C’est un étrange procès qui s’est tenu, la semaine dernière, au Vatican, conclu par la condamnation du majordome du Pape, Paolo Gabriele, à dix-huit mois de prison. Lorsqu’il est question de procès au Saint-Siège, il s’agit habituellement de causes de béatification et de canonisation, où il faut se prononcer sur l’héroïcité des vertus d’un serviteur ou d’une servante de Dieu. Cette fois, c’était l’indélicatesse, voire même la trahison d’une personne attachée au service du Pape, qui était jugée. On comprend que le Saint-Père ait été particulièrement affecté par l’étrange comportement de cet homme en qui il avait mis sa confiance, à l’égal d’un membre de sa propre famille.
Paolo Gabriele prétend avoir livré des documents confidentiels, tirés directement du bureau de Benoît XVI, pour rendre service au Pape et mettre ainsi au jour certains comportements des membres de la Curie. Il est possible qu’il ait agi de bonne foi, se croyant investi d’une mission purificatrice. En ce cas, il faudrait s’interroger sur sa candeur et son irresponsabilité. En l’espèce, il n’aura servi que les intérêts d’un journaliste qui voulait profiter des effets du scandale pour sa propre publicité. L’affaire serait-elle de plus grande ampleur, dépassant le cas du majordome pour atteindre une manœuvre de pouvoir à l’intérieur de l’administration pontificale ? On le saura peut-être grâce aux conclusions de la commission des trois cardinaux nommés par le Pape.
Ce qui apparaît pour le moment, ce n’est nullement la déshérence des services du Saint-Siège. L’ensemble des dicastères fonctionne correctement au service de l’Église universelle. Les problèmes soulevés par Gianluigi Nuzzi (le journaliste) concernent certains services particuliers et il n’est même pas avéré que les accusations soient fondées. Ainsi, on attend encore une véritable analyse des difficultés de l’Institut pour les œuvres de religion, « la banque du Vatican ». Il semble bien que le désaccord qui a conduit au départ de son directeur, M. Gotti Tedeschi soit de nature purement technique. Ceux qui sous-entendent blanchiment d’argent sale ou liaison mafieuse n’ont apporté aucune preuve et ont pris le risque de diffamer les autres responsable de l’IOR. Cela ne veut pas dire que l’administration du Saint-Siège soit sans reproche, qu’il n’y existe pas de rivalités et parfois d’éléments délictueux. Quant aux dossiers douloureux que le Pape doit assumer, ils étaient déjà connus et les documents révélés n’ont rien appris de déterminant.
Le Saint-Père a beaucoup souffert de cette opération peu glorieuse. Il reste à espérer qu’elle aura permis une certaine clarification pour un meilleur soutien à la mission de l’évêque de Rome. Quant au malheureux Paolo Gabriele on le sait déjà pardonné. Il continuera à travailler au Vatican, préservant ainsi l’avenir de sa famille.