Procès à Rennes - France Catholique
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Procès à Rennes

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Hier, a commencé à Rennes un procès qui tient du cauchemar et que l’on craint de commenter par peur de se montrer injuste à l’égard d’une des parties en cause. Laissons aux spécialistes des affaires judiciaires le soin de démêler les fils d’un véritable imbroglio, qui a commencé avec le drame qui s’est produit le 27 octobre 2005 à Villiers-le-Bel. Deux gamins, Bouna Traore, 15 ans et Zyed Benna, 17 ans, y ont trouvé la mort, carbonisés dans un transformateur électrique, où ils s’étaient réfugié pour fuir la police. Comment ne pas compatir à la douleur indicible des familles, mais comment, en même temps, ne pas prendre en compte la difficile tâche des policiers, souvent aux prises avec des situations insupportables. Il y a bien sûr les faits, mais ceux-ci donnent lieu à des interprétations radicalement différentes. La lourde accusation qui pèse sur les policiers est de ne pas être venus en aide à ces gamins en péril de mort. Mais la justice est elle-même divisée et les magistrats ne s’entendent pas.

Il semble que « les grands frères » des victimes ne désirent pas poursuivre les policiers de leur vindicte. Ils voudraient que l’on reconnaisse simplement l’innocence de Bouna et de Zyed, soupçonnés d’être des délinquants. Mais ce qui contribue à donner à ce nouveau procès une dimension nationale, c’est le fait que le drame de Villiers-le-Bel avait produit une explosion générale, avec l’embrasement des quartiers, la révolte de toute une jeunesse, qui avaient amené le gouvernement d’alors, dirigé par Dominique de Villepin, à décréter l’état d’urgence, ce qui est une mesure exceptionnelle.

Depuis lors, la menace plane toujours, car tout ce qui avait motivé les émeutes dans 300 communes peut demain produire des effets identiques. La seule chose qui ait changé depuis dix ans, c’est la modification des rapports de force politiques, qui a résulté des hantises de l’opinion face aux problèmes de l’immigration, de l’intégration des jeunes ainsi que du chômage. Comment va se résoudre le bras de fer en cours ? Impossible de le dire. Il faut simplement souhaiter que notre pays trouve dans ses ressources propres de quoi répondre à un défi qui le met en péril.

Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 17 mars 2015.