La question des migrations, liée étroitement chez nous à celle de l’islam, a pris des proportions énormes dans le débat public, puisqu’il n’est pas de jour qu’elle ne réapparaisse sous une forme ou sous une autre. En ce moment même, sous la forme d’un sondage très significatif quant à l’opinion des jeunes sur le statut de la religion dans la société, ou à propos de la dissolution, en Conseil des ministres, du mouvement des identitaires. D’un côté comme de l’autre, c’est la coexistence avec une immigration à forte connotation musulmane qui est posée.
Elle ne l’est pas seulement sous la forme des luttes d’opinion, elle atteint plus gravement la substance de l’existence politique des nations. Y a-t-il une sorte de droit absolu à quitter son pays d’origine pour accéder à un pays d’accueil qui moralement ne saurait s’opposer à ce qui est reçu sous le mode de ce qu’Emmanuel Kant appelait « un impératif catégorique ». Les chrétiens sont vivement interpellés à ce propos, en vertu du primat de la charité qui ressort des Évangiles. Et l’on sait l’insistance du pape François, très sensibilisé de surcroît par sa propre histoire familiale.
Il y a tout à parier que nous ne sortirons pas avant très longtemps de cette interrogation. Oui, il y a des impératifs catégoriques. Même cet adversaire acharné des migrations, qu’était le romancier Jean Raspail, affirmait que le devoir du marin était de recueillir toute personne en danger de mort sur la mer. Pour autant, le devoir de sauver des vies ne se confondait pas avec un devoir inconditionnel d’accueil à l’immigré. L’humanité présente demeure massivement sédentaire, et elle n’est pas prête à subir une loi qui lui serait imposé de l’extérieur, même sous l’angle éthique. Beau débat pour les politiques et les moralistes !
Chronique diffusée sur Radio Notre-Dame le 4 mars 2021.
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