Pourquoi « des raisons de croire… vérifiables » ?
Brunor : Parce que ces raisons de croire existent, et qu’elles ne sont pas connues. La nouveauté, c’est que ces raisons sont devenues vérifiables. On ne pouvait donc pas laisser gaspiller de tels indices, qui sont en mesure d’aider les jeunes à envisager d’une façon nouvelle la fameuse question de Dieu. Je me suis lancé dans cette série de BD et de conférences, car il me semble urgent de partager ce trésor qui existe et dont on n’a pas encore pris conscience.
Qui a besoin d’indices vérifiables pour croire en Dieu ?
Tous ceux qui cherchent et se posent des questions. On voit bien qu’autour de nous, il existe plusieurs sortes d’athées et d’agnostiques. A côté de ceux qui sont verrouillés dans leurs certitudes, nous rencontrons des non-croyants qui sont ouverts à la réflexion. Ils nous disent en substance : « J’ai beau essayer, je n’arrive pas à croire en Dieu, toi qui es chrétien, aurais-tu des choses solides à me dire sur lesquelles je pourrais m’appuyer pour avancer ? » Souvent nous sommes démunis, n’ayant à offrir que des éléments « de foi » comme la résurrection, l’amour de Dieu, ou les apparitions de Lourdes. Des éléments qu’il faut… « croire » ! Alors que notre interlocuteur nous demande justement des informations concrètes en mesure de l’aider à envisager que cela puisse être vrai. C’est ce rôle que peuvent jouer ces « indices pensables ». Pas des preuves contraignantes, mais des indices que chacun peut librement passer au crible de la vérification. Ils permettent alors de constater que le Dieu d’Israël et de Jésus-Christ n’est pas incompatible avec la réalité de l’Univers, tel que nous le découvrons de mieux en mieux par les outils de la connaissance expérimentale.
Mais les sciences ne peuvent pas parler de Dieu !
En effet, je précise toujours que les sciences ne sont pas compétentes pour parler de Dieu directement. Mais en commençant à savoir « lire » l’Univers et tout ce qu’il contient, ces sciences nous donnent des indices. Elles nous permettent de vérifier par exemple que l’idée de Platon sur l’Homme est erronée, alors que celle d’Aristote et des prophètes hébreux est exacte.
Aujourd’hui, beaucoup de nos contemporains pensent comme ce journaliste de radio, entendu récemment sur France Culture «Bien entendu, chacun sait que la question de Dieu est irrationnelle. »
Que cette affirmation soit majoritaire est une chose, qu’elle soit exacte en est une autre. De fait, on peut montrer que la question de Dieu n’est pas irrationnelle. Grâce aux exceptionnels progrès de la connaissance, nous disposons désormais de nombreux indices intelligibles, rationnels, pour progresser dans cette enquête. C’est une nouveauté inattendue dans l’histoire de la réflexion humaine. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous sommes en mesure de faire la part du vrai et du faux à propos du passé. Nous pouvons dater des textes de l’Antiquité, reconnaitre des erreurs et des impostures, identifier des auteurs, vérifier si telle hypothèse est confirmée ou infirmée.
Mais la Bible n’est pas un livre de sciences !
Certes, puisqu’elle a été mise par écrit à une époque (cinq siècles avant notre ère) où le mot sciences n’existait pas ! Les prophètes d’Israël n’ont donc pas cherché à rédiger un traité scientifique, mais ils ont posé un certain nombre d’affirmations sur des sujets qui sont devenus vérifiables par les sciences expérimentales. Sur trois grands thèmes : l’Univers, les vivants, l’être humain, ils ont écrit des choses très audacieuses, très originales par rapport aux autres philosophies et religions de leur époque. Il suffit donc de comparer toutes ces affirmations avec ce que nous en savons désormais pour voir qui est le plus proche de la réalité. Qui est le plus rationnel ? Platon qui nous parle d’individuation par la matière, ou, au contraire, Aristote et les prophètes qui nous disent que c’est un message, un plan de construction qui permet cette individuation ? La découverte du message génétique en 1953 nous éclaire sur cette question, d’autant plus que nous savons que notre « matière » est identique : nous sommes chacun composés de 28 sortes d’atomes (13 métalloïdes et 15 métaux). Sur ce point précis, Platon s’est donc trompé. Ce ne sont pas les atomes dont nous sommes composés, qui nous rendent différents entre nous, mais la façon dont ils sont composés, par un plan, un message unique pour chacun.
