Printemps arabe ou cauchemar ? - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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Printemps arabe ou cauchemar ?

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N’est-ce pas un immense espoir pour nous que ce printemps des peuples arabes ? Comment ne pas nous réjouir que toute une jeunesse se soit levée au nom de la liberté, réclamant la fin des dictatures et le changement des conditions économiques pour une vie plus digne. Certes, on mesure les difficultés de l’entreprise : ce sont 50 millions d’emplois qui devraient être créés avant 2020 pour satisfaire aux demandes du marché du travail. Il n’empêche que la dynamique enclenchée semble aller dans la bonne direction et qu’un retour au système passé semble exclu.

Pourtant, les craintes sont vives quant à l’issue du phénomène. Le dimanche 9 octobre, des milliers de coptes — les chrétiens d’Égypte — qui manifestaient une nouvelle fois au Caire, devant l’immeuble de la télévision publique, contre l’incendie par des islamistes d’une église d’Assouan le 30 septembre et pour la libération du blogueur copte Michael Nabil (condamné à trois ans de prison pour avoir osé critiquer l’armée égyptienne sur Internet), ont été, une fois de plus, pris à partie par des jeunes musulmans qui les tabassent à coups de bâton, leur tirent dessus, leur jettent des cocktails Molotov. Les chars de l’armée sont intervenus, mais plus pour réprimer les coptes que pour les protéger… Un bilan officiel évoque 24 morts et 300 blessés, et il n’est que provisoire. Le Premier ministre Essam Charaf évoque un complot pour empêcher les élections. Toujours est-il que depuis mars, près de 100 000 coptes ont quitté le pays à cause de la multiplication des provocations antichrétiennes et de l’absence de perspectives politiques.
En Syrie, certains Chrétiens, traumatisés par l’exemple irakien voire palestinien, sont tellement inquiets d’un possible rétablissement de la charia, la loi islamique, à la faveur d’un « printemps arabe », qu’on les sent tentés de soutenir un régime pourtant indéfendable ou bien de partir eux aussi…
En Tunisie, des incidents, certes moins graves, donnent également un mauvais signal à la veille des élections : la diffusion du film d’animation anti-khomeiniste « Persepolis » par la télévision privée Nessma a donné prétexte à des islamistes pour tenter de brûler le siège de cette télévision, tandis que le campus de la faculté de Lettres de Sousses était envahi par des partisans du voile islamique… Et les candidatures à l’émigration se multiplient, parfois tragiquement.

Quant à la Libye, nul ne sait ce qu’il sortira d’une guerre qui dure décidément beaucoup trop.

ll ne suffit pas en effet que les peuples se soulèvent pour que la liberté triomphe. Il faut encore que se créent les conditions pour qu’un véritable État de droit fasse respecter la liberté des consciences et de religion.