La situation de notre pays nous accable, qui laisse percevoir de plus grandes difficultés pour les mois et les années à venir : ce ne seront évidemment pas ceux qui jouent avec le destin des Français qui en souffriront, bien mis à l’abri… Ni les plus débrouillards et pas davantage les plus intelligents…
J’ai donc lu avec intérêt, dans Valeurs Actuelles, la description des résultats obtenus par Georges Pompidou quand il était le président des Français : j’ai été stupéfait de la comparaison avec ses successeurs…
Résultats impeccables, croissance de l’économie comme on n’en a plus connue par la suite, anticipation des difficultés énergétiques probables et donc, notamment, construction de neuf centrales nucléaires et affirmation de l’indépendance de la France…
Mais je me suis davantage focalisé sur ses réflexions citées, quoique
brèves, concernant l’enseignement en France, d’où découle une condamnation sans appel de la façon dont fonctionnait alors l’Éducation nationale, enseignement qu’elle continue de dissoudre encore aujourd’hui… Qu’on en juge :
« L’immense majorité des enseignants, quelles que soient leurs idées politiques, souffrent d’être bafoués, insultés, ridiculisés et d’être hors d’état de distribuer un enseignement profitable… » Déjà de tels mots ? Un tel diagnostic ? On pourrait arguer du fait qu’ils n’ont rien tenté pour passer outre le pédagogisme qui commençait à pointer son gros nez, mais qu’auraient pu faire des enseignants chacun isolés au sein du mammouth ?
« Il ne faut pas céder aux demandes démagogiques des syndicats : dédoublement des classes, multiplication des travaux pratiques, etc.. Ce que veulent les professeurs, c’est le calme. Il est plus facile d’enseigner à 35 élèves attentifs qu’à 25 qui chahutent. »
En somme, rien n’a changé sur le fonds et pourtant tout à empiré. Syndicats toujours bornés, revendications toujours à côté de ce qui est à modifier, réformer, changer : « Des sous, des sous », criait Raymond Devos à la lune ! Mais se mettre en doute, chercher d’autres voix ? Comme vous y allez, cher lecteur ! Êtes-vous devenu fou ? Un fonctionnaire d’état, du moment qu’il est fonctionnaire ne peut pas se tromper, cela voudrait dire que l’État est susceptible de se tromper, ce qui est impossible : dogme n°1 sur la liste… Voyez Monsieur Hollande : se trompe-t-il ? Que nenni : se sont les malveillants qui osent articuler de telles insanités.
Cela dit, Pompidou n’était pas dupe : existaient des professeurs complices et semeurs de pagaille :
« Les enseignants qui prennent la tête des excités […] doivent être sanctionnés immédiatement et, s’il le faut, par des textes modifiés pour permettre leur suspension sans traitement. On peut aussi envisager une période de un, deux ou trois ans pendant laquelle le jeune professeur n’est pas titulaire et peut, à tout moment, être licencié. » Que Giscard d’Estaing ait esquivé de telles solutions montre à quel point il était courageux… ou simplement un centriste de gauche habillé chez le tailleur de droite ? En tous les cas le premier auteur d’une décadence dont nous sommes loin de pouvoir analyser toutes les conséquences encore muettes quoique déjà prégnantes…
Pompidou savait ce qu’il fallait convenait de réformer d’urgence : la politique envahissant l’école, le collège, le lycée et l’université et les contenus à enseigner : entre autres, donner : « un contenu strict et obligatoire aux programmes de philosophie et d’initiation à l’économie. Les manuels qui sont utilisés pour cette dernière matière sont scandaleux… » Certains consacrés à la philo l’étaient tout autant. Ils continuent d’ailleurs à l’être, scandaleux, mais plus en profondeur, plus en efficacité délétère : de plus en plus aptes à chloroformer les intelligences les plus subtiles tout en les formatant selon le modèle cégétiste…
S’y ajoutent des considérations dont on constate l’actualité désespérante :
« Les syndicats n’ont en tête que de faire créer des postes pour des gens sortant de l’enseignement supérieur avec une fonction vague et inutile. Il n’y a pas à leur céder… », sauf que la maladie sanguine dont il souffre à partir de 1973, forme de leucémie à évolution lente dite maladie de ‘’Waldenström’’, prend le Président à revers ; on l’a critiqué, plus tard, de n’avoir pas pris les mesures nécessaires pour éponger les effets du choc pétrolier, ce qui est en bonne partie faux, il a, au contraire, bandé ses forces afin de faire l’essentiel possible et préparer en quelque sorte sa succession : non en se choisissant un candidat mais en pesant sur le nécessaire afin que la France ne succombe pas.
Ce survol rapide d’un instant de notre histoire – c’était il y a déjà trente ans ! – n’est pas inutile, ni simple plaisir pour neurones détachés du temps : ceux qui s’apprêtent à briguer le pouvoir ne devraient-ils pas déjà commencer à pointer du doigt, comme le faisait en ses notes Georges Pompidou, ce qui ne va pas, ce qui se dégrade, ce qui est abusif, ce qui est scandaleux. Mais quoi de plus grave, de plus insupportable que cette dévastation de la formation de nos enfants ? Elle a commencé dans les années soixante mais se retrouve culminer aujourd’hui à dix-mille mètres plus haut ?
Les candidats de demain ne devraient-ils pas commencer à s’entraîner au courage dont il faudra faire preuve, ne serait-ce que pour être élu ? Car enfin, une fois en poche la carte de député ou de sénateurs ou de ministres ou de président de la République (ici avec un grand R), ils ne réussiront à rien s’ils ne ‘’brisent’’ pas, et au plus vite, les os des syndicats ! Monsieur Hollande recrute 60.000 nouveaux enseignants exigés par la CGT et Snesup : vu l’état des esprits au sein du Mammouth, ce sera un coup d’épée dans l’eau et de nouveaux milliards perdus ! Les enseignants manifestants veulent des sous et toujours plus de sous, comme si les contribuables avaient des poches à ce point féériques que le gouvernement pourrait à nouveau y plonger ses mains aux griffes de rapace ! Quant aux programmes, ils sont tous à revoir parce que tous gangrenés d’une façon insensé par l’idéologisme socialiste, dogmatique, franc-maçonne alors que les matières en questions n’ont rien à voir avec ces fanfreluches idolâtres.
Qui osera s’affirmer dès demain matin comme capable de renverser l’idole, de mettre les syndicats non pas à genoux, ils ne savent pas faire, mais tout au haut de la falaise : où vous sautez ou vous avouez vos incapacités, vos obscures ambitions, vos magouilles d’égos surdimensionnés ! Avouez et faite d’avance votre acte de contrition, ce serait plus simple et plus juste : ce n’est pas à ceux qui ont cassé la baraque de la reconstruire. Il ne leur revient pas non plus d’empêcher qu’elle le soit.
Note : Or l’enseignant exerce un métier admirable, toujours fécond s’il est d’abord imprégné de l’amour dû aux enfants. La compétence s’acquiert, très rarement l’amour, d’ailleurs jamais enseigné.