Qu'est-ce qu'un liturgiste ? - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Qu’est-ce qu’un liturgiste ?

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Je vais répondre rapidement à ma question.

Tout d’abord, laissez-moi vous décrire les instructions pour s’agenouiller à la messe, dans le diocèse d’Antigonish, en Nouvelle-Écosse, au Canada, où nous vivons l’été. Elles peuvent se résumer ainsi : outre une partie de la première moitié de la prière eucharistique (de l’appel du Saint-Esprit à l’élévation du calice), il ne faut pas s’agenouiller à la Messe.

Ce soir, comme d’habitude, j’étais prêt à me mettre à genoux à la fin du Sanctus, lorsque j’ai vu toute l’assemblée rester immobile. J’ai donc eu l’impression que mes jambes s’étaient repliées sous moi pendant un moment, tandis que je me relevais brusquement, en attendant le moment indiqué.

Ensuite, tout le monde s’est dûment agenouillé. Mais comme ils n’ont pas l’habitude de le faire avant la messe, cela signifie que la prière eucharistique a été ponctuée de dizaines de clap-clap, lorsque les genoux ont touché au sol. Chaque église ici semble utiliser la plus petite des prières, donc nous passons environ 90 secondes à genoux, puis nous nous relevons tous pour l’acclamation, avec un autre refrain de clap-clap, puisque les fidèles se relèvent, et ne se remettent plus à genoux après.

C’est-à-dire que nous ne nous agenouillons pas après l’Agnus. Et l’évêque nous a dit de ne pas nous agenouiller après la Communion. Tout le monde est censé rester debout jusqu’à ce que chaque fidèle l’ait reçu, en signe de solidarité ou quelque chose du genre.

Comme cela prend beaucoup de temps et que la plupart des occupants des bancs sont âgés, cela signifie qu’après le retour de la dernière personne à sa place, tout le monde s’assoit. Il n’y a donc aucune raison de prier juste après avoir reçu l’Eucharistie.

Vous surveillez les files. Deux ou trois minutes se sont écoulées et si vous pensiez à l’Eucharistie pendant que vous alliez la recevoir, vous n’y pensez probablement pas maintenant, car regarder tout le monde vous distrait.

Pendant que vous êtes assis, le prêtre est debout devant, en train de bricoler et réciter les prières requises. Le Corps et le Cang de Christ sont toujours là et vous êtes assis, tranquille.

Je ne me suis pas assis, pas à ce moment-là. Je m’agenouille et j’essaie de prier. Ce n’est pas la chose la plus facile au monde à faire, car le pianiste joue doucement et je sais que je me distingue, mais j’imagine que les gens se souviennent sûrement des jours lointains où ils se sont agenouillés et ont prié après la communion. Ils peuvent comprendre que je suis un Américain vivant ici l’été. Par conséquent, je ne suis tout simplement pas au courant de la coutume du pays.

Quand est-ce qu’un homme s’agenouille-t-il s’il n’est pas à l’église ou en prière au chevet de son lit ? Jamais. Alors pourquoi devrait-on mettre à genoux devant la souffrance ? Moins on s’agenouille, mieux c’est ? Quand les innovateurs liturgiques ont enlevé les bancs de la communion, qu’ont-ils fait du côté humain de l’expérience de la communion ?

Je fais la queue pour recevoir la Sainte Communion, comme je fais la queue chez Tim Horton pour un chili et des beignets. En effet, dans ce dernier cas, j’aurai peut-être quelques instants de silence pour réfléchir, mais à la communion, non. Continue d’avancer, mon pote. Ça y est, c’est déjà ‘Corps du Christ’.

Le prêtre de cette église est un très bon homme et il donne des homélies intelligentes. Je crois qu’il fait de son mieux, à sa guise, dans les circonstances. Mais tout dans cette messe, de la musique de Glory ‘N’ Praise, aux filles de l’autel ennuyées et déprimées, à l’annonceur gazouillant, au lectionnaire honteux, aux murs sombres et nus, en passant par les mauvaises instructions liturgiques de la chancellerie, tout agit comme un frein sur le navire de la foi.

C’est comme essayer de naviguer avec un bateau ancré et des rames dans la boue.

Qu’est-ce qu’un liturgiste ? Quelqu’un totalement dépourvu d’un sens anthropologique ; engourdi par le sens des gestes corporels et le ton des voix humaines ; ignorant des subtilités et des nombreux registres de langage ; novice de la solennité ; sans notion de drame, ni de sentiment de silence ; quelqu’un dont l’idée de poésie se trouve sur une carte de vœux ; quelqu’un qui va porter sur son dos, le fardeau d’une fausse hospitalité ; quelqu’un dont le sourire envoie toutes les pensées et les sentiments profonds dans un abîme d’indifférence.

Sinon, comment expliquer l’inaptitude ? Comment peuvent-ils ne pas voir ce qu’ils ont fait ? C’est une chose d’être aux côtés de quelqu’un que vous ne connaissez pas ou que vous connaissez et que vous n’aimez pas. Cela arrive tout le temps. C’est arrivé au lycée quand vous avez fait la queue pour aller à vos casiers. Cela se passe à la banque, à la porte de l’aéroport, chez le mécanicien.

C’est une autre chose, et plutôt inquiétante, de s’agenouiller à côté de l’étranger ou de l’ennemi et de sentir qu’il n’est peut-être pas un étranger ou un ennemi après tout, mais une âme humaine confuse et souffrante, comme vous.

Je ne me sens pas proche des étrangers qui sont obligés de se tourner vers moi et de sourire. Je me sens proche de la personne agenouillée à côté de moi sur le banc de communion – garçon ou fille, homme ou femme, jeune ou vieux. Nous sommes ensemble et attendons l’approche du prêtre qui nous apporte le Seigneur.

Comment les liturgistes auraient-ils pu passer à côté du pouvoir évident d’une telle expérience ? Mais peut-être connaissaient-ils ce pouvoir et souhaitaient-ils que nous ne le sentions pas.

Parfois, j’imagine ce que cela pourrait être de retourner à une messe catholique après quarante ans de péché dans le désert. Vous avez des souvenirs de solennité. Vous êtes sur le point de faire une chose craintive et sérieuse. Vous êtes prêt à rencontrer le pouvoir de Dieu. Et puis vous franchissez les portes.

Vous pouvez vous sentir plus à l’aise que prévu. Mais vous n’êtes pas allé là-bas pour vous sentir à l’aise. Reviendrez-vous ?

Source : https://www.thecatholicthing.org/2019/08/17/what-is-a-liturgist/

* Image: Communion des apôtres ou Institution de l’Eucharistie de Joos Van Wassenhove (Giusto Da Guanto), 1474 [Galerie nationale des Marches, Urbino, Italie]

Anthony Esolen est conférencier, traducteur et écrivain. Parmi ses livres, il y a Ten Ways to Destroy the Imagination of Your Child (« Dix moyens de détruire l’imagination de nos enfants »), Out of the Ashes : Rebuilding American Culture (« Sortir de la cendre : reconstruire la culture américaine »). Il est professeur et écrivain à Northeast Catholic College, à Warner, New Hampshire.