Lorsque j’ai commencé à parler de mon dernier livre Why Catholics are right — Pourquoi les Catholiques ont raison — à des amis et des collègues, le contenu les a intrigués, mais le titre les a perturbés.
Bizarre! Leur proposant des titres d’autres livres par d’autres auteurs tels que Pourquoi la Gauche a raison, Pourquoi le Droite a raison, ou même Pourquoi les musulmans ont raison, et en particulier Pourquoi les athées ont raison, j’ai compris qu’ils trouvaient ces propositions tout-à-fait raisonnables, ne risquant nullement de poser problème.
Croire en quelque chose, c’est, ça va de soi, ne pas croire en son contraire. C’est tellement évident qu’on ne s’interroge pas là-dessus, et que cela semble une vérité vraie dans la plupart des cas. Ce n’est, après tout, qu’une question de bon sens. Mais proclamer qu’être un catholique authentique implique que le catholicisme romain est correct déclenche de nos jours la terreur chez nombre d’hommes et femmes, comme si proclamer que le catholicime a raison était une sorte d’horrible péché. Non que pour la plupart ces braves gens croient un seul instant au péché.
Laisser entendre qu’être catholique signifie, eh bien, voyons, être catholique, et donc s’adonner à des persécutions ou des massacres de non-catholiques est tout simplement insultant. Mais nous savons bien — et ceux qui profèrent de telles critiques le savent bien aussi — qu’être catholique n’a rien à voir avec avec ces sornettes. Pourtant, en cas de désaccord, il ne faut pas longtemps pour que quelqu’un rappelle l’époque où les catholiques menaient la vie dure à leurs contradicteurs, comme si, au fil de l’Histoire, seuls les Catholiques avaient pratiqué ces mœurs communes à tous dans les temps anciens.
Ainsi donc j’ai gardé ce titre pour une bonne raison: inciter, obliger les lecteurs à ouvrir les yeux. Je suis catholique, et je crois au catholicisme. Je pense que ceux qui contestent mes croyances sont dans l’erreur. Je n’ai rien contre eux — ou contre la plupart d’entre eux — ni ne veux les choquer, même pas ceux qui veulent me choquer, et m’en voudront probablement davantage après avoir lu mon livre, ou prétendront l’avoir lu, ou en auront lu des critiques sévères.
En vérité je veux que ces lecteurs tiennent compte de ce que j’ai à dire et n’attaquent pas mes croyances avec la hargne qu’ils n’envisageraient presque jamais d’éprouver envers d’autres croyances ou d’autres religions. C’est peut-être un espoir de rêveur, mais l’espérance est une vertu théologale, de ces qualités catholiques qu’on aime croire importantes et précieuses.
Cela dit, l’erreur se trouve à divers degrés. Certains se trompent un peu, d’autres sont dans une erreur profonde, durable, et même choquante. Certains chrétiens non-catholiques entrent dans la première catégorie, on peut citer en particulier l’exemple des évangélistes et des orthodoxes orientaux. Beaucoup d’entre eux pourraient donner des leçons aux catholiques sur l’amour, la charité, et la dévotion envers Dieu.
Les soi-disant chrétiens qui veulent interpréter plutôt que suivre le Christ, les athées professionnels qui inondent l’internet de leurs obsessions, et les bouffeurs de curé à temps partiel font partie de la seconde catégorie.
Ceci m’amène à parler de l’anti-catholicisme, devenu le dernier préjugé à la mode dans une société réputée policée, si évident, si marqué, qu’en simplement parler semble presque banal.. Nous avons tous entendu des commentaires sur les catholiques qui, s’ils avaient concerné d’autres classes sociales, auraient été purement inacceptables. C’est suffisamment nuisible dans des papotages ou des rumeurs infondées, mais c’est bien pire quand c’est publié dans des journaux soi-disant sérieux.
L’historien et biographe britannique Christopher Hibbert a mis le doigt dessus en disant qu’au fil des temps on a considéré le pape comme « un ennemi invisible, fantômatique, en embuscade derrière des nuages d’encens, dans une ville satanique du Sud appelée Rome ». Cette caricature perverse a trouvé son second souffle dans la culture anglo-saxonne comme dans le vaste monde moderne.
Vous pourrez le constater, ce livre est le fruit à la fois de l’expérience et de la recherche. C’est d’expérience que j’ai appris sur quoi se fondent les attaques: d’abord, par l’Histoire, puis l’incompréhension des croyances et enseignements de l’Église, puis les commentaires acerbes sur la prétendue « obsession » de l’Église sur les questions de la vie, enfin tout un tas d’autres critiques. De nos jours est agité le tragique scandale des abus sexuels dans le clergé catholique. Il faut aborder le sujet, mais avec honnêteté et rigueur.
Les autres coups contre le catholicisme? L’Église a été cruelle envers Galilée; l’Église a tenté de convertit les musulmans, et les Croisades furent une horreur; Hitler était catholique, le pape était un nazi; l’Inquisition a massacré des millions de personnes; l’Église est riche et ne fait rien pour les pauvres; des enfants ont été violés par des prêtres, le Vatican le savait et n’a rien fait contre; le célibat mène à la perversion; les catholiques adorent des statues; les catholiques croient que le pape est infaillible et ne peut jamais faire du mal, etc., etc., etc.
Fariboles. Mais fariboles revêtues de crédibilité par les intellectuels qui façonnent l’opinion. Tout cela fait qu’au vingt-et-unième siècle l’institution « Église » est une victime. Dans presque tous les domaines, nous avons atteint la maturité de culture en tant que peuples, au point que de telles généralisations stupides et des opinions fondamentalement tordues ne survivraient pas au sortir du Café du Commerce.
Je suis souvent amené à dire à la masse des critiques mal informés: « pensez et approuvez, pensez et réprouvez, pensez ce que vous voulez. Mais au nom de Dieu et de l’Église qu’il nous a donnée, par pitié, pensez ! »
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Michael Coren est journaliste à Toronto.