Depuis une quinzaine d’années, les albums de bande dessinée traitant de découvertes archéologiques révolutionnant complètement l’histoire du christianisme sont légion : de Jésus qui n’était pas le Christ à Judas qui ne l’aurait pas trahi en passant par la descendance qu’il aurait eue de Marie-Madeleine, on a eu droit à tout et à n’importe quoi. La plupart du temps très éloignés des textes apocryphes connus depuis bien longtemps, ils ont prétendu faire connaître l’histoire occultée des débuts de la religion chrétienne. Saupoudrés parfois d’une descendance templière ou d’une postérité maçonnique et même prolongés, pour quelques-uns, par des expériences menées aujourd’hui dans les laboratoires du Vatican, ils ont, avant même le succès du Da Vinci Code, répandu les légendes les plus fantaisistes, parfois bien menées mais toujours éloignées des réalités.
Or, voici qu’apparaît une grande nouveauté. Certes, en apparence, le scénario s’inscrit dans la lignée fantastique précédemment décrite : un chercheur français est envoyé par le Vatican à Jérusalem enquêter sur l’enlèvement d’un dominicain en possession de dossiers confidentiels. Mais ce thriller religieux lance en fait le lecteur à la découverte des secrets de la Bible en donnant un point de vue archéologique et théologique qui a reçu l’aval de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem. Tout cela a été réalisé par de grands professionnels de la bd qui n’en sont pas à leur coup d’essai, mais qui ont travaillé avec d’authentiques savants établis en Terre sainte.
Cette collaboration s’est manifestée aux yeux du grand public par une soirée de lancement qui s’est déroulée dans le prestigieux Collège des Bernardins à Paris. Là, dans ces salles venues tout droit des siècles les plus lumineux du Moyen Âge, les spectateurs ont eu la surprise de découvrir en chair et en os plusieurs des personnages mis en scène dans le premier tome des Explorateurs de la Bible. Seuls leurs noms avaient changé car, dans l’album, des pseudonymes leur ont été attribués afin de préserver la tranquillité de ceux qui, dans la vie quotidienne, font figure de grands savants de réputation internationale.
Pourquoi donc se sont-ils laissés convaincre d’utiliser leurs silhouettes, leurs caractéristiques et leurs connaissances ? Tout simplement parce que c’était un moyen original de célébrer le 800e anniversaire de l’ordre des prêcheurs fondé par saint Dominique en même temps que le 125e de la mise en place de la fameuse École biblique et archéologique française de Jérusalem. Les auteurs disposant déjà de bonnes connaissances dans ces domaines, les dominicains ont facilement accepté de les aider à élaborer une histoire qui tienne la route sur le plan scientifique en même temps qu’elle s’appuyait sur une intrigue aussi bien scénarisée que dessinée.
http://www.glenatbd.com/bd/les-explorateurs-de-la-bible-9782723498494.htm
Arnaud Delalande, Yvon Bertorello et Alessio Lapo, Les explorateurs de la Bible, t. I : Le manuscrit de Sokoka, Grenoble, Glénat, 2015, 51 pages