Qu’arrive-t-il à Monsieur Fillon ? - France Catholique
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Qu’arrive-t-il à Monsieur Fillon ?

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J’avoue être presque constamment irrité du spectacle « offert » par l’UMP… Pourquoi ces désaccords sur des points essentiels entre les principaux dirigeants et les aspirations des militants encartés (je pense ici à François Fillon, tiède alors qu’il lui faudrait être déterminé et combattif ? À Luc Chatel, qui me semble plus un sous-marin venue de la gauche qu’un homme soucieux de respecter le mandat de ses électeurs uèmepéistes : quel besoin fut le sien d’introduire le « gendeure » dans l’enseignement public ? Avait-il fait une promesse imprudence aux gens de sa loge ? Était-il lié à quelque puissance occulte ? On peut se poser des questions embarrassantes suite à une telle manœuvre impudente, qui ne pouvait en aucun cas palire aux adhérents du parti dont il se veut l’un des chefs).

J’ai entendu hier soir François Fillon, devant les juges-journalistes de France 2, être plutôt dans l’embarras pour justifier ses déclarations mi-claires, mi-obscures au sujet de l’impossibilité d’abroger la loi Taubira : c’était prendre les auditeurs-électeurs de droite pour des sots… L’argument qu’il ne pouvait être question de « démarier les déjà mariés » n’est qu’une pétition de principe : le candidat à l’élection présidentielle de 2017 se sert d’une évidence partielle pour supprimer la possibilité du tout. Le citoyen n’attend pas une échappatoire de cet acabit, formulée juste pour que le prétendant n’ait pas à faire preuve du courage exigé par les futurs électeurs : je gage pourtant qu’ils auraient été sensibles à une fidélité plus affirmée au camp seul à même de le porter éventuellement au pouvoir.

Bien entendu, il n’a jamais été question de demander le démariage des pauvres innocents qui auront déjà dû vérifier le peu de consistance du « mariage » obtenu aux forceps, le peu de crédibilité des promesses hollandiennes, eux qui vivront peut-être longtemps sur une illusion tragique : la seule réclamation des citoyens qui ont manifesté vise à empêcher que l’on continue à « marier » de nouvelles paires de semblables, cérémonie factice qui n’accumulerait encore que de fausse unions …

Monsieur Fillon est trop intelligent pour croire à la justesse de son propos. Il sait ce qu’il veut, mais ce qu’il veut il n’ose pas le dire parce que nous serions dans l’obligation morale de devoir tirer les conséquences de son désistement : il perdrait aussitôt des centaines de milliers d’électeurs potentiels. Mais s’il veut qu’on le tienne pour un homme honnête envers nous, il convient qu’il tienne un discours cohérent qui ne s’appuie pas sur un argument absurde, avec lequel il n’obtiendra toujours que la même déception.

Assurer, comme il l’a fait, aux lois de la République une « irréversibilité absolue » est une entourloupe pure et simple : combien en effet, dans un passé même récent, ont été votées par une majorité et rejetées par une autre ! Seules les dispositions constitutionnelles peuvent compter sur une sorte de durée optimale étant donné le fort pourcentage de votants exigé pour changer des lois contestables et donc contestées.

Mais le drame certain que vit la France en son sein est qu’il devient très difficile de faire confiance à un parti divisé en trois sections : deux au moins d’entre elles pourraient sans problème s’associer, s’unifier (quoique leurs conceptions de l’Europe les divise…) et il me semble que la troisième, surreprésentée par rapport aux désidératas des adhérents – sans lesquels leur parti n’est rien –, devrait soit s’aligner soit se séparer. Un parti ne tient pas d’abord par ses dirigeants : il appartient aux adhérents, qui choisissent la politique qu’ils désirent voir appliquer. Les chefs viennent ensuite. Le pouvoir émane du peuple dit la Constitution. (Les chrétiens remontent à une origine plus haute encore…) Que les dirigeants s’écartent de ce que veulent les adhérents, ils s’exposent aussitôt à être rejetés, à moins qu’alors leur parti ne parte à la dérive.

Au point où en sont les choses, le mieux serait la séparation : on me dit que non, que c’est impossible, que cela aboutirait à un désastre électoral… Je n’y crois pas un seul instant. Les Français apprécieraient à sa juste valeur cette clarification, cette honnêteté exigée mais qui est aujourd’hui balayée par des pratiques qui n’ont rien de démocratiques.

J’espère donc, même si le diagnostic de cet ami pessimiste devait se révéler exact – le désastre électoral –, que souverainistes et pro-européens de la droite de l’UMP s’uniront au plus vite, en reportant à plus tard la question européenne, afin d’être en ordre de bataille pour les municipales de l’an prochain. Peut-être alors que Nicolas Dupont-Aignan les rejoindrait…

Que deviendrait la section Fillon-Le Maire-Baroin ? Ils inventeront un nouveau nom pour une UMP du centre, à moins qu’ils préfèrent alors s’accorder tout simplement avec l’UDI de Borloo, ce qui au fond simplifierait la situation politique de la France opposée aux gens de la Gauche, puisque cette option permettrait d’éviter la multiplication des partis… Mais Borloo en serait-il ravi ? Qui vivra verra…

Un tel bouleversement aurait l’immense mérite de la vérité : notre peuple en a plus qu’assez d’un monde politique sans cesse sur le fil séparant mensonge et son contraire, comme prêt à se jeter du côté le plus « rentable » : ces calculs sont honteux et délirants. Un minimum d’idéal est espéré…

Fillon disait justement hier soir que les Français « méritaient la vérité » : que n’en tient-il compte ! Ce qui se passe et se remarque dans son parti est très éloigné de représenter la vérité attendue par la « base »…

Je ne suis pas porteur de carte : une seul année j’en ai « hérité » d’une : ce fut lorsque je pensais qu’il faudrait soutenir les efforts de Christine Boutin. La carte de son mouvement ne s’obtenait qu’accompagnée de celle de l’UMP. Je n’ai pas renouvelé l’expérience : est-il désormais possible de reprendre la réflexion ?