Nos élites n’ont jamais aimé les croyances populaires… Aussi les fêtes anciennes doivent-elles être rebaptisées. Le Solstice d’été et la Saint-Jean-Baptiste deviennent fête de la musique, Pâques « vacances de printemps » et Noël « vacances d’hiver » et simple trêve des confiseurs.
Noël approche pourtant et, comme chaque année, une polémique enflamme la « masse-médiocratie » : a-t-on le droit de mettre des crèches dans l’espace public ? Les forcenés de la laïcité crient au scandale… Tout en se plaignant dans leur campagne électorale que les vraies valeurs foutent le camp. De l’autre côté, de peur d’affirmer une conviction contraire au diktat de cette minorité, la grande majorité se tait. Disons le haut et fort : si une ville, un village, un département, une région veut mettre une crèche dans son hall d’accueil, défendons ce droit ! Que l’État ne le fasse pas, admettons-le, laïcité oblige. Mais si des édiles, élus démocratiquement, décident d’installer une crèche, cela les regarde eux et leurs électeurs !
N’en faire qu’une fête de la Grande Bouffe est réduire ce cycle de la Nativité à presque rien. Pour le croyant, tout un calendrier s’installe pour préparer l’événement, des petits gâteaux et bonbons de la Saint-Nicolas au calendrier de l’Avent, jusqu’à la préparation de la crèche et aux messes de minuit. La crèche est une représentation physique du mystère de la vie, presque du fantastique au regard des techniques d’aujourd’hui. On peut comprendre l’ignorance de cela ! Mais alors regardons l’incroyable du message qui nous est donné. Regardons ce couple qui va devenir une famille, qui va créer une famille, en donnant la vie dans une étable. En ces temps troublés par la gentrification idéologique, n’est-il pas nécessaire de rappeler à ceux qui viennent qu’être homme ou femme est source de vie, de la vie ?
Ce fut saint François d’Assise, semble-t-il, qui organisa les premières crèches. D’abord véritables représentations vivantes, puisque dans chaque paroisse des habitants représentaient la sainte crèche lors de la messe de Minuit. Par ci, par là, la tradition demeure, donnant lieu parfois à de véritables spectacles. Ailleurs sont nées des crèches véritables œuvres d’art avec une statuaire de qualité… En certains endroits, chaque famille a souhaité garder dans sa maison, sa petite crèche de Noël, ce qui a nourri, à la fin du XVIIIe siècle, tout un art populaire riche et foisonnant. En fil de fer, en bois, en terre, les santons sont placés dans un paysage familier de carton et papier rocher. Chaque époque apporte sa touche, la crèche devenant une véritable représentation de la vie communautaire. Les santons provençaux symbolisent les métiers et même les fonctions puisque dès la fin du XIXe siècle les élus sont représentés marchant avec tout le village, l’écharpe tricolore barrant leurs ventres déjà bien ventrus… Les santonniers ont inventé un artisanat nouveau et dynamique, donnant lieu à de véritables foires, pour que tous fabriquent la crèche familiale. Mais aussi pour que devant chaque mairie, bien avant le sapin enguirlandé, devant chaque porche d’église, à chaque carrefour éventuellement, brillent les couleurs de la fête à venir. Alors redonnons des couleurs à Noël.
Pour aller plus loin :
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