Pour le Cardinal Joseph Ratzinger, « les sacrements sont une espèce de contact direct avec Dieu. Ils prouvent que notre foi n’est pas purement du domaine de l’esprit, mais implique et fonde une communauté.» Des sept sacrements, l’ordination — et ensuite la première Messe — implique et rassemble la communauté plus que les autres. Les fidèles de tout le diocèse, même sans connaître le prêtre nouvellement ordonné se réunissent au contact de Dieu : par la volonté divine des individus sont faits prêtres de Jésus-Christ selon les dires de Melchisédech.
J’ai connu récemment cet émouvant élan spirituel quand quatre membres de mon diocèse célébrèrent leur « mariage » avec leur épouse, l’Église.
L’ordination est l’ultime défi aux courtes vues terre-à-terre du siècle : le don total de soi à une réalité invisible qui se situe bien au-delà de toute preuve scientifique. Les centaines de fidèles réunis lors de l’ordination, puis de la première Messe, viennent soutenir l’engagement transcendant des nouveaux prêtres.
Dans la célébration de ce sacrement on voit en direct que l’Église — à l’opposé des commentaires de la presse, des condamnations par de doctes experts ou même de sa propre auto-flagellation — est toujours vivante et soumise au Seigneur avec d’authentiques foi, espérance et amour.
La foule des catholiques réunis dans les cathédrales et les églises à l’occasion d’ordinations et de premières Messes prouve que la prêtrise a toujours la cote, même après une décennie de soupçons et de controverse. La joie évidente et la complicité éclairant les visages des fidèles se reflètent dans les sourires des nouveaux prêtres, soutenus par des douzaines de concélébrants et leurs camarades séminaristes. Ce témoignage multiple montre que la prêtrise est un immense don, non pour l’individu mais pour le bien et le salut de tous.
La nature et la mission de la prêtrise apparaissent dans le rite et les prières de la cérémonie d’ordination, mais c’est le lendemain, quand le « novus ordinatus » célèbre sa première Messe, que la prêtrise apparaît comme un don à toute l’Église. Cette année, la première Messe à laquelle j’assistais était célébrée lors de la fête du Saint Sacrement, commémorant chaque année la présence réelle et permanente du Christ parmi nous en l’Eucharistie. Selon le Concile Vatican II l’offrande du sacrifice Eucharistique est la « fonction primordiale » des prêtres car c’est par elle que se perpétue l’œuvre de notre rédemption. L’Eucharistie est le sommet et la source de la mission de prédication de l’Évangile par le prêtre car elle établit le contact premier avec le Christ, but de toute prédication.
Le nouveau prêtre prononça les paroles sacramentelles, et procéda à l’élévation des Saintes Espèces pour la première fois. La veille, cet homme n’avait pas le pouvoir eucharistique. Désormais, par la grâce de son ordination, il agit « in persona Christi » — par le Christ en personne — ayant alors ce pouvoir sublime non par lui-même mais parce que le Christ, agissant en lui, lui confère cette mission en l’Église. Le mystère de l’Eucharistie est intimement lié au mystère de la prêtrise, moyen choisi par Dieu pour la sanctification de Son peuple.
Après la liturgie de l’ordination et la célébration de la première Messe se tient une coutume typiquement catholique: les fidèles viennent recevoir la bénédiction du nouveau prêtre. Les longues files de fidèles attestent de l’atmosphère de sainteté autour de la prêtrise. Mais le témoignage le plus émouvant d’amour de la prêtrise fut porté à la fin de la messe par le curé de la paroisse. Il invita les fidèles à se joindre à une tradition séculaire, alla vers le nouveau prêtre, s’agenouilla devant lui, et, le premier, en reçut la bénédiction. L’acte plein d’humilité d’un ancien s’agenouillant devant un jeune montre plus intensément qu’une homélie la signification de la bénédiction d’un prêtre.
Le Pape Benoît XVI déclarait récemment : « C’est par la liturgie que l’on sent le mieux la place de l’Église.» Bien trop souvent le péché de l’homme — et les médias modernes — nous rappellent une pénible vérité : l’Église est sur terre une association de pécheurs en voie de rédemption, et non de saints glorieux. Nous pouvons nous désespérer en constatant la diminution de la pratique de la messe, la catéchèse tristounette, l’apathie des croyants. L’ordination de nouveaux prêtres et la Messe pour la célébration de laquelle ils ont reçu l’ordination nous rappellent que le Christ est toujours à la tête de Son Église, que le but de l’Église se trouve dans l’au-delà, que l’authentique catholicisme est enraciné dans les sacrements, et que l’Eucharistie est en vérité le sommet et la source de la vie catholique.
Les fidèles et la plupart des prêtres peuvent bien devenir grisonnants, mais avec chaque ordination sacerdotale nous nous rappelons que la vitalité du catholicisme ne dépend pas de l’âge ou du nombre des fidèles, mais d’une totale et authentique soumission au Seigneur. C’est par cette soumission, par ce contact avec Dieu, que la véritable communauté catholique se re-crée, toujours vivante.
http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/first-mass.html