La voiture électrique n’est pas une idée nouvelle. Le premier véhicule à avoir franchi les 100 km/heure, la « Jamais Contente » du Belge Camille Jenatzy, propulsée par un moteur électrique, a établi son record en… 1899. Pourtant, la voiture électrique est longtemps restée un concept, certes prometteur, mais au développement commercial sans cesse repoussé dans l’avenir. Depuis peu cependant, les choses semblent réellement changer. Au moins deux raisons à cela : la raréfaction des énergies fossiles entraînant une augmentation sans précédent du coût du carburant et le souci de protection de l’environnement avec notamment la lutte contre le réchauffement climatique provoqué par l’émission de gaz à effet de serre dont les moteurs thermiques ne sont pas avares.
Grâce au fonds démonstrateur de recherche et au programme des investissements d’avenir, plusieurs modèles de véhicules décarbonés particulièrement innovants sont désormais prêts à être industrialisés pour une mobilité quotidienne plus efficace. Plusieurs prototypes ont ainsi été présentés le 9 mars dernier devant les Invalides à Paris à l’initiative de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Les passants pouvaient découvrir et tester de curieux engins : quadricycle électrique, scooter électrique pliable et démontable (pour le ranger dans le coffre d’une voiture), utilitaire hybride à « moteur-roues » ou des vélos à assistance électrique. La nouvelle génération de ces véhicules pourrait représenter environ 2 millions d’unités à l’horizon 2020 pour atteindre un objectif de réduction de 17,5 millions de tonnes d’oxyde de carbone fixé par le Grenelle de l’environnement.
Pour l’heure, le groupe PSA revendique déjà 4 000 ventes de véhicules électriques en 2011. Néanmoins, l’autonomie de ces nouveaux engins est encore limitée. Dans ces conditions, les villes offrent un environnement propice pour les développer à grande échelle, en complément des transports collectifs et autres modes doux de déplacement: les trajets urbains sont en général de courte distance et ne nécessitent donc pas une grande autonomie électrique; en outre, le mobilier urbain facilite l’installation de bornes de recharge. Petits et légers pour la plupart, ces véhicules sont peu gourmands en électricité et faciles à stationner, ce qui représente un autre avantage dans les cités encombrées. Et puis le silence et le confort viennent encore renforcer l’agrément de la conduite. Si les véhicules individuels constituent l’un des principaux chantiers de la mobilité de demain, les transports en commun – bus, tramways et métros – sont également concernés.
Pour accompagner les professionnels de l’automobile dans cette transition et favoriser l’émergence rapide de nouvelles solutions, d’importants moyens de recherche ont été mis en place depuis 2008. Deux appels à manifestations d’intérêt (AMI) en 2008 et 2009, dans le cadre du fonds démonstrateur de recherche précité tout d’abord, ont ainsi permis de soutenir 18 projets de constructeurs ou d’équipementiers pour des véhicules électriques et hybrides rechargeables. Ces projets novateurs, concernent tous types de véhicules : particuliers, utilitaires, poids lourds ou encore autobus. La mise en place ensuite du programme des investissements d’avenir en 2010 a amplifié ce mouvement. Ainsi, entre début 2011 et début 2012, 11 AMI ont été lancés au sein du programme « Véhicule du Futur ». Les AMI « véhicules décarbonés » et « expérimentations liées aux infrastructures de recharge VE-VHR » ont déjà permis de soutenir 8 projets.
Un obstacle et un progrès restent encore à surmonter pour l’un et à obtenir pour l’autre afin de conquérir définitivement le marché. Le prix élevé constitue un frein (la location de la batterie est en sus du prix de vente de la voiture et du coût de la recharge), de même que la quasi-absence, à ce jour, d’infrastructures de recharge. Quant au progrès espéré, c’est celui d’une meilleure performance énergétique, comme celle attendue de la réduction de la consommation du chauffage et de la climatisation étudiée chez Renault ou bien encore de la roue motorisée développée par Michelin afin d’alléger les véhicules de la masse du moteur. Le temps du marché semble tout proche mais l’ère des pionniers n’est pas révolue.