Le Président de la République a donc pris des décisions importantes pour mettre la politique étrangère de la France en cohésion avec les révolutions qui secouent le bassin méditerranéen avec une intensité exceptionnelle. C’est? en effet, une véritable mise en demeure que les pays arabes en révolte font à notre pays. A l’heure où ils chassent leur dirigeants et entreprennent des mutations qui touchent jusqu’à la nature de leur civilisation. Certes, sur ces mutations il convient toujours d’être prudent, car nous ne savons encore à peu près rien sur la structure des régimes qui vont remplacer les anciennes dictatures. Jusqu’à quel point le désir de liberté et la contagion de l’individualisme moderne vont-ils influer sur les comportement ? Certains analystes ont annoncé très explicitement que ces révolutions étaient post-islamistes, en ce sens qu’elles marquaient le déclin du mouvement de fond qui avait produit une radicalisation de l’Islam.
On va même jusqu’à dire que la question de l’organisation de la religion musulmane en France est d’ores et déjà affectée par ce grand mouvement historique et que les craintes exprimées par beaucoup se trouvent désormais relativisées. A l’heure où Nicolas Sarkozy veut lancer un débat national sur le sujet ces données nouvelles nous obligeraient à le reconsidérer de fond en comble.
Il est vrai qu’à tous égards nous devons nous mettre en disposition d’accueillir, de comprendre, de réagir à tout ce qui se passe en ce moment. Bien sûr, il faut se garder de ce que j’ai déjà appelé dans d’autres chroniques « l’illusion lyrique ». Tout ne correspondra pas forcément à nos vœux, et il est même possible qu’on assiste à un renouveau d’un nationalisme arabe qui nous posera bien des problèmes. C’est notre capacité à démêler les énigmes présentes dont dépend notre proche avenir qui permettra de nous adapter, à l’intérieur et à l’extérieur, aux sollicitations brutales des évènements.
Chronique lue le 28 février sur Radio Notre-Dame
