On peut regretter de faire une telle publicité à un spectacle « caricatural » selon les mots de Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris et même « ridicule et prétentieux » pour le Parisien. D’autant que les opposants ont beau jeu d’amalgamer toutes les positions et de se poser en défenseurs de la liberté d’expression devant des chrétiens qui pourtant n’en demandent pas plus qu’eux, si ce n’est un peu de respect et de compréhension. Dès lors, comment réagir à la provocation sans rentrer soi-même dans le jeu de l’adversaire ? Si la réponse n’est pas toute trouvée, celle qui fut esquissée le soir du 8 décembre à Paris fut exemplaire.
Entre 18 h et 19 h pour ne pas entrer en contact et en conflit avec les spectateurs de la pièce, quelques centaines de « chrétiens ordinaires » se sont rassemblés à la station Champs-Élysées – Clemenceau porteurs de fleurs blanches. Ceux qui n’en avaient pas amené pouvaient les acheter sur place au profit des chrétiens d’Orient. Le cortège s’est ensuite rendu à côté du théâtre dans le plus grand silence et un calme remarquable à la suite d’une grande image du suaire de Turin. Il était encadré par un cordon policier impressionnant. Là, les organisateurs, le Collectif Culture et foi : et si on se respectait ?, a rassemblé les fleurs pour les déposer devant le théâtre où se tenaient des représentants du monde du spectacle et de la Ligue des droits de l’homme venus soutenir la pièce. Une délégation du même collectif à laquelle s’est joint l’acteur Michaël Lonsdale a également eu l’occasion de s’entretenir avec le directeur du théâtre, Jean-Michel Ribes et a obtenu son accord pour une discussion autour de la pièce avec tous ceux qui le souhaitaient.
La soirée s’est poursuivie dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, à l’invitation de l’archevêque, pour une veillée de méditation et de prière. Une cathédrale archi-comble, plus de 7000 fidèles selon l’évêché dans et autour de l’édifice. Une foule de tous âges qui a écouté l’évangile du Vendredi Saint (en plein temps de l’Avent) dans un grand recueillement. Une partie a pu vénérer les reliques de la Passion.
Avant cela elle avait pu entendre une très belle homélie du cardinal Vingt-Trois qui n’a jamais nommé le spectacle mais a livré une réflexion sur les outrages portés au Christ depuis 2000 ans. Il a rappelé en conclusion que « l’injure ne blesse pas seulement le Christ, elle dévoile le cœur de celui qui l’injurie. L’offense n’offense pas seulement le Christ, elle dévoile le désespoir de celui qui n’a pas pu accueillir la parole d’amour. La haine n’est pas seulement un péché, c’est la face sombre de l’amour que nous ne savons pas vivre ». à méditer.