Priez plus, priez plus ardemment - France Catholique
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« Ô Marie conçue sans péché »
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Priez plus, priez plus ardemment

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Ces dernières semaines ont été un réel coup bas pour les défenseurs du catholicisme. Le scandale McCarrick, déshonorant un des plus hauts offices de l’Eglise, a fait ses ravages. Il a bientôt été suivi par l’annonce du Vatican de la révision du Catéchisme de l’Eglise Catholique en ce qui concerne la peine capitale. Puis la crue a déferlée avec la nouvelle de la dissimulation durant des décennies d’ affaires d’abus sexuels dans plusieurs diocèses du pays. Les critiques de l’Eglise Catholique ont du blé à moudre pour plusieurs années. Qu’est censé faire un défenseur de l’Eglise catholique ?

Je propose : se taire et prier.

Une pensée qui a pris forme suite à une récente conversation avec un ami – un autre chantre laïc de l’Eglise – qui lit ce que j’écris pour différentes publications catholiques. Il demandait mon avis pour comprendre le sens du changement dans l’enseignement sur la peine de mort – et plus largement pour comprendre le pontificat de François.

J’ai été touché, et un peu inquiet, que l’on puisse rechercher mon avis sur des sujets aussi complexes. Mais mon ami, bien que n’ayant que peu de formation universitaire, est très versé en théologie, Ecriture Sainte et défense de l’Eglise catholique. Pourtant il était hésitant, particulièrement en ce qui concerne le Saint-Père. Pensant aux pratiques catholiques habituelles, qui incluent de prier aux intentions du pape, je lui ai demandé à quelle fréquence il priait le chapelet. Il m’a répondu : environ une fois par semaine.

Voilà la source du problème. Je ne cherche pas à différencier mon ami – au moins il a été franc. Je dois reconnaître que comme personne écrivant publiquement sur différents sujets catholiques, je sais que je ne prie pas suffisamment. Parfois, bien que ce ne sois pas le cas pour l’instant, je ressens une forte impulsion à abandonner les travaux liés à mes études ou l’article en cours pour simplement prier. Je dois avouer à ma grande honte que j’ignore presque toujours cette douce petite voix tranquille. Finalement, chacun d’entre nous qui cherche à défendre la foi catholique néglige de prier, à ses risques et périls.

Ceux qui sont engagés dans la défense du catholicisme aiment à citer la Première Lettre de Pierre (3:15), notre devise : « Soyez toujours prêts à répondre quand on vous demandera de justifier l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect ». De fait, ce verset est utilisé pour justifier toute une industrie tant dans le catholicisme que dans le christianisme en général.

Pourtant, c’est quelque chose d’assez rare si nous considérons l’Ecriture Sainte dans son ensemble. Quelques autres versets et récits – telles des anecdotes dans les Actes des Apôtres au sujet de Saint Paul – mettent également l’accent sur l’importance de l’apologétique. Mais ils sont de très loin éclipsés par l’insistance de la Bible sur la prière.

Dans l’Ecriture, il y a à peu près 650 prières et approximativement 450 récits de réponses à une prière. Jésus est présenté priant à 25 reprises durant son ministère terrestre. Paul mentionne la prière 41 fois, y incluant la prière de louange, la prière de demande et les exhortations à la prière. La prière est mentionnée pour la première fois dans la Bible dans Genèse 4:26 – c’est nettement plus ancien que toute référence à l’apologétique !

Des catholiques gaspillent énormément d’énergie mentale et émotionnelle dans des débats concernant notre foi. Des maisons d’édition catholiques et des ministères laïques consacrent des ressources colossales à des livres, des émissions radiophoniques, des tracts, des sites internet. Bien que mon opinion ne soit bien sûr qu’anecdotique, je pense que l’on peut dire sans risque de se tromper qu’il y a probablement des douzaines, sinon plus, de sites internet offrant les mêmes réponses aux objections habituelles à la foi catholique. La redondance peut-être utile, évidemment – plus nous répandrons ces choses sur internet, plus sûrement les gens tomberont dessus. Cependant, nous devrions être aussi diligents, voire même davantage, à répandre nos prières à travers le monde tout comme nous nous répandons sur internet.

S’il nous est demandé de nous engager dans le débat public ou la défense de notre foi catholique, nous devrions au minimum incorporer dans notre routine journalière la lecture des Ecritures, la prière du chapelet et la prière libre. La messe quotidienne, pour ceux dont l’emploi du temps le permet, est une arme puissante dans notre arsenal apologétique. En ces temps de tribulations au sein de l’Eglise, nous avons d’autant plus besoin de ces armes du combat spirituel.

En outre, il y a une sorte de semi-pélagianisme implicite à l’œuvre dans beaucoup de notre apologétique. Bien que tous nos apologistes, clercs aussi bien que laïcs, devraient être loués pour dépenser du temps et de l’énergie à la défense de l’Eglise, je me demande parfois si une part de ces efforts ne reflète pas une réticence à confier simplement les choses au Seigneur.

Nous poussons et nous tirons, écrivant, dactylographiant, discutant, disputant, espérant que finalement quelque chose réussira à persuader nos interlocuteurs que l’Eglise est bien ce qu’elle proclame être, la détentrice de la plénitude de la foi, le lieu où le Christ demeure dans l’Eucharistie. Sommes-nous par moments réticents à laisser Dieu nous conduire, à nous tourner vers Lui dans la prière, à nous unir au Christ, à rechercher Son visage et à Lui demander de bâtir son Eglise ?

Il y a une anecdote célèbre à propos de Mère Teresa. Une religieuse avait des difficultés à faire face à un emploi du temps chargé et compliqué. Elle se sentait débordée et a cherché les conseils de sa supérieure. Elle s’attendait peut-être à ce que Mère Teresa lui donne une meilleure méthode pour organiser son temps, ou à ce que la sainte lui octroie un congé.

Quoi qu’il en soit, la réponse de Mère Teresa est de celles dont nous avons tous besoin : elle a dit à la religieuse de consacrer plus de temps à la prière. La vérité est qu’il y aura toujours davantage de débats, davantage d’attaques contre l’Eglise, davantage de gens qui auront besoin d’entendre un plaidoyer solide et convaincant en faveur du catholicisme. Cependant nous avons été faits pour Dieu, et si nous tentons de faire Son travail loin de Sa présence, notre ministère en souffrira.

Donc, à tous ceux qui ont la tête chamboulée par les nombreuses crises qui secouent l’Eglise, je vais donner un unique conseil que je vais m’empresser de suivre : prier plus, prier plus ardemment.

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Casey Chalk est rédacteur d’un site internet œcuménique : Called to Communion (Appelés à la communion). Il fait un troisième cycle de théologie.

Illustration : « Le roi David en prière » par Pieter de Grebber, vers 1640 [musée du couvent Sainte-Catherine à Utrecht, Pays-Bas]

Source : https://www.thecatholicthing.org/2018/08/26/pray-more-pray-harder/