avec des argumenté fondés sur la religion.

Logiquement, cette loi pourrait aisément s’appliquer plus largement à d’autres modes pratiques d’expression.

Néanmoins la loi est fort choquante en ce côté demandant que les fonctionnaires du Québec ne se présentent que partiellement lors de leurs activités professionnelles du domaine public. En prévention à la probable vigoureuse opposition à cette loi, le gouvernement du Québec s’est appuyé sur la « section 33 » dite « clause dérogatoire » de l’Acte Constitutionnel Canadien de 1982. Cette clause permet au Parlement — ou autre organe législatif de Province — d’édicter des textes dérogeant aux articles 2 et 7-15 de la Charte des Droits et Libertés (comportant liberté de conscience et religion) sur une période de cinq ans.

Le gouvernement de la Province du Québec tente de contourner la Charte, affichant une suppression de libertés fondamentales tout en prétendant crûment que l’État séculier protège l’égalité entre les citoyens et leur liberté de conscience et de religion.

La nouvelle loi suit les attitudes anti-islam des campagnes québécoises. Mais en définitive elle découle d’une tendance d’ingérence gouvernementale et des pulsions gnostiques des élites laïques du Québec. Celles-ci se considèrent comme les arbitres du bien et du mal pour décider du rôle de l’État ; ce qui induit une révision de l’idée de démocratie représentative.

La nouvelle loi peut être considérée comme issue des tendances de certaines élites québécoises qui s’accrochent aux idées des années 1960–1970. À cette époque le Québec français se mit à rejeter le nationalisme catholique en faveur d’un nationalisme s’affichant progressiste, séculier — la prétendue Révolution paisible du Québec.

Le concile Vatican II s’est tenu au début des années 1960, mais les élites québécoises, comme d’autres catholiques occidentaux, n’ont jamais saisi la leçon de Dignitas Humanae relative à la personne humaine et l’absolue nécessité de liberté religieuse pour tous. Au lieu de quoi la culture ainsi fondée est une étrange laïcité Française — contrôle et privatisation de la religion par l’État — ce qui, historiquement, n’a jamais existé dans la société canadienne-française.

Peuples indigènes, Anglais, Écossais, Irlandais, Juifs Ashkenases et Sépharades, Libanais, Italiens, Haïtiens, Nord-Africains, et bien d’autres, sont depuis longtemps venus au Québec (non sans difficultés discriminatoires). Le gouvernement Québécois exerce un contrôle quasi-exclusif sur l’immigration dans la Province. Il accueille de préférence des immigrants francophones, en provenance du monde entier afin d’établir une civilisation française en Amérique du Nord. [N.d.T. : l’auteur de cet article a d’étranges notions sur l’Histoire de la conquête Française de l’Amérique du Nord].

Louable projet. Cependant le gouvernement dit maintenant à ceux qu’il a accueillis : « Nous voulons bien de vous, mais pas de votre foi. Votre culture et votre capacité économique feront bien l’affaire. » Ce qui est une conception étroite, utilitariste, et fondamentalement anti-Catholique de la personne humaine.

Hypocrisie écrasante de la prétention du gouvernement de soutenir la liberté de conscience et de religion par cette nouvelle loi. La liberté de religion est un droit pour chacun et pour chaque communauté religieuse, droit de vivre publiquement selon sa foi. La liberté de religion est nécessaire à l’épanouissement individuel et social. Comme tous autres droits inaliénables, elle n’est pas attribuée par l’État. C’est le devoir de l’État de la protéger, de la défendre.

Alors, pourquoi cette loi ? Réponse : les élites laïques de la Belle Province ne croient guère au pluralisme et à la diversité. Cette nouvelle loi est une grossière violation de la Charte Canadienne des Droits et Libertés.Elle est une avancée typique pour éliminer la religion de la vie publique dans cette Province historiquement Catholique.

Des recours sont, naturellement, exercés, et des personnalités du Québec, ainsi que des institutions telles que des municipalités et des écoles peuvent décider de réagir par la désobéissance civique. S’il en est ainsi, le gouvernement du Québec arrêtera-t-il les Sikhs, Juifs, Musulmans religieux lors de leur activité de fonctionnaires ? On verra…

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/08/03/quebecs-totalitarian-moment-and-loss-of-catholic-culture/