Comme d’habitude, nous allons être dépassés par les événements. Ils changent tout, comme nous pouvons l’apprendre en regardant les actualités. A moins qu’ils ne changent rien.
Prenez par exemple le marché boursier, qui actuellement s’envole.
Selon moi, ayant vu la Fed et ses imitateurs « imprimant » de l’argent à un rythme sans précédent – sans précédent, quasi littéralement, si nous exceptons certains moments en des endroits comme la République de Weimar – des choses sans précédent vont se passer.
Pareil avec les taux d’intérêt, tombant en-dessous de zéro.
Je peux vaguement comprendre pourquoi cela arrive. Ce « flux d’argent » est nécessaire pour couvrir la chute d’authentique production. Grâce au coronavirus ou plus précisément aux politiques de confinement destinées à le combattre, nos gouvernements dépensent comme s’il n’y avait pas de lendemain. Cela inclut des investissements sans précédent dans des choses jugées inutiles encore hier.
Notez que je laisse de côté la question de savoir si les politiques anti-covid fonctionnent et si l’argent circule dans des buts valables. Pour cette question-ci, cela n’a pas d’importance.
Je fais uniquement référence à la bulle. Elle est énorme et grossit rapidement ; déjà plus grosse qu’aucune de celles de l’histoire des bulles, aussi loin que peut voir un économiste honnête. Mais je ne suis pas économiste et je n’ai pas de pied à coulisse pour mesurer le diamètre des bulles. Je suis, dirons-nous, un novice dans ce domaine. Tout ce que je sais, c’est que les bulles éclatent.
Les premières choses à disparaître pourraient être les mutuelles, les pensions et tout ce qui, avant d’être « désinventé », pourrait avoir été rejeté comme « n’étant que du papier ». Beaucoup de notre économie est ainsi : des nombres ultra grands qui pourraient vraiment mener certaines personnes à se jeter du dernier étage mais n’ont aucune influence sur l’heure du lever de soleil.
Nous pourrions dire des nombres qu’ils sont artificiels. Mais une fois la bonde ôtée bien d’autres choses partent dans les canalisations. Et les projets actuels de démolir Keystone, la fracturation hydraulique et tant d’autres industries polluantes élargissent la bonde. De même l’anéantissement des affaires des « petites gens » le long de Main Street, en raison des « problèmes de covid ».
Mettez tout cela ensemble, et même moi je pourrais être qualifié d’expert en économie.
Les choses vont arriver ; et alors que, comme tout autre être humain, je n’ai pas le génie prudentiel de deviner ce qu’elles seront, ou dans quel ordre, je ne serai pas surpris. Les dollars n’ont de sens que tant que les gens les acceptent en échange de biens. S’ils ne le font plus, seuls les biens ont de la valeur.
Et pourtant rien ne change comme je le disais au début. Dans les paroles du vieux chant populaire, « ce n’est qu’un incendie de châteaux ». Et de nombreux châteaux ont brûlé par le passé.
Parmi les principes les plus satirisés de la gauche, il y a celui-ci : « ne jamais gaspiller une crise ». Mon propre sens satirique me dit que l’échec des tentatives de bâtir sur ce principe est l’héritage de nos nombreuses révolutions, soit explicitement politiques, soit autres. Par exemple, les révolutions dans la vente ou l’achat à crédit.
Quel que soit le problème, des hommes ingénieux ont la capacité de l’empirer. J’ai commencé à le remarquer chez les adultes durant l’enfance.
De nos jours, tout ce que font nos gouvernements semble prévu pour empirer les choses. Ils renchérissent sur les erreurs du passé. Cependant il y a peu de nouveauté et aucune possible car toutes les erreurs ont été faites par le passé (vérifiez dans l’Ecclésiaste).
Aux catholiques comme aux autres, je n’ai pas le courage de conseiller comment bénéficier du chaos imminent. C’est et ce sera une industrie en croissance, quel que soit le tour que prend le chaos. Les fous prendront conseil des fous quand tout ce qu’ils ont peut-être besoin de savoir, c’est comment faire pousser des pommes de terre.
« A chaque jour suffit sa peine ». Disant cela, le Christ citait les anciens sages hébreux.
Je ne sais pas et ne peux pas savoir quelle forme prendra l’informe ; seulement que le « chaos absolu » s’achèvera finalement, dans cent pour cent des cas. Je le sais par la foi mais également par la raison. Notre univers est ainsi. Les orages viennent et s’en vont.
Et effectivement il y a des conséquences pour ceux qui se trouvent sur leur passage. Ce n’est pas exactement une nouvelle et ne nécessite pas des recherches. Mais comme le disait Padre Pio, « ne vous mettez pas entre ma souffrance et moi ».
A mon avis, le VRAI problème, aujourd’hui, est que alors que le monde commence à s’effondrer devant nous, nous ne savons pas quoi faire. Nous hurlons et paniquons, cherchant qui blâmer.
Trouver un bouc émissaire est un jeu très facile, bien plus qu’épingler la queue de l’âne (NDT : référence à un jeu où il faut, les yeux bandés, fixer la queue sur un dessin d’âne), bien que moins utile. Mais même après avoir sacrifié le bouc émissaire, l’état lamentable de notre condition ne s’améliore pas. Nous hurlons et paniquons davantage.
Lors de crises antérieures, quand les bulles éclataient, nous nous tournions vers l’Eglise. Mais également dans le passé il y a eu des époques où l’Eglise était invisible, et même sans les sacrements, nous devions nous débrouiller.
Je regrette également la disparition de l’Eglise de tant d’endroits à un moment où ses services seront les plus demandés. Mais partout où je regarde, elle est quasiment fuyant la confrontation avec un monde qui ne lui convient pas. On lui dit de fermer, elle ferme.
Mais elle laisse le Christ, toujours là pour ceux qui font appel à Lui ; qui bien mieux encore qu’un Marine, ne quitte jamais Son poste.
Comme l’Eglise, quand il est en mission, Il est doux quand les hommes voudraient être durs et dur quand les hommes voudraient être doux. Il est le seul antidote valable contre la catastrophe et la mort ; contre la désespérance qui nous envahit quand il apparaît qu’il n’y a pas moyen de s’en sortir.
La semaine passée, j’ai entendu parler d’un homme qui avait deux emplois ; il dirigeait deux petites entreprises. Ayant perdu les deux en raison des fermetures dues à la pandémie ( fermetures très strictes en Ontario) et incapable de faire face à son épouse et ses enfants, il s’est rendu dans son cottage (jadis splendide) et s’est pendu.
Il ne les a pas aidés en succombant au désespoir. Ce sont deux bras en moins pour planter les pommes de terre. Il n’est plus le rocher sur lequel ils avaient besoin de s’appuyer. Je remercie Dieu pour mon propre père, qui s’est relevé de plusieurs conjonctures semblables sans même perdre son sens de l’humour.
Il est temps de se ressaisir.