À l’aube de l’année nouvelle, comment ne pas s’interroger, avec quelque angoisse, sur le destin de notre commune humanité ? Ce n’est pas que je veuille ajouter au pessimisme ambiant, mais c’est la réalité tragique de notre monde qui m’oblige à m’interroger. Chaque jour apporte son lot de drames, de crimes, plus généralement d’extension d’un phénomène qui s’identifie au fondamentalisme islamique. Du Pakistan et de l’Afghanistan, en passant par la Syrie et l’Irak, il atteint le Maghreb et déstabilise jusqu’aux profondeurs de l’Afrique. Et nous-mêmes ne sommes pas indemnes de la contagion avec la fuite de centaines de jeunes gens à destination de l’État islamique et les initiatives folles de terroristes déchaînés.
Mais il n’est pas facile de tracer les grands traits des évolutions internationales. Tout ne se réduit pas à la menace islamiste. Le face-à-face actuel de la Russie de Poutine et des États-Unis d’Obama, épaulés par l’Union européenne, est aussi un sujet de graves préoccupations. Il donne lieu chez nous à des échanges intenses révélateurs de la difficulté pour trouver une solution à la crise ukrainienne. Je serais assez tenté, pour ma part, de suivre le diagnostic toujours nuancé et éclairé de Renaud Girard, lorsqu’il s’insurge contre le zapping diplomatique des Occidentaux, largement responsable de l’impasse actuelle. À ce propos, je recommande l’excellent petit livre que Renaud Girard vient de cosigner avec Régis Debray, sous le titre Que reste-t-il de l’Occident ? aux éditions Grasset.
On trouve dans cet échange entre deux anciens normaliens la même passion de comprendre le monde actuel, sans jamais se situer depuis Sirius. En quelques traits synthétiques, ils montrent leur profonde connaissance de toutes les coordonnées internationales et du jeu des États-Unis et de l’Europe par rapport aux autres puissances. Ce jeu est en train de changer de nature par rapport à ce qu’il était sous l’emprise du courant néo-conservateur américain. C’est la réalité qui oblige à modifier l’analyse et la stratégie. Même s’ils ne sont pas d’accord sur tout, Renaud Girard et Régis Debray se coalisent pour aider à nous rendre plus lucides.
Bonne année à tous !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 1er janvier 2015.