(voir les indices pensables tomes 1, 2 et 3)
A l’issue de cette enquête sans parti pris, on est étonné de constater à quel point les prophètes hébreux ont vu juste sur ces trois grands thèmes vérifiables.
N’y a-t-il pas un risque de concordisme ?
Le concordisme était au XX° siècle, une tentative d’interprétation, de manipulation des textes bibliques pour les faire concorder avec des éléments des sciences balbutiantes. C’était donc une imposture condamnable.
Mais quand nous apprenons par les astrophysiciens : le soleil est une lampe, il a un début et un fin, il n’est pas éternel, et que nous constatons que la Bible disait exactement la même chose, ce n’est pas du concordisme, car nous n’avons rien modifié dans texte hébreu. C’est tout simplement une confirmation. Les Prophètes hébreux avaient raison, seuls contre toutes les cultures, 2 500 ans avant les sciences.
N’est-ce pas plus digne de croire sans voir ?
Jésus disait lui-même : « Si vous ne me croyez pas, croyez, du moins, à cause des œuvres que vous me voyez faire »… Il nous invite non pas à être crédules, mais à appuyer notre confiance sur du solide. Déjà, tout au long de la Bible, ce qu’on appelle la foi, la hémounah (la foi), s’appuie sur une démarche de la réflexion, de l’intelligence et de l’expérience du réel. D’ailleurs, on peut constater que le Créateur ne demande pas à son peuple de le croire aveuglément. Jamais les prophètes ne disent « croyez sans réfléchir ! » Au contraire, ils disent : « Souvenez-vous, vérifiez, analysez telle situation… »
Les prophètes eux-mêmes ne sont jamais crus aveuglément : le peuple sait faire la différence entre le vrai et le faux prophète.
Quels étaient leurs critères pour reconnaître le prophète authentique ?
Les mêmes que les nôtres : l’expérience, la vérification.
Si une prophétie annoncée se réalise, c’est un indice que cet homme dit sans doute vrai. Si rien ne se réalise dans les délais annoncés, c’est la preuve qu’on a à faire à un faux prophète de plus. La Bible nous en relate quelques-uns. C’est toujours le réel qui nous guide. C’est lui qui confirme la vérité de telle affirmation
Pourtant Jésus a dit à Thomas : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Bien sûr, puisqu’à partir de l’Ascension, on ne le voit plus comme du temps de sa vie publique. Mais vous noterez qu’il n’a pas dit : heureux ceux qui croient sans aucun indice, sans signes tangibles. Car le Christ a passé son temps à en donner et il insiste : « Ces œuvres que je fais témoignent que Dieu m’envoie… » De plus, Jésus ne blâme pas Thomas qui a voulu voir, puisqu’il l’invite même à vérifier encore davantage, il lui conseille d’exercer son sens le plus sûr : le toucher…
Les athées sont donc persuadés que la question de l’existence de Dieu est irrationnelle, mais beaucoup de chrétiens pensent également que cette question est inaccessible à l’intelligence humaine. Le père de Blaise Pascal avait donné à son fils cette 1 Le philosophe Emmanuel Kant poursuivra cette logique : « J’ai dû enlever une part du connaître, pour faire une place au croire. » Dieu merci, l’Eglise romaine refuse cette forme de lobotomie et a réaffirmé la dignité de l’intelligence créée aux conciles Vatican I et II. Le catéchisme de l’Eglise catholique le rappelle au chapitre (I -36) : « Dieu, principe et fin de toutes choses, peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine à partir des choses créées “ (Cc. Vatican I : DS 3004 ; cf. 3026 ; DV 6)
Si les papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont pris le temps d’insister comme ils l’ont fait par une Encyclique et plusieurs rappels, sur le thème foi et raison, c’est sans doute pour corriger un risque de déviance vers une idée trop irrationnelle de la foi, comme celle de Kant ou du père de Blaise Pascal.
Les jeunes nous demandent si nous pouvons leur indiquer des raisons de croire. Ne nous plaignons pas de cette exigence, elle n’est pas un caprice, mais la démarche normale de l’intelligence qui préfère avancer sur un terrain solide plutôt que de s’aventurer à l’aveuglette vers des sables mouvants, comme dans la baie du Mont Saint-Michel où la raison (fondée sur l’expérience du guide et ses connaissances de la réalité) permet à la marche de progresser dans la bonne direction, non sans efforts, mais en tenant compte du réel.
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